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« Les trois fantastiques… le spectacle d’aujourd’hui était magnifique »
Et en ce jour symbolique, Cyclism’Actu ne pouvait pas laisser passer l’occasion de revenir avec le dirigeant vendéen sur ces premiers jours de course, marqués du côté de son équipe par une 4e place d’Anthony Turgis à Lille, mais également pas la terrible chute (parmi d’autres) d’Emilien Jeanniere dans le sprint de la 3e étape lundi. Une multiplication de ce type d’incident qui fait beaucoup parler… et Jean-René Bernaudeau a justement soumis quelques idées à notre micro pour tenter de trouver une solution à ce problème.
Bonjour Jean-René, c’est ton jour, mais on s’en fout, c’est ça ?
Non, non, c’est pas ça, c’est que c’est tous les ans la même chose, donc on va parler de sport plutôt que de mon anniversaire qui n’intéresse personne.
Il fallait savoir faire du vélo sur cette étape, parce que c’était technique.
C’est punchy, c’est un beau final qui a été exploité par les meilleurs, on savait que ce final allait être comme ça. Le Tour de France nous fait des beaux menus, et à nous de nous adapter.
Qu’est-ce que tu penses de ces trois fantastiques à l’arrivée ? Ils sont au-dessus des autres ?
Il y en a deux, plus un qui sera dans un autre registre. Mais c’est vrai qu’aujourd’hui, on a la plus grande course du monde avec les meilleurs coureurs du monde et un engagement total, donc le spectacle d’aujourd’hui est magnifique. On s’y attendait, ils l’ont fait, et je ne vois pas Pogacar laisser une victoire comme ça, donc voilà, c’est du sport.
Comment on analyse le début de ce tour pour votre équipe ? Correct, avec la belle quatrième place d’Anthony Turgis à Lille ? Comment va Emilien aussi ?
C’est surtout hier le problème, puisque l’équipe est très compacte, elle a été bien préparée. Je veux faire un hommage à Maxime Robin, le responsable du pôle performance qui les a amenés avec un pic de forme. Et surtout à un groupe bien compact chez TotalEnergies, on a amené des coureurs qui sont un peu complémentaires pour cibler des étapes quand l’étau va se desserrer. Alors aujourd’hui, s’il n’y avait pas assez de chutes hier (lundi), il y a eu beaucoup de chutes, peut-être beaucoup trop de chutes. On avait Anthony Turgis et Emilien Jeannière dans le sprint pour les 10 meilleurs, ça aurait été un beau début de tour. Donc on va attendre de savoir ce que disent les médecin d’Emilien. Mais la canicule n’est pas là, la cicatrisation sera faite, donc voyons le bon côté. Je lui ai dit que c’est très dur ce qu’il vit, mais ce qui est dur, c’est de ne pas faire le Tour de France, donc il faut qu’il pense à ceux qui aimeraient être à sa place.
Toi qui connais le vélo par cœur, ces chutes, tout le monde en parle, mais c’est quoi le problème en fait ?
Déjà, vous n’avez pas le droit de conduire avec un téléphone, et nous on a le droit de parler au coureur dans l’oreillette… Alors moi, je supprimerai déjà l’oreillette tout de suite, parce qu’aujourd’hui, on tombe en ligne droite, il faut toujours remonter… D’ailleurs il y a des témoignages qu’on entend, quand il y a des changements de direction, je peux vous assurer que tout le monde dit la même chose au même moment. Donc laissons faire les coureurs, cultivons l’intelligence, cultivons les groupes, développons le capitanat dans les équipes, pour qu’il y ait le conflit générationnel, puisqu’un jeune coureur de 21 ans, 22 ans, sait très bien qu’en faisant l’intérieur, en faisant tomber, il peut aller chercher un contrat à un million. Mais ce même coureur, 4 ans après, peut être papa, et sera raisonnable, donc il y a tout ça, ce conflit générationnel.
Et puis la propreté, il y a des coureurs qui se fichent de tomber. On vit là-dedans avec des enjeux colossaux, donc je pense que c’est aux managers de remettre un petit peu d’ordre, et moi je militerais pour développer un système de capitaine, qui peut parler à un autre capitaine pour dire : « Voilà, ton jeune, c’est toujours le même, c’est toujours dangereux, c’est déjà assez dangereux, qu’est-ce qu’on peut faire ? « . Je cultiverais l’entreprise, le leader, le capitaine, les équipiers, et puis les jeunes chiens fous, qui doivent donner des garanties avant de prendre ces risques insensés.
C’est intéressant, parce que beaucoup disent que c’est à cause du matériel qui a évolué, de la vitesse, mais vous, ce n’est pas du tout ça ?
Absolument pas. Vous imaginez bien qu’on ne peut pas discuter du matériel. Vous imaginez un cyclo sportif qui va avoir un vélo plus performant qu’un coureur pro ? Mais vous rêvez ! Non, le problème n’est pas là. Le problème, on peut parler du braquet, oui effectivement. Les vélos sont efficaces, et parfois dans l’aspiration, on arrive à des vitesses folles, qui peuvent être faites par des braquets un peu gros. Ok, réduisons les braquets, ça c’est évident pour les grandes descentes…
Donc l’idée de l’UCI pour une limitation des braquets, qu’ils vont tester en fin d’année, ce n’est pas une mauvaise idée ?
Je ne sais pas, c’est le bon sens, mais il faudrait qu’on réunisse des experts. Nous nous sommes les acteurs, le Tour de France est la plus belle pièce de théâtre qu’on peut nous offrir, et puis il y a un gouvernement qui dirige tout ça, c’est à lui de trouver des solutions. Mais ce n’est pas à coup de rustine que ça va marcher. On en parle sérieusement, mais je vous assure que dans le vélo, il y a le plan A, pour les patrons qu’on est, le plan B… mais il faut aussi développer l’instant T, et l’instant T c’est l’intelligence du groupe, c’est développer le collectif. Thomas Voeckler, on lui a volé des victoires avec l’oreillette, moi je suis contre l’oreillette, parce que c’est vraiment la force des groupes qui font rouler les Watt, alors que nous on voudrait développer l’intelligence. Et quand on a des cours intelligents, on ne fait pas l’intérieur bêtement dans les virages.
Tour de France – Classement de la 4è étape Tour de France – Classement général provisoire après la 4è étape