Une minorité de familles perturbe le quotidien d’une copropriété du quartier Bellevue. Les résidents espèrent que le préfet va faire venir les forces de l’ordre dans le cadre d’une procédure d’expulsion en cours.
À Nantes, les résidents de la copropriété du square des Rochelets, dans le quartier prioritaire de Bellevue, n’en peuvent plus. Nuisances sonores et olfactives, insultes, excréments dans les ascenseurs… Depuis quatre ans, la cohabitation avec des familles Roms devient de plus en plus difficile, malgré les médiations répétées.
La situation a pris une telle ampleur que depuis lundi, une société de gardiennage privée a été embauchée pour faire respecter le règlement de 17 h à minuit. Coût de l’initiative : 12.000€ pour deux semaines. «Elle fait le boulot de la police et du préfet, payée par la copropriété», résume une habitante lassée de la situation, espérant qu’une subvention permette de couvrir ces frais. «C’est un enfer», confie cette mère de famille, qui va chercher sa fille à l’arrêt de tram et ne la laisse plus sortir seule. Elle attend aussi avec impatience de pouvoir à nouveau rentrer chez elle par les parties communes, et d’arrêter d’emprunter le souterrain ou le local poubelle.
Volonté de déménager
«Des membres du conseil syndical me disent qu’ils veulent déménager et vendre, même à perte», confie la résidente, évoquant des troubles depuis que des familles Roms sont arrivées et se sont imposées en 2021. Comme le rapporte France Bleu Loire Océan, les habitants subissent un calvaire depuis quatre ans. «C’est une copropriété classée en plan de sauvegarde par l’État car elle est en grande difficulté, sociale technique et financière. Il y a une paupérisation de la façon d’occuper les logements», explique Pauline Brosset Izquierdo, responsable du service copropriété chez 4’immo, en charge de celle des Rochelets. Il y a quelques années, des propriétaires «ont voulu donner un coup de main à des familles et leur donner leur chance. Pour certains, ça s’est bien passé, pour d’autres, cela ne s’est pas bien passé». «Le sujet c’est le manque de civisme», ajoute-t-elle, ne souhaitant pas stigmatiser la communauté.
Sur 360 appartements, environ cinq posent problème, sans que rien ne bouge. Des tentatives de squats ont même été constatées. «On n’est pas abandonné par la force publique mais personne sait trop par quel bout prendre les choses», reconnaît Pauline, qui souligne néanmoins l’accompagnement étatique et municipal. Dans le cadre du Grand Bellevue, 350 millions d’euros ont été engagés pour la transformation du quartier. Pourtant, pour chaque logement problématique au sein des Rochelets, elle dénombre «une centaine de signalements par an».
«Impuissants face au système»
Si le sujet revient au centre du débat, c’est parce que trois procédures d’expulsion sont en cours. Selon les habitants, les familles concernées ne veulent pas en entendre parler. A contrario, les résidents placent tous leurs espoirs dans ces procédures. Un propriétaire de logements, souhaitant rester anonyme, a accueilli plusieurs familles. Si avec l’une d’entre elles, il n’a pas rencontré de soucis particuliers, il a vite déchanté en accueillant successivement quatre familles à problèmes, dont deux sont encore là. «Moi, je pars du principe que tout le monde a droit à sa chance. Cependant, à force de me faire engueuler par les voisins, de répondre au syndic et de gérer des locataires à qui je dois rappeler des règles qu’ils ne retiennent pas, j’ai dû entamer deux procédures d’expulsion.» Il a aussi subi des impayés. «C’est inadmissible qu’on puisse laisser des gens avec aussi de peu de bonne volonté foutre le bordel, sans issue judiciaire», s’agace celui a dû attendre la fin du bail avant d’aller au tribunal, sans que ses locataires ne daignent partir. Maintenant, il espère que le préfet va faire intervenir les forces de l’ordre.
Sollicitée par Le Figaro, la préfecture de Loire-Atlantique indique n’avoir été pour l’instant été saisie que «d’un seul PV d’huissier réquisitionnant la force publique». Pour celui-ci, sa réponse est la suivante : «Conformément à la procédure afférente aux expulsions locatives, une fois le PV de réquisition de la force publique transmis à la Préfecture, une enquête est conduite sur le volet social ainsi que pour déterminer les éventuels troubles à l’ordre public associés à une expulsion forcée. Ce n’est qu’à l’issue et en fonction de ces retours que le Préfet peut accorder le concours de la force publique pour une expulsion à partir du mois d’août.»
«Tous les copropriétaires veulent les faire dégager tellement on se sent impuissants face au système, reprend le propriétaire, qui s’interroge sur la manière dont la ville de Nantes va gérer le démantèlement en cours de l’un des plus grands bidonvilles de France. Ils ne vont pas pouvoir être accueillis dans les parcs privés, et les gens comme moi ne vont plus le faire…» Aujourd’hui, l’exaspération est telle que certains font courir le bruit qu’ils possèdent des armes chez eux. Un habitant très agacé est monté lui-même chez une famille envahissante, provoquant une altercation. Les résidents se sentent menacés et «là ça devient de plus en plus dangereux» conclut une mère de famille qui connaît très bien le contexte.