En France, environ 140 000 personnes sont atteintes d’AVC chaque année, rappelle l’Agence régionale de santé Ile-de-France. S’il s’agit de la troisième cause de mortalité en France, avec 40 000 morts par an en moyenne, l’accident vasculaire cérébral est aussi la première cause de handicap acquis avec des patients qui gardent des séquelles lourdes.
Eric*, 30 ans, en a fait l’expérience. Un peu plus de six mois après avoir fait un AVC, le jeune homme doit aujourd’hui réapprendre à se servir de son corps pour des gestes quotidiens, qu’il prenait jusqu’à présent pour acquis.
« Je pensais que les AVC, c’était un truc de vieux »
En janvier 2025, la vie d’Eric a pris un tournant inattendu. « J’avais tout pour moi. Des études de commerce, un bon job, plutôt beau gosse, plein de copains. Avec ma copine, on commençait à parler mariage et bébé. La dernière chose à laquelle je m’attendais, c’était de rencontrer un tel problème de santé. Je pensais sincèrement que les AVC, c’était un truc de vieux, qui n’arrivait pas avant 50 ans », explique-t-il avec émotion.
Aujourd’hui, il estime que son accident vasculaire cérébral est dû à une mauvaise hygiène de vie : « J’étais un peu sportif, mais c’était pour compenser le fait que je picolais beaucoup, que je pouvais fumer un paquet de clopes en une soirée, et que le fast food était ma cantine préférée. Des trucs classiques, à mon âge, mais qui ont pu avoir un impact selon mes médecins. »
Le besoin de tout réapprendre
L’AVC d’Eric a eu lieu un dimanche, alors qu’il prenait son café dans sa cuisine. « J’ai commencé à sentir une faiblesse sur tout le côté gauche de mon corps, je n’arrivais plus à tenir ma tasse. J’ai voulu appeler ma chérie, mais j’ai produit un espèce de gargouillis chelou. Alors j’ai fait tomber de la vaisselle, et elle a été alertée par le bruit. Elle est secouriste et elle a tout de suite reconnu les signes. Elle a appelé les pompiers, qui m’ont rushé à l’hôpital. »
Pris en charge à temps, le jeune homme a eu la vie sauve, mais il souffre aujourd’hui de nombreuses séquelles. « Là par exemple, je te parle à peu près correctement, même si je bafouille et que je cherche mes mots. La parole, c’est un des premiers trucs qui est revenu. Le reste tarde encore. »
En effet, Eric souffre d’apraxie, « une perte de la capacité à accomplir des tâches qui exigent la mémorisation de schémas ou de séquences de mouvements », explique le manuel médical MSD. « Ça a perturbé ma parole, mais aussi des gestes qu’on a l’habitude de réaliser mécaniquement : manger, boire, marcher, écrire… Tout ça, je dois le réapprendre, et c’est pas dit que tout revienne », souligne-t-il tristement.
Retrouver le contrôle de son corps, petit à petit
Pour Eric, avoir eu un AVC à 30 ans est à la fois un drame et une chance. « A mon âge, je n’aurais jamais pu imaginer ça. Mais d’un côté, j’ai de la chance, parce qu’à mon âge, j’ai le temps et l’énergie nécessaire pour me battre et réapprendre tout ce que j’ai perdu », explique-t-il, tachant de voir le bon côté des choses.
Aujourd’hui, le jeune homme enchaîne les séances de rééducation avec un kiné et un ergothérapeute, bien décidé à retrouver le contrôle du maximum de ses capacités. « J’ai déjà récupéré plein de choses. Je peux me déplacer à nouveau avec un déambulateur ou des cannes, me doucher seul, manger seul. Chaque geste regagné est une victoire », conclut-il.