Par

Méréva Balin

Publié le

9 juil. 2025 à 20h16

Malgré la décision du Conseil d’État, le 12 juin 2025, de valider le document cadre de l’aménagement en Île-de-France sans que la ligne nouvelle Paris Normandie (LNPN) y soit cartographiée, dans les Yvelines, le projet continue à crisper les élus de la communauté urbaine Grand Paris Seine et Oise (GPS&O) , à commencer par sa présidente Cécile Zammit-Popescu.

Un an de mobilisation

Des opérations de tractage au petit matin dans les gares et aux arrêts de bus, une pétition en ligne totalisant plus de 16 000 signatures, une motion d’opposition à la création de la LNPN adoptée à une large majorité (97,4 % des voix) par le conseil communautaire…

Les élus de la communauté urbaine GPS&O multiplient les actions depuis plus d’un an dans le but de voir enterrer ce projet cher aux Normands.

Une nouvelle méthode accueillie fraîchement

« Le récent avis du Conseil d’État validant le schéma directeur environnemental de la Région Île-de-France (sans que la LNPN n’apparaisse sur la carte – N.D.L.R.) ne remet pas en cause le principe du projet, inscrit dans la loi d’orientation des mobilités et dans les orientations réglementaires de ce schéma », rappelle le délégué interministériel au développement de la vallée de la Seine Serge Castel, par voie de communiqué.

La nouvelle méthode de concertation dévoilée par ce dernier, lors du denier comité de pilotage (Copil), le mardi 1er juillet 2025 à Giverny (Eure), est très loin de provoquer l’enthousiasme.

« Ouvrir la porte pour la refermer immédiatement »

« Nous avons été convoqués à un Copil élargi regroupant des représentants des intercommunalités normandes et franciliennes (GPS&O, communauté d’Agglomération Saint Germain Boucles de Seine et communauté de communes des Portes de l’Île de France, en l’occurrence) pour nous annoncer que ces rencontres seraient désormais réservées aux seuls financeurs (les Régions Île-de-France et Normandie), explique Cécile Zammit-Popescu, présidente de GPS&O, qui réclamait un format de réunion élargi. Ce n’est pas un bon signal d’ouvrir la porte pour la refermer immédiatement. »

Un « dialogue territorial » à venir

À partir de septembre 2025, pendant que les élus communautaires plancheront sur le devenir de la vallée de la Seine, le délégué interministériel entamera un « dialogue territorial ». Cette sorte de nouvelle forme de concertation doit le mener jusqu’à la fin d’année 2025.

« Elle aura pour objectifs l’explication des enjeux et perspectives d’avenir des territoires de l’axe Seine et l’identification de besoins de mobilité actualisés, auxquels le projet LNPN aura vocation à répondre. »

Communiqué de la délégation interministérielle au développement de la vallée de la Seine

En décembre, le Copil doit avoir pour objet la validation d’une nouvelle feuille de route détaillée « permettant de définir très rapidement un tracé de moindre impact. »

En attente du tracé

Le tracé, c’est une des demandes plus qu’insistantes faites par la présidente de GPS&O, avec le maintien des arrêts pour les trains normands à Mantes-la-Jolie et une réflexion large sur le circuit du fret en direction de Paris.

« Les faisceaux dont nous disposons aujourd’hui sont trop larges. Ils ont un effet repoussoir sur les investisseurs intéressés par l’accès à l’A13 ou à la Seine. Cela complique le développement économique de notre territoire même si la LNPN ne se fait jamais. »

Cécile Zammit-Popescu, présidente de GPS&O

Le développement économique des deux régions est aussi l’une des principales raisons avancées par le gouvernement pour la réalisation de ce projet « d’intérêt national ».

Des intérêts nationaux ou locaux ?

Un argument largement repris par les élus normands, lors du Copil, pour le plus grand déplaisir de Cécile Zammit-Popescu. « J’ai trouvé cela extrêmement dérangeant », témoigne-t-elle.

« On nous demande d’être patriotes pour une ligne qui transportera 100 % de voyageurs dans 23 trains quotidiens. Ils gagneront dix minutes de trajet pour un coût de 11 milliards d’euros. C’est scandaleux en matière de dépenses publiques. »

Cécile Zammit-Popescu, présidente de GPS&O

Aucune solution n’a été proposée pour l’explosion annoncée du fret depuis et vers le port de Rouen qui devrait, selon la présidente, impacté les deux branches de la ligne J. « Ce n’est pas un caprice, nous ne sommes pas un paillasson, insiste-t-elle. Notre territoire ne peut pas être sacrifié pour permettre le transit des Normands. »

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