Il avait 102 ans. Le Dr André Gaillard, qui avait survécu à l’enfer du camp de concentration de Dachau, s’est éteint le 30 juin 2025.

L’Herblinois, qui aura passé une grande partie de sa retraite à témoigner de la déportation auprès des collégiens et des lycéens, n’était pas un déporté comme les autres. Son histoire a été indirectement portée à l’écran par Louis Malle en 1987 dans son film Au revoir les enfants. Le cinéaste y raconte le tragique destin d’enfants juifs cachés sous un faux nom dans un collègue catholique et qui, dénoncés, sont arrêtés et déportés ainsi que le prêtre directeur du collège et le pion. André Gaillard était ce pion. Le vrai pion.

Pion dans un collège catholique qui cachait des enfants juifs

Fin 1943, André Gaillard a 21 ans et suit le séminaire. Pour échapper au Service du travail obligatoire (STO) en Allemagne, il frappe à la porte du collège catholique d’Avon-sur-Marne, près de Fontainebleau (Seine-et-Marne). Le directeur l’informe de la situation et il accepte en connaissance de cause le poste de pion. Il débute au collège en janvier 1944… et est arrêté avec les trois enfants juifs et le directeur quinze jours plus tard. S’ensuivent la déportation et son lot de souffrances, de privations, de tortures… André Gaillard est finalement libéré le 3 avril 1945, très diminué et choqué au plus profond de son âme par ce qu’il vient de vivre.

Du séminaire à la médecine

De retour à Nantes, après avoir été soigné, il reprend le chemin du séminaire en octobre 1945 mais le quitte au bout de quelques mois, habité par le doute. Il entreprend alors des études de médecine et devient chirurgien maxillo-facial et professeur de stomatologie à l’hôpital de Nantes dont il a pris sa retraite en 1992. Sans avoir jamais cessé de s’interroger sur l’existence de Dieu et le poids des religions.

Usé par l’âge, ce grand humaniste qui se définissait comme  un simple réfractaire au STO  avait quitté depuis peu son domicile herblinois pour s’installer avec son épouse dans une résidence retraite à Nantes.

Presse Océan présente ses condoléances à son épouse, ses enfants, ses petits-enfants et arrière-petits-enfants. Conformément au souhait d’André Gaillard, ses obsèques se sont déroulées dans l’intimité familiale.