Alors que la baignade dans la Seine était interdite depuis 1923 à cause de la mauvaise qualité de l’eau et des dangers liés à la circulation des bateaux, la maire de Paris s’était engagée à rendre la Seine à nouveau praticable avant les Jeux Olympiques de Paris 2024, en investissant 1,4 milliard d’euros dans un projet de dépollution. Un pari gagnant avec ces nouvelles zones de baignade ouvertes au public depuis le 5 juillet, surveillées par des maîtres-nageurs et disposant de vestiaires, toilettes, solariums et douches.

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Se baigner dans la Seine cet été, une bonne idée ?

Sur le papier, le projet semble donc idéal pour se rafraîchir au cœur de la capitale en dépit des canicules. Mais sur le terrain, la population s’inquiète de la qualité de l’eau du fleuve. En effet, la Seine a pendant 100 ans été interdite au public, justement parce qu’elle ne réunissait pas les conditions sanitaires optimales. Pendant les Jeux Olympiques de Paris 2024, les rumeurs ont également été relancées suite aux cas de gastro-entérite chez les délégations belge et allemande après l’épreuve de triathlon dans la Seine. De quoi légitimer les doutes subsistants concernant la sécurisation sanitaire des zones de baignade dans le fleuve. Pour dissiper ce scepticisme ambiant, la mairie de Paris assure avoir déployé un large dispositif de surveillance : “chaque jour, sur les trois sites de baignade et à l’entrée de Paris, des échantillons d’eau sont prélevés et analysés en laboratoire selon des protocoles normés. (…) En sus des analyses en laboratoire, la Ville de Paris a choisi la technologie ColiMinder, un dispositif automatisé de surveillance bactériologique, dont l’utilisation s’est révélée concluante pendant les épreuves des Jeux olympiques et paralympiques.”

Pour autant, cet équilibre bactériologique demeure fragile : une fermeture des zones a (déjà) eu lieu après de fortes pluies, car plus de 10 mm tombés en 12 h suffisent pour déclencher l’interdiction de baignade. La Seine reste aussi sensible aux débordements et rejets d’eaux usées malgré les bassins de rétention, les zones urbaines contribuant à la pollution par ruissellement. Pire, certains paramètres chimiques (polluants chroniques, PFAS, TFA, PCB, métaux lourds…) ne sont pas systématiquement surveillés, malgré certaines présences confirmées dans le fleuve, comme le suggérait déjà Le Monde, qui dénonçait la forte concentration d’acide trifluoroacétique dans la Seine en mai 2024. Face à ces contre-arguments, les Parisiens se posent donc légitimement la question : est-il prudent de se baigner dans la Seine ? Le plus sage reste de respecter les indications du jour, et surtout de bien se renseigner avant de se baigner, en évitant les jours suivant des orages ou des pics de pollution. Un système de drapeaux (vert, jaune, rouge) informe d’ailleurs en temps réel les baigneurs de la qualité ou du débit du fleuve, leur permettant de faire leur choix en connaissance de cause. De même, le site de la mairie rappelle que “la gestion des baignades reposant sur un principe de précaution renforcé, certaines fermetures peuvent être décidées même si la qualité de l’eau reste conforme aux seuils réglementaires.” Un contrôle et une prévention explicites qui ont finalement de quoi rassurer les indécis. Gratuite, encadrée et surveillée, la baignade dans la Seine (dans une eau à 26°C !) reste donc quand même une bonne idée pour cet été…