Par
Inès Cussac
Publié le
9 juil. 2025 à 6h04
« À partir du moment où le Japon est mis en valeur, cela est une très bonne chose », se réjouit Brigitte Peltier. Ce lundi 7 juillet 2025, elle s’affaire à ranger sa boutique qui fait office à la fois de librairie et de maison d’édition spécialiste de la culture nippone. Située rue Le Goff à Paris (5e), l’enseigne baptisée Pippa est à une centaine de mètres de la mairie d’arrondissement où, au même moment, la première édile Florence Berthout signe un pacte d’amitié avec Hironobu Narisawa, maire de Bunkyō, l’un des quartiers historiques de Tokyo au Japon.
Un projet mené depuis deux ans
Il est 9h30 à Paris et 16h30 à Tokyo quand les élus se connectent en visioconférence pour « marquer le début d’une relation institutionnelle et culturelle entre les deux quartiers qui présentent des similitudes ». Le 5e arrondissement, qui se revendique être le coin historique et culturel de Paris, aurait son équivalent de l’autre côté du globe, à Bunkyō. L’un abrite le Panthéon et la Sorbonne, l’autre la célèbre université de Tokyo. « Comme dit le proverbe : qui se ressemble s’assemble », souligne Hiroyuki Yamaya, représentant de l’ambassade du Japon en France et chargé des affaires culturelles, présent lundi pour ratifier le pacte.
À ses côtés, la journaliste et essayiste Dora Tauzin, par ailleurs habitante de la rue Mouffetard, a œuvré durant deux ans pour mener ce projet d’alliance entre les deux quartiers. « J’avais déjà écrit 25 livres sur Paris et les Parisiennes pour les Japonais. Je voulais cette fois faire de même en France », résume-t-elle. « Le Japon est devenu très populaire en France. Culture, sport, gastronomie… Surtout dans le 5e arrondissement », analyse celle qui passe la moitié de l’année sur l’archipel d’Asie.
Du jeu de Go à Henri IV
Selon Florence Berthout, la présence « forte et discrète » de la culture japonaise dans son quartier se renforce d’année en année. À l’image du concours de Haïkus organisé avec la librairie Pippa depuis 2022 lors du festival Quartier du Livre. S’il ne rassemblait qu’une vingtaine d’élèves du 5e arrondissement lors des premières éditions, près de 250 étaient inscrits dernièrement pour écrire ces cours poèmes japonais de trois vers. « Pour nous, c’est très important de faire connaître la culture japonaise », indique Brigitte Peltier pour qui la transmission passe aussi le jeu de Go. Son gendre, qui n’est autre que Lucas Neirynck le champion de France et de Belgique de cette discipline, enseigne d’ailleurs les pratiques aux élèves du lycée Henri IV. « Ce jeu développe un esprit de logique et encourage la courtoisie. C’est un jeu qui éduque les jeunes dans le respect de l’autre », explique la libraire avant de citer l’école Elie Buzyn, située rue Saint-Jacques, où « toutes les classes jouent au Go et participent au concours de Haïku. C’est une école pilote en la matière, très ouverte sur le Japon ».
La culture nippone se découvre également à travers le sport. Les clubs d’arts martiaux japonais, tel que le Horizon Karaté Club ou l’école de Judo des Mines y participent mais le dojo de la Montagne Sainte-Geneviève est sans doute le plus célèbre de Paris. Il est d’ailleurs l’un des plus anciens clubs d’Europe et offre ainsi un cadre sans pareil pour apprendre et pratiquer cette activité originaire du Japon.
Projection de film, expositions…
D’autres événements vont aussi être mis en place pour promouvoir les artistes japonais, comme le festival du cinéma japonais, organisé jusqu’au mois d’août au Reflet Médicis, ou encore la projection du film Le château ambulant, de Hayao Miyazaki, aux Arènes de Lutèce et l’exposition à la mairie portant sur la ville de Nagasaki.
Florence Berthout envisage enfin de lancer un atelier de cuisine japonaise dans la future salle dédiée à l’éducation alimentaire qui ouvrira ses portes au sein de la mairie en septembre prochain. Une exposition de photos sur le quartier de Bunkyō « est également en discussion ».
La signature du pacte pourrait en outre aider les deux maires à faire face à plusieurs difficultés communes tels que celui du vieillissement de la population. Ils pourront ainsi « envisager des échanges de bonnes pratiques ». Brigitte Peltier aussi se porte volontaire pour continuer à promouvoir la culture nippone et se dit prête à prendre part aux projets. « On a plein d’idées », glisse-t-elle.
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