Une décision de justice en faveur des réfugiés afghans
C’est sur la situation d’une famille en particulier que le tribunal administratif de Berlin a statué ce mardi. En octobre 2023, cette famille a obtenu une promesse d’accueil par l’Office fédéral des migrations et des réfugiés (BAMF), dans le cadre du programme d’admission aujourd’hui suspendu. Depuis Islamabad, où plusieurs milliers d’Afghans vivent en attente d’un laisser-passer vers Berlin, les membres de cette famille ont déposé une demande de visa auprès de l’ambassade d’Allemagne, qui leur a été refusée.
Arguant que leur vie est menacée au Pakistan, où ils risquent la déportation vers l’Afghanistan, ils ont déposé une demande urgente. Le tribunal administratif de Berlin a statué dans leur sens, jugeant que le gouvernement allemand doit leur délivrer un visa.
Pour justifier leur décision, les juges ont souligné que le gouvernement allemand s’était « légalement engagé à accueillir des réfugiés par des avis d’admission définitifs et non révoqués », et ne peut donc pas « s’exonérer de cet engagement volontaire ».
Le ministère fédéral des Affaires étrangères est tenu d’agir immédiatement par cette décision juridique, sauf s’il décide de faire appel auprès du Tribunal administratif supérieur de Berlin-Brandebourg.
Des programmes humanitaires chamboulés par les élections fédérales allemandes
Après le soudain retour au pouvoir des talibans à l’été 2021, l’Allemagne a ouvert plusieurs programmes d’admission pour des Afghans ayant collaboré avec les Occidentaux, et pour les personnes courant un danger très important. Dans ce cadre, le pays a accueilli près de 36 500 Afghans vulnérables. À l’automne 2022, le gouvernement allemand a lancé un nouveau programme fédéral d’admission des personnes particulièrement vulnérables originaires d’Afghanistan, promettant des visas aux personnes sélectionnées.
Mais ces dernières semaines, ce programme a été progressivement suspendu, notamment à la suite des élections de février 2025, qui ont vu le parti d’extrême-droite anti-immigration AfD arriver en deuxième position, et l’immigration occuper une place centrale dans les débats. Plusieurs attaques mortelles perpétrées par des demandeurs d’asile peu avant les élections ont également nourri un sentiment anti-migrants dans l’opinion publique.
Le nouveau gouvernement de centre-droit, composé de la CDU/CSU et du SPD, a convenu dans son accord de coalition de mettre fin aux programmes fédéraux d’admission volontaire « dans la mesure du possible ». Par conséquent, environ 2400 Afghans à qui l’Allemagne avait promis un visa sont aujourd’hui coincés à Islamabad, au Pakistan, et des ONG estiment qu’environ 17 000 Afghans sont dans les phases de sélection et de candidature au programme aujourd’hui dormant.
Le durcissement autour de la question migratoire en Allemagne s’est également incarné récemment dans les propos du ministère de l’Intérieur, Alexander Dobrindt (CSU), qui a déclaré début juillet souhaiter négocier directement avec le régime des talibans pour expulser des ressortissants afghans d’Allemagne. Un régime aujourd’hui mis au banc de la communauté internationale pour ses violations répétées des droits humains, et en raison de la mise en place d’un véritable « apartheid de genre« .
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