À la manière dont les juges fédéraux se sont imposés en rempart à la répression de l’immigration par l’administration Trump, la justice allemande vient de rappeler ses devoirs au gouvernement mené par Friedrich Merz. Le tribunal administratif de Berlin a ordonné, mardi 8 juillet, au Chancelier allemand de délivrer les visas promis à une famille afghane menacée dans son pays.
« L’Allemagne doit délivrer les visas aux requérants » après s’être « juridiquement engagée », a ainsi estimé le tribunal. Environ 2 500 Afghans, actuellement au Pakistan, figurent encore sur les listes de ces programmes d’accueil, destinés aux anciens collaborateurs afghans de l’armée et d’autres institutions allemandes, mais aussi de militants des droits de l’homme ou de journalistes. Le chef de file de l’Union chrétienne-démocrate (CDU) allemande avait cependant, suite à son arrivée au pouvoir le 6 mai dernier, gelé le programme d’accueil de ces réfugiés.
L’émergence de la ligne politique suprémaciste de l’AfD
Le chancelier nouvellement élu souhaitait alors s’inscrire dans un contexte de durcissement de la politique migratoire, alimenté par l’émergence de la ligne politique suprémaciste de l’Alternative pour l’Allemagne (AfD). Ouvertement soutenue par la figure de proue du technofascisme Elon Musk, reconnue comme étant un parti d’extrême droite « dans son ensemble », qui met donc en cause « l’ordre libéral et démocratique » et la dignité de certains groupes, par l’Office fédéral de protection de la Constitution, l’AfD multiplie les succès électoraux.
Prêt à tout pour rafler la chancellerie lors des élections anticipées du 23 février dernier, Friedrich Merz avait déjà initié un séisme politique en début d’année. Il n’avait alors pas hésité, mercredi 29 janvier, à s’appuyer sur le soutien de l’AfD pour qu’une motion qui met au même niveau « un besoin de réduction et de contrôle de l’immigration » avec la nécessité de « renforcer la sécurité intérieure et aux frontières allemandes » soit adoptée.
Un choix qui a signé la fin d’un cordon sanitaire en vigueur depuis plusieurs décennies. Friedrich Merz justifiait son choix par l’émotion soulevée en Allemagne par le double meurtre commis par un jeune réfugié afghan, en état de démence avérée, contre un enfant de 2 ans et un adulte qui tentait de s’interposer. Les pontes de l’extrême droite rassemblées autour de la cheffe de file de l’AfD, Alice Weidel, ont quant à elles célébré l’événement en direct des tribunes du Bundestag, estimant être à l’impulsion d’une « victoire historique ». La justice allemande vient d’y mettre un premier coup d’arrêt… en attendant qu’une nouvelle offensive raciste n’apparaisse.
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