La DGSE donne à son tour son avis sur l’efficacité des frappes israéliennes et américaines en Iran. Le programme nucléaire iranien a été retardé de « plusieurs mois à coup sûr », a ainsi affirmé mardi Nicolas Lerner, patron du service de renseignement extérieur français.

Interrogé sur LCI sur l’impact de ces frappes contre les sites nucléaires iraniens, le directeur général de la Direction générale de la sécurité extérieure a répondu : « indéniablement plusieurs mois à coup sûr, indéniablement un retard sur le programme tel qu’il était conçu de manière industrielle ».

« Beaucoup, beaucoup de retard »

Qu’il s’agisse de la capacité d’enrichir l’uranium, de concevoir une tête nucléaire ou de l’intégrer dans un missile, « notre appréciation aujourd’hui, c’est que chacune de ces étapes a été très sérieusement touchée, très sérieusement endommagée, et que le programme nucléaire iranien tel que nous le connaissions a pris beaucoup, beaucoup de retard », a ajouté Nicolas Lerner. « C’est une réalité qui mérite encore néanmoins d’être affinée ».

L’état du programme iranien après les frappes israéliennes et américaines en juin est l’objet de très nombreuses interrogations. Le patron de la DGSE se dit d’ailleurs « affirmatif sur le fait qu’aujourd’hui, aucun service de renseignement du monde n’est capable, ou n’a été capable dans les quelques heures qui ont suivi ces frappes, d’avoir une évaluation parfaite, totale de ce qui a pu se passer ».

Le porte-parole du Pentagone avait affirmé le 2 juillet que le programme nucléaire avait été retardé « d’un à deux ans au moins », contredisant un premier rapport préliminaire top secret du renseignement américain, dont la presse américaine avait auparavant fait état et qui établissait lui que les bombardements contre l’Iran n’avaient retardé son programme nucléaire que de quelques mois.

Des interrogations autour des 450 kg d’uranium enrichi

« Deux éléments invitent à la prudence », a toutefois souligné le patron de la DGSE : le sort d’une partie du stock d’uranium hautement enrichi et le risque que Téhéran poursuive clandestinement son programme nucléaire.

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« Il y a un consensus sur le fait que la matière, les 450 kg d’uranium enrichi, peut-être qu’une petite partie a été détruite, mais cette matière reste aux mains du régime », a-t-il développé. « Nous ne sommes pas en capacité de le tracer avec certitude », a-t-il ajouté, « notamment tant que l’AIEA n’a pas repris son travail, et c’est pour ça que c’était tellement important ». L’Iran a officiellement suspendu début juillet sa coopération avec l’Agence internationale de l’énergie atomique, chargée de la sûreté nucléaire.