Par
Rédaction Lille
Publié le
9 juil. 2025 à 10h56
Les vacances dans le Nord ont tourné à la catastrophe, pour une jeune femme originaire des Bouches-du-Rhône. Dans la nuit du 2 au 3 juillet 2025, elle a été violentée par son conjoint, qui partage sa vie dans le sud de la France et qui l’accompagnait pour ce séjour auprès de sa famille, à Mons-en-Barœul. Ce dernier présentant une addiction aux drogues et à l’alcool, il a été jugé en comparution immédiate au tribunal de Lille pour l’avoir étranglée, lui avoir asséné des coups de poing et arraché des cheveux. Des blessures – plus particulièrement des ecchymoses – qui ont valu à la victime plus de 8 jours d’ITT, et que le prévenu de 27 ans a justifiées ainsi à l’audience : « Elle marque très vite. »
Violences conjugales au tribunal de Lille : « je me suis dit ‘ça y est, c’est fini’»
Cette nuit du 3 juillet, la jeune femme a trouvé refuge dans la rue. La dispute, au domicile de sa grand-mère à Mons-en-Barœul, démarre autour de « miettes de tabac laissées sur le lit ». Le conjoint, qui s’est alcoolisé dans la soirée et se trouvant, sur le moment, « en manque de drogue », est-il détaillé à l’audience, devient hors de contrôle.
Il entreprend de quitter l’habitation pour partir en voiture, sa compagne l’en empêche. Pour sa sécurité et celle des autres usagers de la route, explique celle qui est infirmière de métier. Les violences se mettent alors à pleuvoir.
Elle est saisie par le cou, reçoit des coups au visage, au corps, et se fait violemment tirer les cheveux, en perdant une touffe au passage. Le tribunal, le vendredi 4 juillet, relate comment elle est parvenue à se tirer de là : « Elle a riposté en lui mordant le flanc puis a serré ses testicules. Il a alors lâché son cou, puis elle est partie en voiture dans la rue. » Elle a rapidement croisé des policiers en patrouille. Son conjoint sera retrouvé du côté de la gare Lille-Flandres peu avant 1 h.
Elle, vivant à Marseille, dit qu’elle s’est vue mourir.
« Je suis sortie de mon corps. Je me suis dit : » Ça y est, c’est fini. « Ça fait 5 ans qu’on est ensemble et des années que je me bats pour le sortir de ses addictions. Je ne comprends pas comment il peut dire qu’il se souvient de cette soirée, puisque comme à chaque fois qu’il s’enfuit de la maison, il est alcoolisé ou drogué. Et le lendemain, il ne se souvient jamais de rien. »
Il dit de sa compagne qu’elle « marque très vite » et qu’elle est « maladroite »
En effet, le prévenu de 27 ans raconte plutôt clairement le déroulé des événements, bien qu’il fût sous l’emprise de produits. « Je suis d’accord, je me suis emporté, je l’ai attrapée et je l’ai poussée. Mais je ne lui ai pas mis de taquet (sic) dans la tête. » Il se dédouane au maximum, et tend même à projeter la faute sur sa conjointe.
Il conte ainsi les « torgnoles » qu’elle lui a supposément mises par le passé, et laisse entendre que rien ne serait arrivé si elle ne s’était pas opposée à lui. « J’ai essayé de sortir, elle ne m’a pas laissé, alors je l’ai poussée sur le lit. » Selon lui, les étranglements n’ont pas eu lieu, et l’arrachage de cheveux, c’est « peut-être quand je l’ai attrapée », mais c’était totalement involontaire.
Les traces rouges sur la victime constatées a posteriori par un médecin, « c’est peut-être ses boutons ». Et les bleus ? « Elle marque très vite », s’aventure-t-il, devant un tribunal bouche bée. Et il ne s’arrête pas là, ajoutant que sa compagne est de nature « maladroite » et qu’elle peut s’être cognée « au travail » ou « à la maison ».
« Quand on a affaire à un toxicomane, peut-on faire confiance en ce qu’il raconte ? »
Les accès de violence du prévenu ne sont pas nouveaux. Il a déjà « tout cassé dans l’appartement » qu’ils occupent ensemble, alors qu’il était sous l’effet de la cocaïne, ou peut-être était-ce de la kétamine, tous deux étant des stupéfiants qu’il consomme depuis 2024. Il boit également des bières ou du Ricard quotidiennement.
Lui justifie ces scènes du passé où il s’est emporté en expliquant que c’est sa compagne, avec ses reproches, qui les a causées. « On s’insulte, quand je rentre trop tard, quand j’ai un peu bu ou qu’elle me casse un truc. »
Tous deux sont en tout cas d’accord : leur relation prend un terme définitif dans le palais de justice, c’est acté. L’avocat de la plaignante s’emporte contre le prévenu, qui selon lui minimise tout à fait ses gestes. « Les dénégations, les explications, c’est insupportable. Quand on a affaire à un toxicomane, peut-on faire confiance en ce qu’il raconte ? » Il demande 4 000 € de dommages et intérêts, pour le « préjudice de mort imminente » qu’a subi sa cliente.
L’avocate du prévenu, de son côté, déplore qu’on le présente comme « un tyran domestique ». Le procureur a requis 10 mois de prison avec sursis probatoire, et le tribunal de le suivre. Le jeune homme est ainsi condamné à 10 mois d’emprisonnement avec sursis probatoire pendant 2 ans, il a une obligation de soins addictologiques, et une interdiction de paraître au domicile de la victime, qui était jusqu’alors le sien. Enfin, il devra indemniser son ex-compagne à hauteur de 1 500 €.
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