Par

Bastien Grossin

Publié le

8 juil. 2025 à 18h34

On qualifie souvent Lille (Nord), de ville « à taille humaine ». Mais qu’en est-il lorsqu’on a 8 ans et qu’on mesure moins de 1,50m ? L’espace public reste largement pensé par et pour les adultes. C’est justement pour ça qu’est né le label Le Paradis des enfants, lancé dans un premier temps à Fives, avec l’objectif de s’étendre à toute la ville dès septembre. Encadré par l’association Les Potes en Ciel, ce projet vise à définir ce qui fait un bon accueil pour les plus jeunes. Pour autant, pas question de laisser les adultes décider à leur place. Ce sont les enfants eux-mêmes qui fixent les critères, visitent les lieux, évaluent leur accessibilité et attribuent (ou non) le label. Les établissements labellisés sont reconnaissables grâce à un sticker bleu avec arc-en-ciel où l’on peut lire : Paradis des enfants.

Labelliser des lieux « amis des enfants »

La genèse du projet remonte à l’automne 2022. Clément Rivière, maître de conférences en sociologie à l’Université de Lille, explique : « Nous avons réuni quelques dizaines de personnes issues d’horizons variés, notamment des milieux éducatifs et associatifs, mais aussi des chercheurs, psychologues et urbanistes. Ces rencontres, organisées une quinzaine de fois en trois ans, avaient un objectif clair : élaborer une charte à hauteur d’enfant ». Une fois la charte rédigée, après consultation des enfants sur le temps périscolaire ou lors du conseil municipal des enfants, une liste de propositions a été remise à la mairie de Lille. Parmi ces propositions figure justement la labellisation de lieux « amis des enfants ».

Présentation du label
Présentation du label « Paradis des enfants » ©Bastien Grossin

L’association Les Potes en Ciel qui encadre ce projet rappelle : « Nous défendons quelque chose de très simple : les enfants sont des personnes. C’est pour ça qu’on gère le café des enfants, qui est avant tout leur lieu. Leur lieu de liberté, de décision et d’action. On a aussi très à cœur de faire valoir leur place dans l’espace public ». Ainsi, en travaillant en partenariat avec la ville, l’association a travaillé avec les enfants pour recueillir la parole à travers des ateliers radio, des balades urbaines pour questionner la place des enfants dans l’espace public.

École primaire Lakanal puis Descartes

C’est d’abord à l’école primaire Lakanal que le projet émerge. « On est allé dans plein de lieux du quartier de Fives et les enfants se sont posés pleins de questions. Est-ce qu’on est bien accueillis ? Est-ce qu’on nous sourit ? Est-ce qu’on a le droit de marcher tout seul ? « etc… « .  

Ensuite, c’est à l’école Descartes que le projet se concrétise. Ilyana et Tala étaient toutes les deux élèves dans cette école au moment du projet et sont élèves en CE2 et CM1. Elles témoignent : « On est allées sur place, et on a observé si dans les lieux on nous disait bonjour. Si oui on cochait sur le formulaire. On leur a aussi demandé si on pouvait utiliser les toilettes, si on pouvait boire ou si on pouvait jouer ». Une fois tous ces éléments recueillis, les enfants décident si un établissement peut être labellisé ou non. À ce jour 18 établissements, lieux et commerces compris, sont labellisés « Paradis des enfants ». Charlotte Brun, première adjointe au maire, se réjouit de ce projet soutenu par la ville de Lille : « C’est le refus de la ville qui cloisonne des générations, qui considérerait que l’espace public réservé aux enfants serait uniquement des aires de jeu pensées et créées par des adultes. On prend les enfants pour des citoyens à part entière. »

Labellisation du Musical

À quelques pas du Café des Enfants, véritable quartier général pour le projet, se trouve le Musical, un bar bien connu à Fives. À l’occasion du lancement du label, l’établissement reçoit officiellement le titre de « Paradis des enfants ». En effet, le propriétaire Macence Cabaye a pensé ce lieu pour les adultes mais aussi pour les enfants. On y retrouve une armoire à jeux, des consoles rétro ou encore un établi, fait de jouets pour s’amuser à bricoler comme un adulte. « J’ai fait neuf ans d’animation donc ça me paraissait bien de faire ça. Ça permet aussi d’avoir une bonne ambiance ».

Ce projet a été mis en place pour l’instant dans le quartier de Fives. Pour Charlotte Brun, l’objectif est de le généraliser dès le mois de septembre dans tous les quartiers de Lille.

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