Au début, ses deux enfants n’ont pas compris sa démarche, à Suzanne* : rencontrer des hommes violents, dans quel but ?
Les questions ont fusé, comme des accusations : est-ce qu’elle voulait excuser des maris qui battent leur femme et des pères qui cognent leurs gosses ? À leurs yeux, leur mère était une traître, voilà. « Ils n’entendaient pas que je puisse communiquer avec des gens qui avaient fait la même chose », raconte-t-elle, assise dans son canapé, les volets fermés.
Une première dans le département
« La même chose », il faut l’expliquer pour comprendre la suite de l’histoire. Pendant plusieurs années, Suzanne a été victime de violences conjugales : tentative de meurtre, séquestration, menaces de mort. Ses enfants aussi ont subi ces violences, de la part du même bourreau : leur père à eux, son ex-mari à elle. Voilà pourquoi elle a hésité à se lancer dans ce projet. « Je voulais qu’ils adhèrent, qu’ils me suivent. »
« J’étais persuadée qu’on pouvait rencontrer de l’humain derrière…