Sofia affirme ne disposer d’“aucune information” concernant la participation d’entreprises bulgares à la réparation et à l’entretien d’hélicoptères militaires russes, a déclaré mardi 8 juillet le ministre de la Défense, Atanas Zaprianov, cité par le journal en ligne libéral Mediapool.
Le ministre répondait ainsi à la question d’un député d’opposition après les révélations, il y a moins d’un mois, de deux groupes de lanceurs d’alerte : Militant Intelligence et Inform Napalm. Ce dernier se présente comme un site de fact-checking contre les infox russes, fondé par deux journalistes, ukrainien et géorgien, avec l’aide de trente “volontaires” venus de dix pays. Leurs hackers auraient réussi à s’introduire dans les serveurs de la holding aéronautique russe Vertolioty Rossii, gérant entre autres la flotte d’hélicoptères de transport de troupes Mi-8, massivement utilisés sur le terrain ukrainien. Le 12 juin, Inform Napalm a publié sur le réseau social Telegram un échantillon des documents obtenus.
Les hackers auraient eu accès à des contrats internationaux, des itinéraires de livraisons des pièces détachées, des relevés bancaires, des factures provenant de différents pays, ainsi que des archives contenant la correspondance de la holding avec les ambassades et le ministère russe de la Défense, poursuit Mediapool. Des entreprises bulgares seraient concernées, mais les lanceurs d’alerte n’ont pour l’instant pas livré plus d’information concernant leur nombre ou leur nom.
L’Égypte, “principal centre logistique”
Toujours selon ces documents, l’Égypte serait l’un des principaux centres logistiques pour la maintenance des hélicoptères Mi-17V-5 – la version du Mi-8 destinée à l’exportation. La Bulgarie serait le seul pays de l’Union européenne à avoir participé à l’entretien et à la réparation de ces appareils “en tant que partenaire, aux chaînes d’approvisionnement, aux autorisations d’export et à la logistique”, indique l’enquête. Mais la Macédoine du Nord, l’Azerbaïdjan, l’Inde, l’Algérie et la Malaisie sont également mentionnées.
Selon Mediapool, la Bulgarie dispose elle-même d’une flotte de Mi-17, certes restreinte mais fonctionnelle. “L’industrie militaire bulgare est en mesure d’assurer leur entretien et d’effectuer certaines réparations”, poursuit le journal.
Ainsi, en 2017, Moscou s’était vanté d’être sur le point de signer avec la Bulgarie, malgré les sanctions internationales à la suite de l’annexion de la Crimée, un contrat d’entretien de ses appareils Mi-17 et Mi-24, utilisés notamment en Afghanistan. La rumeur avait alors couru que les Russes avaient pris langue avec l’entreprise bulgare Avionams, liée à un sulfureux banquier en cavale, Tzvetan Vassilev. Mais Sofia n’a pas confirmé l’information.