728 drones et 13 missiles russes ont zébré le ciel ukrainien dans la nuit de mardi au mercredi 9 juillet. Selon l’armée de l’air ukrainienne, 711 drones ont pu être interceptés et sept missiles détruits. Il s’agirait de l’attaque la plus massive depuis le début du conflit. La précédente offensive d’ampleur date du 4 juillet. Elle avait mobilisé 550 drones et missiles. Côté russe, le ministère de la Défense a dit avoir abattu 86 drones ukrainiens dans la nuit.

L’Ukraine a fait état de «quatre endroits» touchés, sans préciser les dégâts exacts. «La cible principale de l’attaque était la région de Volhynie, la ville de Loutsk», à plusieurs centaines de kilomètres du front, a-t-elle indiqué. Huit personnes ont été blessées dans les régions de Kyiv, Soumy (nord-est), Zaporijjia (sud) et à Kherson (sud), selon les autorités locales. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a dénoncé «une attaque révélatrice» du refus de la Russie de s’accorder sur un cessez-le-feu.

Son bras droit, Andriï Iermak, a lui jugé «très révélateur que la Russie ait mené cette attaque au moment même où les États-Unis ont annoncé publiquement qu’ils allaient nous fournir des armes». De fait, Donald Trump a finalement annoncé lundi vouloir envoyer «plus d’armes» à Kyiv pour se défendre face aux bombardements russes après avoir dit l’inverse début juilllet. «Si vous voulez la vérité, Poutine nous raconte beaucoup de conneries», avait même lâché mardi le président américain devant la presse à la Maison Blanche.

Le Kremlin avait fait part mardi de son mécontentement face à ces promesses militaires américaines qui constituent un revirement. Il y a moins d’une semaine, l’administration américaine prenait une décision inverse. Les Etats-Unis avaient annoncé mercredi 2 juillet suspendre leurs livraisons d’armes à l’Ukraine, assurant que celles-ci favorisaient «la poursuite des hostilités».

L’Ukraine réclame depuis de nombreux mois à ses alliés occidentaux, y compris aux Etats-Unis, plus de systèmes de défense antiaérienne pour limiter les frappes russes contre ses villes et villages dans une guerre qui a déjà fait des dizaines de milliers de morts, civils et militaires confondus, des deux côtés.

Car malgré la pression exercée par Donald Trump, qui s’est rapproché depuis février de son homologue russe Vladimir Poutine, Moscou et Kyiv campent sur leurs positions et demeurent très loin d’un accord, que ce soit une trêve ou un règlement à plus long terme.

Aucun troisième cycle de discussions entre Russes et Ukrainiens n’a pour le moment été annoncé, après deux réunions peu fructueuses en Turquie mi-mai puis début juin. Face à ce statu quo diplomatique, les dirigeants ukrainiens accusent Moscou de «gagner du temps», au moment où l’armée russe, supérieure en nombre et en armements, grignote toujours du terrain dans l’Est ukrainien. Elle a même revendiqué en début de semaine la prise d’une première localité dans la région de Dnipropetrovsk (centre-est).

Vladimir Poutine sait, lui, que le temps joue à ce stade en faveur de son armée qui occupe toujours près de 20 % du territoire ukrainien. Il a aussi récemment nié à nouveau la souveraineté de l’Ukraine, assurant considérer «les peuples russe et ukrainien comme un seul peuple». «Dans ce sens, toute l’Ukraine nous appartient», a-t-il lancé le 20 juin. Ces propos – illustration du fossé entre les deux camps – ont provoqué la colère de Kiev, qui les a qualifiés de «cyniques» et y a vu la preuve «d’un mépris total» pour les efforts de paix.