Plusieurs des plus grandes entreprises d’Allemagne envisagent de lancer une initiative conjointe afin de renforcer la confiance des investisseurs dans la première économie européenne, ont indiqué à Reuters deux sources proches du dossier. Cette démarche comprendrait des engagements d’investissement ainsi qu’un effort pour attirer davantage de capitaux privés.
Pilotée par des groupes tels que Siemens, Deutsche Bank et FGS Global, l’initiative rassemble plus de 30 des plus grandes entreprises allemandes, qui se sont engagées collectivement à investir environ 300 milliards d’euros (soit 352 milliards de dollars) en Allemagne d’ici à 2028, selon ces mêmes sources.
La majeure partie de cette somme, qui pourrait toutefois évoluer, correspond à des engagements déjà pris par ces entreprises, ont précisé les sources. L’objectif affiché est néanmoins de libérer de nouveaux fonds, aussi bien auprès des entreprises que des investisseurs.
Une réunion est prévue le 21 juillet à la Chancellerie avec le Chancelier allemand Friedrich Merz et le ministre des Finances Lars Klingbeil, ont indiqué les sources à Reuters.
Des groupes tels que RWE, Rheinmetall, SAP et Volkswagen pourraient également soutenir cette initiative, selon les personnes interrogées, qui ont souhaité garder l’anonymat, les discussions n’étant pas publiques et susceptibles d’évoluer.
De grands investisseurs internationaux, dont Advent et KKR, devraient aussi jouer un rôle dans cette démarche, qui pourrait être formalisée d’ici la fin du mois en coopération avec le gouvernement allemand, d’après les mêmes sources.
Deutsche Bank, Rheinmetall, RWE, FGS Global, Siemens, KKR et Advent se sont refusés à tout commentaire.
SAP et Volkswagen n’ont pas souhaité réagir dans l’immédiat.
Le gouvernement allemand, sous la houlette de Merz, mise sur une reprise de la croissance économique, jugée indispensable pour permettre au pays de prendre la tête du mouvement d’émancipation du continent vis-à-vis des États-Unis.
L’initiative pourrait également contribuer à réparer les relations tendues entre Berlin et les grands patrons allemands, lassés sous le précédent gouvernement d’Olaf Scholz, jugé peu conscient des difficultés économiques du pays.
En juin, le gouvernement allemand a approuvé un plan d’allègement fiscal de 46 milliards d’euros, destiné à soutenir les entreprises et à relancer une économie en perte de vitesse, et ce jusqu’en 2029.
Ce plan constitue la première mesure d’une série attendue de la part du nouveau gouvernement pour stimuler l’économie, qui pourrait connaître, pour la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale, une troisième année consécutive de contraction.
Le Bundestag a également validé en mars un plan de relance budgétaire massif, rompant avec des décennies de rigueur fiscale dans l’espoir de ranimer la croissance et d’accroître les dépenses militaires.
« Nous constatons une amélioration du climat économique et nous voyons que l’Allemagne redevient un lieu plus attractif pour l’investissement », a déclaré Lars Klingbeil mardi devant la chambre basse du Parlement.
Le moral des chefs d’entreprise allemands s’est ainsi amélioré en juin pour le sixième mois consécutif, encouragé par la baisse des coûts d’emprunt et les mesures fiscales gouvernementales.
Cependant, la croissance demeure poussive et le gouvernement prévoit une stagnation de l’économie cette année, fortement exposée aux incertitudes commerciales mondiales.
Les organisations patronales allemandes ont critiqué l’augmentation des dépenses publiques du nouveau gouvernement, ciblant principalement la défense et les infrastructures, estimant que cela ne suffira pas à relancer l’économie sans réformes structurelles pour renforcer la compétitivité.
(1 $ = 0,8519 euros)