Lors du dîner royal au château de Windsor qui concluait le premier jour de la visite d’État d’Emmanuel Macron au Royaume-Uni, le roi Charles III a “rebaptisé l’Entente cordiale en Entente amicale”, raconte The Times.

“Alors que nous dînons ici, dans ce lieu ancien, imprégné de notre histoire commune, permettez-moi de porter un toast à la France et à notre nouvelle Entente”, a déclaré le souverain. “Une Entente non seulement passée et présente, mais aussi pour l’avenir, et non plus seulement cordiale, mais désormais amicale”.

L’expression était du goût d’Emmanuel Macron, qui l’a utilisée dans son propre discours devant les quelque 160 invités – parmi lesquels Mick Jagger et Elton John – rassemblés “sous les voûtes médiévales vertigineuses” de la salle de banquet de Windsor, “paroxysme” de la “magnificence des traditions et des rituels” de la famille royale britannique, observe Il Corriere della Sera.

Mais c’est un autre discours d’Emmanuel Macron qui a retenu l’attention de la presse britannique, celui prononcé plus tôt dans l’après-midi devant le Parlement au palais de Westminster – un rare honneur.

Discours “passionné”

Le président français était en effet “le premier dirigeant européen” à effectuer “une visite d’État en Grande-Bretagne et à s’adresser aux deux chambres du Parlement depuis la finalisation du Brexit en 2020”, relève The Independent.

Dans un discours “passionné”, juge le quotidien, “M. Macron a clairement indiqué que les événements qui ont vu le Royaume-Uni quitter l’UE appartenaient au passé, et il a rendu hommage [au Premier ministre britannique] Sir Keir Starmer – qu’il a qualifié de ‘cher Keir’ – pour la reprise des relations”.

Et “s’il a cité l’économie, le changement climatique et la crise de l’immigration comme domaines de coopération, il a placé la nécessité de défendre l’Europe en tête de l’ordre du jour”, ajoute le titre de centre gauche.

Le président français “a profité de son discours pour brosser le tableau d’une nouvelle Europe au-delà des frontières du bloc de ses 27 membres, avec la France et la Grande-Bretagne en son cœur, ne faisant que brièvement référence à sa déception face à la sortie de la Grande-Bretagne de l’UE”, renchérit The Guardian.

“Nous devrons libérer nos deux pays de leur dépendance excessive à l’égard des États-Unis et de la Chine”, afin de “construire un avenir durable pour tous les enfants”, a également déclaré le locataire de l’Élysée. Sans oublier l’Ukraine, que Britanniques et Français “n’abandonneront jamais”, ou l’appel à la reconnaissance d’un État palestinien.

“Vagues promesses”

En résumé, “Macron a fait mouche sur tous les sujets centristes. Imaginez Sir Keir Starmer avec un accent comique”, ironise The Spectator. Mais pour le magazine, “c’était un discours remarquablement dénué de substance : beaucoup de choses sur la qualité théorique de la collaboration, mais bien peu sur ce qu’elle représente en pratique”, notamment sur l’immigration, évoquée en “une minute et demie de vagues promesses”.

Pout le titre britannique, c’est pourtant “le grand sujet tabou, le seul sujet qui finira bientôt par façonner l’avenir de la politique transmanche, que nos dirigeants centristes le veuillent ou non”. Mais il est resté “sans réponse”.

Pas tout à fait, nuance The Daily Telegraph. Dans son discours devant les parlementaires, “M. Macron a exprimé publiquement ses inquiétudes” sur l’immigration, déclarant que “le gouvernement britannique devrait s’attaquer aux ‘facteurs d’attraction’ pour réduire le nombre de migrants”, condition sine qua non pour trouver un accord bilatéral.

Prêt de la tapisserie de Bayeux

Le New York Times ne s’attend pour sa part à aucune “avancée majeure” sur l’Ukraine ou l’immigration au cours de ces trois jours de visite d’État. Mais toute annonce, même “modeste”, soulignerait “la façon dont les deux puissances nucléaires européennes collaborent à nouveau, après des années de frictions consécutives à la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne”, estime-t-il.

Pour El País, l’une de ces annonces pourrait déjà avoir eu lieu mardi, lorsque M. Macron a révélé que “le gouvernement français [avait] finalement accepté de prêter la Tapisserie de Bayeux au British Museum pour la première fois de l’Histoire”.

Cette œuvre monumentale “représente la bataille d’Hastings en 1066 et la conquête de l’Angleterre par le roi normand Guillaume le Conquérant”, rappelle le quotidien madrilène. “Pour de nombreux historiens, elle constitue une œuvre fondamentale pour comprendre les origines du Royaume-Uni actuel”.