C’est l’une des plus grandes erreurs judiciaires de l’histoire du Royaume-Uni : le scandale Horizon, du nom de ce logiciel utilisé par la Poste britannique qui a généré des erreurs de comptabilité. En affichant à tort des déficits dans les comptes de nombreux gérants de bureaux de poste, il a brisé la vie de centaines de personnes. Selon les premières conclusions d’un rapport publié mardi, l’affaire est à l’origine d’une vague de suicides.
Plus de 700 gérants de bureaux de postes indépendants ont été condamnés pour vol et falsification de comptes, plus de 230 ont même fait de la prison. Beaucoup ont fini ruinés, contraints par la Poste de rembourser les sommes prétendument manquantes.
Selon un rapport du juge Sir Wyn Williams, au moins 13 suicides seraient liés à cette affaire et 59 autres personnes ont envisagé de se supprimer. Après trois ans d’enquête, plus de deux millions de documents étudiés, et près de 300 témoins entendus, le document estime à 10 000 le nombre de personnes frappées par le scandale, victimes directes ou indirectes. Des dizaines de personnes aujourd’hui innocentées sont mortes sans avoir vu leur nom blanchi.
Des cadres de la Poste savaient que le logiciel générait des erreurs
Durant des années, entre 1999 et 2015, des erreurs dans le logiciel comptable « Legacy Horizon » du géant technologique Fujitsu, ont faussement donné l’impression qu’il manquait de l’argent dans les comptes. D’après le rapport, un certain nombre de cadres de la Poste britannique savaient ou, en tout cas, auraient dû savoir que ce système générait des erreurs. Pourtant, souligne le juge Williams, « pendant toute la durée de vie de Legacy Horizon, la Poste a toujours affirmé que ses données étaient toujours exactes ».