Après la monographie consacrée à David Hockney, une autre figure majeure de l’art du XXe et XXIe siècle sera mise à l’honneur au sein de la fondation, à l’occasion d’une grande rétrospective.

En 2014, pour l’accrochage inaugural de la Fondation Louis Vuitton, plusieurs œuvres emblématiques de Gerhard Richter (né en 1932) avaient été présentées au côté de celles de Christian Boltanski, Ellsworth Kelly ou encore Bertrand Lavier. À l’automne prochain, ses créations seront à nouveau montrées, mais cette fois-ci dans le cadre d’une ambitieuse rétrospective, revenant grâce à 270 œuvres, sur 60 ans de carrière, de 1962 jusqu’à 2023. À travers l’emploi de nombreux médiums, peinture, sculpture, dessin, aquarelle et photos peinte, l’artiste allemand a construit une œuvre entre figuration et abstraction, intime et politique, toujours mue par une envie d’expérimenter en toute liberté. À découvrir du 17 octobre 2025 au 2 mars 2026.

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Un parcours chronologique

Les commissaires de l’exposition, Dieter Schwarz, spécialiste de l’art moderne et contemporain, et Nicholas Serota, historien de l’art, conservateur et directeur de la Tate entre 1988 et 2017, ont imaginé un parcours chronologique découpé en dix sections, chacune revenant sur environ une décennie de production.  Le but : « montrer l’évolution d’une vision picturale singulière, entre ruptures et continuités, des premières peintures d’après photographies aux dernières abstractions ».

Portrait de Gerhard Richter © Gerhard Richter

Portrait de l’artiste Gerhard Richter qui sera à l’honneur d’une grand rétrospective à la Fondation Louis Vuitton en 2025. © Gerhard Richter

S’approprier les genres et courants

Dans les premières galeries, seront montrées ses peintures d’après photographies, tirées de journaux ou des albums photos de famille, et réalisées entre 1962 et 1970, Onkel Rudi  (1965) ou Tante Marianne (1965) pour ne citer qu’eux.

Gerhard Richter, Onkel Rudi [Oncle Rudi], 1965 (CR 85) Huile sur toile, 87 x 50 cm Collection Lidice Memorial, République Tchèque © Gerhard Richter 2025

Gerhard Richter, Onkel Rudi [Oncle Rudi], 1965 (CR 85), huile sur toile, 87 x 50 cm, collection Lidice Memorial, République tchèque © Gerhard Richter, 2025

Bien qu’il fasse ses classes à l’Académie nationale des Beaux-Arts de Düsseldorf, Richter remet en question dans ses premières œuvres les conventions illusionnistes de la représentation, notamment dans sa sculpture Quatre Panneaux de Verre (1967) et les premiers Nuanciers de Couleurs (1966). Par ailleurs, Il reprend également des genres et courants artistiques – l’expressionnisme par exemple – pour en détourner les codes dans ses paysages et marines. La suite de l’exposition mettra en évidence la continuité de sa production figurative, notamment avec l’un des premiers portraits de sa fille : Betty  (1977).

Gerhard Richter, Ema (Akt auf einer Treppe) [Ema (Nu sur un escalier)], 1966 (CR 134), huile sur toile, 200 x 130 cm, Museum Ludwig, Cologne, donation Ludwig Collection 1976 © Gerhard Richter 2025 (18102025)

Gerhard Richter, Ema (Akt auf einer Treppe) [Ema (Nu sur un escalier)], 1966 (CR 134), huile sur toile, 200 x 130 cm, Museum Ludwig, Cologne, donation Ludwig Collection 1976 © Gerhard Richter 2025 (18102025)

Ouverture à l’abstraction

Néanmoins, le visiteur constatera qu’à la fin des années 1970, l’artiste jette également les bases d’une approche spécifique de l’abstraction : il représente et agrandit des études à l’aquarelle, examine la surface d’une peinture, et fait du coup de pinceau lui-même le sujet d’une œuvre comme Strich  (1980) ou Carotte  (1984).

Gerhard Richter, Carotte [Möhre], 1984 (CR 558-2), huile sur toile, 200 x 160 cm, Fondation Louis Vuitton, Paris © Gerhard Richter 2025

Gerhard Richter, Carotte [Möhre], 1984 (CR 558-2), huile sur toile, 200 x 160 cm, Fondation Louis Vuitton, Paris © Gerhard Richter 2025

Dans la seconde partie du parcours, ses peintures abstraites monumentales cohabiteront avec d’autres productions témoignant à la fois d’une vision inquiète et d’une ironie froide sur l’environnement social et politique de son temps. En particulier la série 18 octobre 1977  (1988), exceptionnellement prêtée par le MoMA, date à laquelle Gudrun Ensslin, Andreas Baader et Jan-Carl Raspe, membres du groupe terroriste Faction Armée rouge, ont été retrouvés morts dans leur cellule de la prison de Stuttgart.

Expérimenter librement

Enfin, les dernières sections rendront compte d’une période très productive, qui s’étale des années 2000 jusqu’à 2017, année où il arrête de peindre. Cette période est synonyme d’expérimentations en tout genre, 4900 Colors  (2008) en est un parfait exemple, répartition apparemment aléatoire des couleurs sur un vitrail et générée par un programme informatique spécialement conçu à cette fin, ou bien Strip (2011), série d’images crées numériquement.

Gerhard Richter, STRIP, 2011. Digital print on paper mounted between aluminium and perspex. 200 x 440 cm. © Gerhard Richter / Fondation Louis Vuitton / Martin Argyroglo

Gerhard Richter, STRIP, 2011, impression numérique sur papier monté entre aluminium et plexiglas, 200 x 440 cm. © Gerhard Richter / Fondation Louis Vuitton / Martin Argyroglo

Exposition « Gerhard Richter »
Fondation Louis Vuitton, 8 Avenue du Mahatma Gandhi, 75116 Paris
Du 17 octobre 2025 au 2 mars 2026

[CollectionFLV] Présentation de la Collection de la Fondation par Sébastien Gokalp