Le président français Emmanuel Macron a averti mardi que la Grande-Bretagne et la France devaient collaborer pour faire face aux nombreuses menaces déstabilisatrices dans le monde et protéger l’Europe des « dépendances excessives » envers les États-Unis et la Chine.
Dans une allocution rare devant les deux chambres du Parlement britannique, Macron a salué le retour à des relations plus étroites entre les deux pays, devenant ainsi le premier dirigeant européen invité à une visite d’État au Royaume-Uni depuis le Brexit.
Après avoir été accueilli plus tôt par la famille royale britannique, Macron s’est adressé au Parlement, affirmant que les deux nations devaient s’unir pour renforcer l’Europe, notamment en matière de défense, d’immigration, de climat et de commerce.
« Le Royaume-Uni et la France doivent à nouveau montrer au monde que notre alliance peut faire toute la différence », a-t-il déclaré.
« La seule façon de surmonter les défis auxquels nous sommes confrontés, les défis de notre époque, sera d’avancer ensemble, main dans la main, côte à côte. »
Énumérant les menaces géopolitiques auxquelles font face les deux pays, Macron a également souligné qu’ils devaient se méfier des « dépendances excessives tant envers les États-Unis que la Chine », expliquant qu’il fallait « réduire les risques pour nos économies et nos sociétés liés à cette double dépendance ».
Il a également mis en avant les opportunités qu’offre un rapprochement, suggérant de faciliter la mobilité des étudiants, chercheurs et artistes entre les deux pays, ainsi que de collaborer sur l’intelligence artificielle et la protection des enfants en ligne.
Ce discours symbolise l’amélioration des relations recherchée par le Parti travailliste de centre-gauche du Premier ministre britannique Keir Starmer, dans le cadre d’une volonté plus large de réinitialiser les liens avec les alliés européens après les tensions liées au départ du Royaume-Uni de l’Union européenne.
« ENTENTE AMICALE »
Macron, qui entretient une relation personnelle étroite avec le roi Charles, a été accueilli plus tôt par la famille royale, notamment par le prince héritier William et son épouse la princesse Catherine, avant un trajet en calèche jusqu’au château de Windsor.
Dans son discours lors du somptueux banquet d’État du soir, Charles a inauguré une nouvelle ère de relations amicales, élevant l’« entente cordiale » — une alliance datant de 1904 ayant mis fin à des siècles de rivalités militaires — à une « entente amicale ».
« Alors que nous dînons ici dans ce lieu ancien, empreint de notre histoire commune, permettez-moi de porter un toast à la France et à notre nouvelle entente. Une entente non seulement passée et présente, mais aussi tournée vers l’avenir – et qui n’est plus simplement cordiale, mais désormais amicale », a-t-il déclaré.
Le monarque de 76 ans, actuellement en traitement contre le cancer, arborait un oeil droit visiblement rouge. Selon une source du palais de Buckingham, il aurait souffert d’une rupture de vaisseau sanguin, sans lien avec une autre condition médicale.
Le Royaume-Uni et la France ont marqué cette visite de trois jours par l’annonce d’un investissement de 1,1 milliard de livres sterling (1,5 milliard de dollars) de l’énergéticien nucléaire français EDF dans un projet de centrale nucléaire dans l’est de l’Angleterre.
Les deux pays ont également convenu que la France prêterait au Royaume-Uni la Tapisserie de Bayeux, permettant ainsi à ce chef-d’oeuvre du XIe siècle de revenir pour la première fois depuis plus de 900 ans, en échange du prêt par la Grande-Bretagne de trésors anglo-saxons et vikings à la France.
Cette visite d’État intervient seize ans après que la défunte reine Élisabeth II ait accueilli le président français de l’époque, Nicolas Sarkozy.
Malgré les tensions persistantes autour des relations post-Brexit et de la question des traversées de migrants en petites embarcations à travers la Manche, le Royaume-Uni et la France coopèrent étroitement pour mettre en place une force militaire destinée à soutenir l’Ukraine en cas de cessez-le-feu avec la Russie.
Starmer espère que cette coopération incitera Macron à adopter une approche différente pour lutter contre le trafic de migrants, Londres souhaitant expérimenter un accord de retour des demandeurs d’asile. Ce dispositif consisterait à expulser un demandeur d’asile vers la France en échange de l’accueil par le Royaume-Uni d’une personne ayant un dossier légitime.
Un nombre record de demandeurs d’asile est arrivé au Royaume-Uni à bord de petites embarcations au cours des six premiers mois de cette année.
Starmer, dont le parti est devancé dans les sondages par le parti de droite Reform UK de Nigel Farage, est sous pression pour trouver une solution.
La France a jusqu’à présent refusé de signer un tel accord, estimant que le Royaume-Uni devrait négocier un arrangement avec l’ensemble des pays de l’UE.