Alors que l’Île-de-France s’est positionnée comme moteur national en matière d’accessibilité, notamment avec l’accueil des Jeux Olympiques et Paralympiques (JOP) de Paris 2024, qu’en est-il réellement du terrain ?

Si les chiffres affichés sont impressionnants, ils masquent parfois des retards structurels.

Tour d’horizon d’une région en transition, entre ambitions politiques et attentes citoyennes.

Inclusion : où en est la région dans ses engagements sociaux ?

La région Île-de-France a fait du handicap sa Grande Cause régionale 2024, avec un investissement de 124 millions d’euros, dédié à des actions dans les domaines de l’emploi, du logement, du sport ou encore de la culture.

Autre levier d’action, le Plan Inclus’IF 2030, porté par l’Agence Régionale de Santé Île-de-France et la Région. Ce programme a permis le financement de plus de 3 000 solutions concrètes d’accompagnement entre 2020 et 2024.

Cependant, peu d’indicateurs permettent aujourd’hui d’évaluer concrètement l’impact de ces dispositifs à l’échelle des 8 départements franciliens. Beaucoup de familles et d’associations déplorent encore des délais d’orientation vers des structures adaptées, des listes d’attente en IME, ou encore des difficultés d’accès au logement adapté.

Transports en commun : une accessibilité en nette amélioration, mais encore incomplète

Nous sommes partis d’une page du magazine de la ville de Paris “2016 – 2025 : la révolution des transports à Paris”, édition 2025.

L’accessibilité dans les transports franciliens est présentée comme un enjeu majeur. D’après Île-de-France Mobilités, 100 % des lignes de bus à Paris sont accessibles depuis 2010, tout comme les 10 lignes de tramway urbain (199 stations).

2016 – 2025 : la révolution des transports à Paris – magazine Ville de Paris 2025

Toujours selon cette même brochure, 216 ascenseurs et 793 escaliers mécaniques équipent actuellement le réseau métro, 100 % des tramways et bus disposent d’annonces visuelles et sonores et 300 gares sont désormais accessibles à tous types de handicaps.

Une avancée majeure concerne la ligne 14 du métro parisien, devenue la première ligne 100 % accessible d’un bout à l’autre.

Cependant, la plupart du métro historique parisien reste inaccessible. Seules 29 stations réparties sur les lignes du métro 11 et 14 sont aujourd’hui accessibles. Rappelons que l’ensemble du réseau comporte 16 lignes pour un total de 308 stations desservies. Le projet « Métro pour tous », lancé à l’été 2024, ambitionne une mise en accessibilité progressive du réseau à l’horizon 2045, pour un coût estimé entre 15 et 20 milliards d’euros.

Consultez également notre article détaillant l’accessibilité en train et la mobilité dans toute la France France

L’héritage des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024 : un catalyseur à surveiller

Les JOP ont été présentés comme un accélérateur d’accessibilité, en particulier dans les villes accueillant les compétitions. De nombreux bâtiments ont été mis aux normes, et les transports à proximité des sites ont été renforcés en accessibilité. Le projet Prisme à Bobigny (Seine-Saint-Denis), qui se veut un futur modèle d’inclusion sportive, en est un exemple emblématique.

Mais l’héritage des Jeux suscite aussi des inquiétudes. Certaines infrastructures temporaires ont été démantelées. Si l’héritage paralympique est réel, il ne ne masque pas les limites pour autant . L’accessibilité des sites temporaires ne garantit pas celle de l’ensemble du territoire. Sur les réseaux sociaux, les témoignages de problèmes d’accessibilité et d’inclusion sont encore trop présents.

Consultez aussi : L’héritage des jeux olympiques et Paralympiques pour l’accessibilité et l’inclusion

Vers une région inclusive… mais à géométrie variable

Si l’on s’en tient aux chiffres, la dynamique est indéniable. Mais une lecture critique fait apparaître de fortes disparités entre les départements de Seine-Saint-Denis et de Paris, et entre les types de handicaps pris en compte (mobilité contre troubles cognitifs, par exemple).

De nombreux acteurs associatifs tels que Collectif Handicaps, APF France Handicap mais aussi l’Association pour adultes et jeunes handicapés (Apajh) ont exprimé des préoccupations concernant l’accessibilité et l’inclusion en Île-de-France. Elles appellent à un meilleur suivi des indicateurs d’impact, à une gouvernance plus participative et à un engagement durable au-delà des événements ponctuels.​