En ce mois de juillet, il est temps de faire le bilan de cette saison de Top 14. Chaque semaine, on présente notre classement des dix meilleurs joueurs de l’exercice 2024-2025, poste par poste. On poursuit cette revue de l’élite avec les ouvreurs ! Matthieu Jalibert a semblé franchir un cap dans sa constance. Surtout, il a enfin soulevé un titre avec l’UBB.
#1 La sacrée année de Jalibert
La saison 2024-2025 restera marquée d’une pierre blanche dans la carrière mouvementée de Matthieu Jalibert : pour la première fois, l’ouvreur a soulevé un trophée avec son club de -presque- toujours, l’Union Bordeaux-Bègles. Un accomplissement, en Champions Cup, auquel il a apporté un très large écot. Sa première période, en finale, a été un modèle d’inspiration et d’exécution technique. Quarante minutes durant, Cardiff a eu droit à la meilleure version de Jalibert : son numéro de funambule sur l’essai de Coleman -avec une multiplicité de crochets intérieurs dans la défense- puis son service pour Penaud-après un coup de pied contré mais récupéré avec rage- ont été aussi décisifs que remarquables. Jusqu’au bout, le natif de Saint-Germain-en-Laye a cru réaliser le doublé en ajoutant son premier Brennus à sa collection. En vain… Le dénouement, aussi frustrant soit-il, n’occulte en rien les dix mois précédents qui ont vu le Girondin s’affirmer sur la période comme le meilleur ouvreur de l’Hexagone face à une concurrence, il est vrai, clairsemée (avec un Romain Ntamack intermittent, un Owen Farrell méconnaissable, un Antoine Hastoy qui est monté en puissance tardivement…).
Des stats élogieuses en attaque
L’impression visuelle est accréditée par les statistiques : en 28 matchs sur la saison, il a inscrit 229 points dont six essais, réalisé 28« try assists », franchi à 24 reprises, battu 69défenseurs… Même si son 65 % de réussite aux plaquages laisse à penser qu’il lui reste une marge de progression en défense, le numéro 10 a affiché une forme de maturité, de constance qui laisse à penser qu’il a franchi un cap. Reste, évidemment, à confirmer sur la durée.
Et avec le XV de France, là où le bât a blessé cette année : parti précipitamment au cours de la tournée de novembre pour se ressourcer mentalement, l’international numéro 1116 a été relancé à Twickenham où il n’a pas été en réussite, que ce soit offensivement ou défensivement. Prophète à Bordeaux, sacré en Champions Cup, Matthieu Jalibert aura encore des territoires et des titres à conquérir à l’avenir.
# 2 Simmonds, le pistolero d’or
Qui pouvait être le dauphin de Matthieu Jalibert, numéro 1 difficilement contestable, alors que les autres internationaux tricolores ont été inconstants, intermittents (Ntamack, Hastoy) et les vedettes internationales globalement en deçà des attentes (Owen Farrell en tête) ? Pour son assiduité au poste (22matchs, 21 titularisations), son nombre d’étoiles Midi Olympiques (19, seuls Lafage et Jalibert ont fait mieux au poste) et sa fiabilité face aux perches (85,1 %), Joe Simmonds avait des arguments à faire valoir. L’Anglais a été déterminant dans la belle saison de la Section qui a gagné, pour la première fois depuis le passage au Top 14, son billet pour la Champions Cup. L’année dernière, déjà, l’ancien maître à jouer d’Exeter avait terminé dauphin de Romain Ntamack. Alors qu’il termine pour la deuxième fois de suite meilleur réalisateur du Top 14, sa régularité parle pour lui.
Joe Simmonds, ouvreur de la section paloise.
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# 3 Segonds : autre club, même efficacité
On prend les mêmes et on recommence. Troisième l’an passé, Joris Segonds termine sur cette même marche du podium. Entretemps, l’Aurillacois de formation a changé de club, passant du Stade français à Bayonne. Son association avec Camille Lopez à l’ouverture a été une des clés de la belle saison basque. Sur un plan personnel, Joris Segonds a été déterminant par la longueur de son jeu au pied et par sa réussite dans les moments clés de la saison, de la pénalité victorieuse face à l’Usap en ouverture du championnat à son 100 % en demi-finale face à Toulouse. Sa première cape sous le maillot tricolore, à l’occasion de l’actuelle tournée en Nouvelle-Zélande, n’est qu’une juste récompense.
Joris Segonds, ouvreur de l’Aviron bayonnais.
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Les bons élèves : Le Brun et Lafage franchissent un palier, Delpy a pris date
Parmi les satisfactions individuelles de la saison, Louis Le Brun (ci-contre) a poursuivi sa montée en puissance et sa progression : l’ouvreur de Castres, qui a disputé vingt-huit matchs toutes compétitions confondues, s’est montré régulièrement inspiré voire décisif et ce, malgré une réussite au pied encore perfectible (69 %). S’il est un numéro 10 qui a beaucoup joué (25 matchs de Top 14) et beaucoup marqué (248 points à 85,3 %), c’est bien Maxime Lafage. L’ancien Bayonnais aurait pu être un des hommes du maintien vannetais. En vain. Valentin Delpy (photo du bas), avec Toulouse puis Perpignan, a fait étalage d’une technique de haut niveau (90,9 % de réussite, 20 sur 22 au total) et d’une insouciance épatante. Il faudra vraisemblablement compter avec lui à l’avenir. S’il sera prêté à Colomiers cette saison, on risque de le revoir sous le maillot toulousain sans tarder, notamment à l’occasion des doublons. Si on ne peut véritablement le compter parmi les satisfactions et les surprises de la saison, la trajectoire de Dan Lancaster a été assez étonnante. Arrivé de deuxième division anglaise, le fils de l’éphémère manager du Racing 92 a longtemps laissé sceptique avant de monter en puissance sur la fin. Parti à Glasgow, il pourrait devenir international écossais.
Les déceptions : Farrell méconnaissable, Carbonel en échec
Évidemment qu’à 33 ans, Owen Farrell avait ses meilleurs jours derrière lui ; et qu’après seize ans aux Saracens, il allait lui falloir du temps pour s’adapter à un nouveau club, un nouveau championnat. Mais on était en droit d’attendre beaucoup mieux de l’ancien capitaine du XV de la Rose, reconnu comme un des meilleurs stratèges au monde. L’ouvreur, qui n’a jamais été en pleines possessions de ses moyens, au point qu’il a souvent laissé le but, a été très en deçà des attentes au Racing 92. Son départ anticipé n’a surpris personne. Lauréats de ce classement la saison passée, Jake Mc Intyre (4e), Domingo Miotti (5e) et Pierre Popelin (8e) ont été longuement absents sur blessure. Auteur aussi d’un bel exercice 2023-2024 (9e), Antoine Gibert a été moins en vue et en réussite. À Paris, Zack Henry a été inconstant et Louis Carbonel, qui espérait donner un nouvel élan à sa carrière, n’a jamais réussi à donner sa pleine mesure ni même donner l’impression d’être à son aise.
Le classement complet
Bordeaux-Bègles-Né le 06/11/1998
1,84 m, 86 kg
Temps de jeu : 1847 minutes-Points : 229-Sélec. :35
Pau-Né le 19/12/1996-1,83 m, 91 kg
Temps de jeu : 1602 minutes-Points : 255
Bayonne-Né le 06/04/1997-1,80 m, 91 kg
Temps de jeu : 1661 minutes-Points : 204-Sélec. : 1
Toulouse-Né le 1/05/1999-1,86 m, 94 kg
Temps de jeu : 1479 minutes-Points : 44-Sélec. : 41
Castres-Né le 28/02/2002-1,90 m, 96 kg
Temps de jeu : 1788 minutes-Points : 166
Vannes-Né le 1/09/1994-1,83 m, 86 kg
Temps de jeu : 1882 minutes-Points : 272
La Rochelle-Né le 04/06/1997-1,80 m, 86 kg
Temps de jeu : 1799 minutes-Points : 208-Sélec. : 9
Toulouse-Né le-1,84 m, 86 kg
Temps de jeu : 1786 minutes-Points : 133-Sélec. : 43
Lyon-Né le 13/06/1998-1,95 m, 99 kg
Temps de jeu : 1844 minutes-Points : 282
Clermont-Né le 11/03/1986-1,78 m, 86 kg
Temps de jeu : 1747 minutes-Points : 160-Sélec. : 9
Le chiffre : 7
Parmi les buteurs réguliers (au moins vingt-cinq tentatives en Top 14), on retrouve sept ouveurs à plus de 80 % : Joe Simmonds (85,5 %), Maxime Lafage (85,3 %), JuanCruz Mallia (85 %), Enzo Hervé (83,3 %), JoeyCarbery (81,6 %), LéoBerdeu (81,6 %) et Zack Henry (81,4 %).