« Les agents sont très déçus », assure la CGT. Le syndicat majoritaire au sein des territoriaux de la Ville de Saint-Etienne annonce sa volonté de reprendre le combat à la rentrée après sa mobilisation éclaire du 13 juin. Dans son viseur principalement, une différence avec les agents métropolitains, à poste équivalent, clame-t-il, « de 300 à 500 € » toutes rétributions confondues qu’elle aimerait voir progressivement comblée. Les avantages obtenus après les négociations bilatérales puis vote du conseil municipal le 30 juin restent très insuffisants pour la CGT.
Des améliorations de traitement – primes, chèque cadeau, tickets restaurants… – ont été votées lors du conseil municipal du 30 juin. Très insuffisant juge la CGT. ©If Saint-Etienne / Xavier Alix
Financièrement « inaccessible ». Et « cela, toutes les organisations en face de nous l’ont bien compris », arguait Gaël Perdriau en amont du conseil municipal du 30 juin dernier. Selon le maire, mettre fin, du jour au lendemain, à la différence de rémunérations des agents (salaires et autres, les primes principalement) entre Métropole et Ville de Saint-Etienne, si tant est que la comparaison soit justifiée – « ce sont deux collectivités indépendantes », déclarait-il – coûterait un alourdissement de 9 M€ du budget fonctionnement, soit + 2,51 %, + 5,14 % pour la seule masse salariale. La CGT, majoritaire au sein des territoriaux de la Ville de Saint-Etienne, fait planer depuis fin mai la menace d’un conflit social majeur sur l’exécutif alors que la musique des élections municipales se fait parallèlement toujours un peu plus entendre.
L’objet de ses griefs ? Pour l’essentiel, une notable différence avec les agents métropolitains, à poste équivalent, clame-t-elle, « de 300 à 500 € » toutes rétributions confondues qu’elle aimerait voir progressivement comblée, 14e mois des métropolitains compris. « Actuellement, un agent de catégorie C type qui entre à la Ville va toucher, tout compris, pour commencer, 1 450 € nets. Le même à la Métropole 1 750 € nets, assure Mustapha Belguerri, secrétaire général adjoint CGT des territoriaux de la Ville de Saint-Étienne. Il y a cette différence de traitement injustifiée, il y a toutes ces hausses du coût de la vie que n’ont pas compensé les dernières revalorisations imposées par le niveau national (point d’indice notamment, Ndlr). » Pourquoi cette différence entre Ville et Métropole ? Cela remonte aux origines de la seconde, selon G. Perdriau, à la fin des années 1990 et une époque où elle n’en était qu’à ses balbutiements, très loin d’être l’administration du calibre actuel.
« Un premier effort d’environ 100 € serait raisonnable »
« Il n’y avait alors pas de certitudes sur la suite, ce que cela allait devenir et elle avait du mal à recruter, d’où des propositions plus confortables. Je ne juge pas : il fallait alors faire avancer la situation, explique le maire. Mais cela a créé cette différence. » Reste pour la CGT qu’il est grand temps d’y mettre fin. Certes, « progressivement oui. On comprend bien qu’il faut plusieurs années pour digérer cela et qu’accorder 400 € d’un coup, ce n’est pas possible. Mais un premier effort d’environ 100 € de plus par agent municipal qui donnerait + 3,2 M€ de charges serait déjà très raisonnable et envisageable », indique Mustapha Belguerri qui (re) pointe les fermetures de piscines ou encore des serres ayant permis d’alléger il y a peu les charges d’équipements, voire de personnel avec quelques agents retraités non remplacés. Mais aussi, les nouveaux revenus générés par l’arrivée de la Lapi (Lecture Automatique des Plaques d’Immatriculation), quant aux infractions de stationnement.
On comprend bien qu’il faut plusieurs années pour digérer cela et qu’accorder 400 € d’un coup, ce n’est pas possible.
Mustapha Belguerri secrétaire général adjoint CGT des territoriaux de la Ville de Saint-Étienne
Selon le syndicaliste, le système aurait permis de récupérer 5 M€ de janvier à avril, soit l’équivalent, déjà, du total d’amendes obtenues sur l’ensemble de 2024. Une information que nous n’avons pas réussi à faire confirmer (ou infirmer) par la municipalité sollicitée cet après-midi. Le 13 juin dernier, jour des négociations bilatérales entre l’exécutif municipal, et les différents syndicats, la CGT avait appelé à une grève et manifesté sur les marches de l’hôtel de ville en début de journée afin de mettre la pression. Mobilisation peu suivie – moins d’1 % des agents, note G. Perdriau – mais ayant totalisé de 7 h 30 à 9 h, environ 400 personnes tout de même, dit le syndicat. A l’issue des « bilatérales », des nouveaux avantages ont cependant été obtenus et été votés, dans la foulée, au dernier conseil municipal de l’année, le 30 juin dernier. Très insuffisant pour la CGT – « Les agents sont très déçus » – qui nous annonce une très probable reprise du mouvement à la rentrée, à partir de septembre.
Quatre avantages obtenus en juin
Quelles sont les avancées obtenues par les syndicats – dans leur ensemble – et quel est le coût supplémentaire pour les finances municipales ? Déjà, les 2 400 agents qui relèvent du Rifseep percevront ainsi une prime exceptionnelle « pouvoir d’achat » de 300 € (soit une somme totale de 720 000 € à débourser en une fois) vis-à-vis de 2024. Ensuite, une revalorisation des tickets restaurant, mis en place il y a un an, qui passent de 6 à 8 € avec une participation employeur légèrement augmentée de 58,33 % à 60 %. Enfin, le montant des chèques-cadeaux passe au « maximum légal », soit de 150 à 196 €. S’ajoute la prise en charge de l’adhésion au CNAS (Comité national d’action social) des agents récemment retraités, c’est-à-dire dans les trois premières années qui suivent le départ. Des mesures selon les unes et les autres et leur nature qui vont se concrétiser dès ce mois de juillet, sinon d’ici fin décembre. Elles impliquent un impact de 800 000 € permanents au budget fonctionnement. Mesures votées en conseil municipal donc le 30 juin qui, fatalement, ont suscité le débat.
Vous avez sorti la planche à billets. Tout ceci n’est que du saupoudrage, dans l’espoir de, peut-être, acheter la bienveillance dans l’isoloir
Julie Tokhi, élue d’opposition écologiste
Julie Tokhi, élue d’opposition écologiste estimant qu’à l’approche des élections municipales et comme depuis 2-3 mois, « vous avez sorti la planche à billets. Alors, bien sûr, nous saluons l’augmentation de ces avantages. Mais tout ceci n’est que du saupoudrage, dans l’espoir de, peut-être, acheter la bienveillance dans l’isoloir d’une part des agents municipaux. Je dis peut-être, car cette tentative semble désespérée, tant le mal-être au sein des équipes est grand. Il n’y a qu’à voir le turn-over incessant des agents. (…) C’est de stabilité et de reconnaissance dont les agents ont besoin. Le recours au contrat précaire est devenu la norme et nombreuses et nombreux sont les agents qui se demandent tous les ans si leur contrat sera reconduit. (…) Dans la délibération sur le versement d’une prime exceptionnelle, il est fait mention du travail exceptionnel fourni, de leur implication et de leur engagement qui est allé au-delà de l’investissement attendu. Pourtant, ce n’est pas seulement en 2024 que leur engagement est plein et entier. La qualité de leur travail était aussi à saluer en 2023, 2022, 2021, etc.»
« Ce que vous dites sur les contrats précaires est faux »
Son groupe, Le Temps de l’écologie a tout de même voté pour « ces quelques avantages ponctuels, même si une nouvelle fois, l’opportunisme guide votre décision ». Défense du maire : « Vous êtes à côté sur beaucoup de sujets, Mme Tokhi. Avec Christiane Jodar (adjointe aux ressources humaines, Ndlr), nous nous sommes beaucoup investi sur ce sujet pour une écoute quasi permanente. Des centaines d’heures de réunions et des centaines de mesures appliquées au quotidien… Vous dites à « des fins électorales »… mais, dans l’isoloir, chacun fait bien ce qu’il veut ! Lors d’un vote, on est citoyen pas agent. Je n’ai pas attendu cette année pour améliorer les conditions salariales des agents. En 2021, 2022, 2023… Il y a également eu des augmentations de salaires ou des versements exceptionnels. (…) Je suis sensible aux échanges avec les agents, aux situations décrites. »
Je n’ai pas attendu cette année pour améliorer les conditions salariales des agents.
Gaël Perdriau, maire de Saint-Etienne
Il ajoutait : « Le turnover est le même qu’en 2008 et 2014. 50 cadres qui changent sur 6 ans dans une collectivité de 3 000 à 4 000 agents, ce n’est pas exceptionnel d’autant que la rigidité du service public qui exige pour passer d’un échelon à l’autre de changer de poste. On peut penser que c’est ridicule, que l’on se prive de compétences, oui, je le pense aussi, mais c’est comme ça. (…) Ce que vous dites sur les contrats précaires est faux. Je suis le maire qui a supprimé des contrats précaires qui, pour certains, allaient jusqu’à sept, huit, dix ans de CDD. C’est terminé, vous n’en trouverez pas un à plus de deux ans sauf pour ceux qui ne sont pas de nationalité française, comme le cadre la loi. »