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Antoine Grotteria

Publié le

9 juil. 2025 à 7h28

Lisse. Costume bleu foncé, chemise blanche impeccablement repassée, Pierre-Yves Bournazel arrive pile à l’heure du rendez-vous fixé dans un café sans prétention implanté à quelques mètres de la place Iéna, dans le 16e arrondissement. C’est à quelques mètres de là que se trouve le siège de son parti Horizons dont il occupe la fonction de secrétaire général délégué à la structuration du parti et aux élections. Sorti d’une réunion, le conseiller du 18e arrondissement déploie, entre deux rendez-vous, les principaux axes de sa campagne aux élections municipales de Paris en 2026. De la dette à l’écologie, en passant par les transports, l’ex-député, âgé de 48 ans, revendique une logique de « rassemblement » et « d’apaisement ». Des termes qui s’inscrivent en faux, selon lui, avec la candidature putative de Rachida Dati, « qui cherche le buzz ».

actu Paris : Malgré vos dix-sept années en tant qu’élu parisien, vous souffrez d’un déficit de notoriété auprès des habitants. Comment comptez-vous rattraper ce retard par rapport à d’autres candidats davantage identifiés ?

Pierre-Yves Bournazel : « La moitié des Parisiens me connaissent, l’autre moins. Mais l’objectif d’une campagne dans une démocratie, c’est de se faire connaître. Le sillon que j’ai tracé me permet de démontrer une constance. Ma constance, c’est une cohérence et une fidélité aux Parisiens, un engagement dans le 18e arrondissement. Je suis un élu d’opposition municipale, mais un élu constructif. J’ai pu voter des mesures de Bertrand Delanoë. Je suis un homme libre d’esprit et indépendant. Cela me permet de construire un projet pour l’amélioration de la vie quotidienne des Parisiennes et des Parisiens. À la fin d’une campagne, les notoriétés s’égalisent. La légitimité, vous l’avez ou ne l’avez pas. Les valeurs, vous les avez ou vous ne les avez pas. La confiance, vous l’avez ou vous ne l’avez pas. Moi, je veux créer les conditions pour être élu maire de Paris.

actu Paris : Vous avez travaillé avec Rachida Dati. Vous vous rejoignez sur plusieurs éléments programmatiques. Alors, qu’est-ce qui vous distingue d’elle ?

Demandez-lui ce qui la distingue de moi.

actu Paris : Vous avez exprimé des opinions similaires sur certains sujets majeurs, comme celui de la dette.

Pierre-Yves Bournazel : Je ne suis pas candidat contre. Je suis candidat pour les Parisiens. Je me donne les moyens de construire cette confiance. Depuis plusieurs mois, j’ai constitué des groupes d’experts. Il y a 365 femmes et hommes qui m’accompagnent dans mon projet. Il faut écouter les citoyens. J’ai reçu 5 000 propositions grâce à notre travail de terrain. Je suis allé voir dans les grandes métropoles européennes, comme Copenhague, Stockholm, Madrid, pour s’inspirer des bonnes pratiques. Concernant votre question, ce qui me distingue de madame Dati, ce sont les valeurs. Je suis un homme de progrès. À l’écouter, elle veut revenir en arrière. Nous avons des différences de projet. J’ai cru comprendre que madame Dati voulait rouvrir les voies sur berge. De mon côté, je souhaite les embellir. Il y a aussi des différences de tempérament. Je suis un homme de dialogue, qui aime travailler et apprendre avec les autres. Il ne faut pas être dans le clivage permanent.

Depuis cinq ans, Madame Dati est dans le buzz, le bruit médiatique et les attaques personnelles

Pierre-Yves Bournazel

Je pense que cela n’apporte pas grand-chose. Je ne suis pas dans une logique de démolition. Je veux être celui qui prend soin des Parisiens.

actu Paris : Au cours des différentes assemblées du Conseil de Paris, vous n’avez eu de cesse de fustiger la gestion des comptes de la municipalité. Comment comptez-vous rétablir l’équilibre budgétaire ?

Pierre-Yves Bournazel : En 2014, j’alerte l’exécutif municipal et les Parisiens sur le niveau de la dette. La trajectoire n’était pas la bonne. Rien n’a été fait pour la corriger. Aujourd’hui, madame Hidalgo et son équipe ont augmenté les impôts et commencent à baisser les investissements. Maintenant, que faut-il faire ? Il faut débureaucratiser l’administration parisienne. Maire de Paris, je ne remplacerai pas les agents de la technostructure qui partiront à la retraite. Je privilégierai les agents de terrain de la petite enfance, de la propreté et des équipements sportifs.

Le candidat Horizons à la mairie de Paris, Pierre-Yves Bournazel, lors du lancement de sa campagne.
Le candidat Horizons à la mairie de Paris, Pierre-Yves Bournazel, lors du lancement de sa campagne. (©AG/actu Paris)

actu Paris : Combien de postes, sur les 51 000 agents, seront supprimés ?

Il y aura 2 400 fonctionnaires et hauts fonctionnaires de la technostructure en moins sur la mandature en six ans. 

Pierre-Yves Bournazel

actu Paris : Donc vous assumez des baisses d’effectif ?

Pierre-Yves Bournazel : Oui, je veux débureaucratiser. Je veux aussi lutter contre l’absentéisme, qui est un fléau. Je veux mettre la question du bien-être au cœur des politiques publiques. Je veux mettre fin aux chauffeurs pour les hauts fonctionnaires. Et je souhaite mettre un terme au journal papier « A Paris », que peu de gens lisent. Ce sont 40 000 arbres sauvegardés et des millions d’économies. Mon plan représente un milliard d’euros d’économies sur six ans. Cela permet de désendetter et de maîtriser la fiscalité pour retrouver des marges de manœuvre.

actu Paris : Quelles sont vos priorités au cours de cette campagne ?

Pierre-Yves Bournazel : Il faut remettre de l’ordre et mettre fin à la pagaille. Beaucoup de gens que les travaux sont mal organisés. J’indiquerai des calendriers stricts aux entreprises et je mettrai des pénalités financières si elles ne respectent pas l’agenda. J’exigerai des prestataires que les travaux enlaidissent Paris. On peut avoir un barriérage esthétique et ordonné. Prendre soin de la ville, c’est ce que faisaient Jacques Chirac et Bertrand Delanoë. Or, ce n’est plus le cas. Je veux aussi rendre la ville plus propre. Je mettrai en place un grand plan d’éducation à la priorité. Je veux aussi mettre en place des travaux d’intérêt général. C’est la devise « Tu salis, tu casses, tu répares » que Gabriel Attal a reprise. C’est bien d’avoir un temps d’avance. Je n’hésiterai pas à réorganiser les services de la ville. Je privatiserai la collecte des ordures ménagères. Je veux aussi mettre en place un plan de tranquillité publique, avec la création de brigades au sein de la police municipale.

actu Paris : Les policiers municipaux seront-ils armés ?

Pierre-Yves Bournazel : Il faut les former. Car quand vous portez l’uniforme, vous êtes une cible. Dans votre mission, vous pouvez être confronté à des individus dangereux et armés. Je pense aux proxénètes et aux trafiquants de drogue. Il faut aussi les former sur des sujets spécifiques pour la prévention et les incivilités liées à la petite délinquance.

Je souhaite qu’il y ait 6 000 policiers municipaux à la fin de la mandature. 

Pierre-Yves Bournazel

actu Paris : La problématique de l’habitat est également centrale à Paris, où plus de 250 000 logements sont inoccupés. Comment lutter contre ce phénomène ?

Pierre-Yves Bournazel : En matière d’accès au logement social, je veux donner la priorité aux personnes qui travaillent à Paris : aides-soignants, infirmières, instituteurs, commerçants… Tous ceux qui ne peuvent pas se loger à Paris faute d’argent. J’annoncerai un plan durant la campagne pour que les propriétaires remettent leur logement. Je relancerai l’accès à la propriété pour les classes moyennes. La politique qui a montré du doigt les propriétaires est une impasse. Il faut les aider pour qu’ils aient intérêt à louer. On va aussi vérifier les abus liés à la professionnalisation des locations à court terme par le biais de contrôles. Je serai implacable.

actu Paris : Dans votre programme, la lutte contre le réchauffement climatique vient en deuxième position. Quelles sont propositions à ce sujet ?

Pierre-Yves Bournazel : C’est le défi du siècle. Ce combat nécessite de se mettre au niveau. On ne peut pas se dire écologiste en bétonnant la ville. En 20 ans, c’est 3 millions de mètres carrés de béton en plus. Paris est la capitale la plus dense d’Europe. Nous avons une densité comme Mumbai. C’est trop.

actu Paris : Cela passe aussi par les transports ?

Pierre-Yves Bournazel : Bien sûr. On va les améliorer, notamment le bus. Je me battrai avec la Région pour qu’il y ait plus de bus. Comme maire, je pourrais leur donner la priorité aux carrefours grâce à l’intelligence artificielle. Car c’est un moyen de transports agréable, et il doit être plus efficace. 

Il ne faut plus attendre 15 à 20 minutes le bus

Pierre-Yves Bournazel

Concernant les métros, nous devons améliorer l’accessibilité et le confort. Et ce, même si je perçois des améliorations.

Pierre-Yves Bournazel veut mettre une politique du logement
Pierre-Yves Bournazel veut mettre une politique du logement « favorable aux personnes qui travaillent à Paris ». (©AG/ actu Paris)

actu Paris : La végétalisation fait également partie de vos axes de campagne. Voulez-vous poursuivre le travail de l’exécutif actuel ?

Pierre-Yves Bournazel : « Nous voulons 1 000 rues végétalisées à la fin de la mandature. La Petite ceinture doit être le poumon vert de la ville avec des activités ludiques, culturelles et sportives. Je souhaite étudier sur les placettes des plantations de terre pour créer des îlots de fraîcheur. Je veux mettre en place des miroirs d’eau, comme cela marche très bien à Bordeaux. Nous avons un devoir de transformer notre modèle. Il faut aussi rénover le parc social. Je propose 7 500 nouveaux logements par an, contre 5 000 aujourd’hui. Je souhaite aider les copropriétaires pour lutter contre la chaleur dans les immeubles. La Ville peut financer la transformation du bâti. En résumé, la transformation écologique de notre ville n’est pas un débat.

actu Paris : La place du vélo a grandi à Paris. Avec, parfois, des tensions avec les autres usagers de la route. Sur quels leviers agir pour améliorer leur cohabitation ?

Pierre-Yves Bournazel : La voirie doit être apaisée. La ville ne l’est pas. Il faut partir du plus vulnérable, à savoir le piéton. Il est un peu le grand impensé de cette mandature. Puis le vélo : on va continuer à développer les pistes cyclables. On pourra doubler le nombre sur des pistes à une seule voie. C’est ce que j’ai proposé à Sébastopol. On va mettre en place un grand plan d’éducation au savoir rouler. Je veux généraliser cela dans toutes les écoles. Je le ferai pour les plus grands, ceux qui ne respectent pas le code de la route. Je n’hésiterai pas à sanctionner les incivilités. Concernant les fatbike, j’imposerai leur immatriculation.

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