La Ligue contre le cancer vient de lancer ce label, reconnaissance symbolique des actions de prévention menées par des collectivités locales face au cancer. Le vaste plan de prévention spécifique en la matière lancé durant le mandat qui s’achève d’ici 9 mois fait de Saint-Etienne l’une des quatre premières municipalités labellisées de France avec Paris, Colmar et Nice.
Patrick Michaud, adjoint à la santé, Gaël Perdriau et Franck Chauvin présentant le plan cancer de Saint-Etienne en mai 2023. ©If Média/Xavier Alix
« Ville fleurie », « ville amie des aînés », « ville internet » et maintenant « Ma ville se ligue ». Dans le sillage de ces labels à extérioriser qui visent à encourager, par graduation (une, deux, trois, quatre « fleurs », sinon « arobases », etc.) les collectivités, le plus souvent des municipalités, à agir dans les domaines concernés, La Ligue contre le cancer s’ajoute au paysage. Là, ce sont d’un à quatre « rubans », en fonction des mérites constatés, qui viennent valoriser les communes reconnues « Ma ville se ligue » ayant œuvré à un plan d’action, essentiellement de prévention au regard de leurs compétences. Le label vient d’être lancé par la Ligue contre le cancer après un an et demi de travail. Et son premier comité national a rendu son verdict le 1er juillet.
En attendant, une nouvelle vague cet automne Saint-Etienne – un total d’une trentaine dossiers est à l’examen – a été désignée comme l’une des quatre premières municipalités labellisées de France avec Paris, Colmar et Nice. Avec la note maximum de quatre palmes d’entrée de jeu (c’est le cas des autres aussi de sauf Nice, trois palmes) décernée pour les 3 ans à venir. « Les communes qui s’engagent à réaliser au moins trois actions dédiées à la prévention des cancers, choisies parmi un répertoire », explique la Ligue contre le cancer. Aller plus loin permet d’obtenir une 2, 3ou 4e ruban. Neuf actions ont été enregistrées dans le cas stéphanois. Le maintien de cette labellisation exige la continuité des actions déjà validées puis d’en rajouter. A ce niveau-là, la Ville de Saint-Etienne devrait avoir de la marge : son plan cancer lancé au cours du mandat qui s’achève d’ici 9 mois lui donne certaines garanties de continuité et déploiement que l’on voit mal remises en cause par un changement de majorité en 2026, quel que soit son bord.
Suggéré à la Ville par Franck Chauvin, orchestré par Patrick Michaud
Ce sont les actions de ce plan, présenté comme « inédit » de la part d’une municipalité en France, du fait de son processus de création et sa logique d’application transversale au sein de ses politiques publiques, qui vaut à Saint-Etienne cette reconnaissance nationale. Un plan voulu par l’exécutif de Gaël Perdriau à la suite de la sollicitation du professeur Franck Chauvin, professeur de santé publique au CHU de Saint-Etienne, sommité dans le milieu. Celui-ci avait suggéré le nom d’un autre docteur fraîchement retraité de l’ICL, membre très actif au sein du comité Loire de la Ligue contre le cancer qu’il a présidé plusieurs années. Il avait travaillé dès l’été 2019 sur le « pré-rapport » autour de ce plan aux côtés de Franck Chauvin. Ce dernier a ensuite continué à s’investir mais c’est Patrick Michaud, devenu membre de la majorité municipale en tant qu’adjoint à la santé qui a orchestré l’élaboration et la mise en œuvre de ce plan impliquant le travail des services municipaux et de nombreuses associations partenaires.
Quand il quitte majorité municipale avec 8 autres élus en juin 2024 dans le contexte des conséquences en cascade de l’affaire de chantage, l’essentiel est sur les rails. Depuis, l’adjointe Nadia Semache l’a remplacé dans ses fonctions. Une action du plan – symbolique et incitative car ses dizaines d’actions de prévention vont concrètement beaucoup plus loin -, a d’ailleurs été récemment appliquée (cependant concordante avec la législation nationale qui a suivi) avec l’interdiction de fumer dans les parcs, jardins et équipements sportifs de plein air imitant ainsi Roanne. Au sein de la Ligue, le docteur stéphanois Patrick Michaud, a, lui, été élu à une vice-présidence, qui a été spécifiquement consacré à la mise en place du label « Ma ville se ligue ». S’il est sorti de la salle, lors de l’examen par le comité national de labellisation de Saint-Etienne, la labellisation maximale pour cette dernière ne faisait toutefois aucun doute, comme les autres de cette salve initiale.
L’alimentation maintenant dans le viseur
40 % des cancers actuels sont évitables par un meilleur comportement et un meilleur environnement.
Patrick Michaud, vice-président de la Ligue contre le cancer
Pour ce qui est des Stéphanois, le Comité national de labellisation a salué « la qualité du dossier présenté par la Ville de Saint-Étienne. Le CNL tient à souligner tout particulièrement l’initiative de la Ville de Saint-Étienne à travers son plan cancer, qui illustre son implication significative dans la lutte contre cette maladie. Une mention spéciale a également été attribuée aux actions en faveur de la promotion de l’activité physique, notamment auprès des enfants, ainsi qu’aux initiatives visant à encourager une alimentation favorable à la santé ». Le CNL demande l’ajout l’interdiction du vapotage dans tous les espaces publics déjà sans tabac d’ici 3 ans en vue du renouvellement. En attendant, le plan cancer va continuer à déployer « l’acquis » et des nouveautés, comme le rappelle Nadia Semache dans un communiqué :
« Ce n’est pas une fin en soi mais bien un encouragement à poursuivre dans cette voie, celle du bien être des Stéphanoises et des Stéphanois, de l’intérêt général et de la santé pour tous. Un exemple parmi d’autres, nous allons lancer, toujours dans le cadre du plan cancer, un nouveau projet celui des « ordonnances vertes », mené conjointement par la Ville de Saint-Etienne et la communauté professionnelle territoriale de santé (CPTS) du Grand Saint-Etienne. L’objectif étant de sensibiliser en amont les futurs et jeunes parents à l’importance d’une alimentation saine et en luttant contre l’exposition aux perturbateurs endocriniens dont l’impact sur la santé est désormais scientifiquement établi. Et ceci en favorisant l’accès à des produits issus de l’agriculture biologique et à des ateliers de sensibilisation, permettant ainsi de réduire les inégalités d’accès à une alimentation de qualité. »
D’autres villes de la Loire candidates
Car « 40 % des cancers actuels sont évitables par un meilleur comportement et un meilleur environnement, insiste de son côté et encore une fois auprès d’If Saint-Etienne Patrick Michaud. Et il est important d’ajouter que cette politique de prévention très poussée permet aussi de lutter contre énormément d’autres pathologies puisque les déterminants de cette dernière sont très fréquemment les mêmes ». D’autres villes dans la Loire sont en discussions déjà avancées pour obtenir cette labellisation au regard de leur propre politique de prévention : Le Chambon-Feugerolles, Andrézieux-Bouthéon, Villars. Des échanges aussi initiés avec Roanne, Roche-la-Molière et Saint-Galmier.