Élite
La sirène retentit sur Rennes en ce 18 mai dernier. Lucile Contal se trouve à 22 m un peu décalé à gauche des poteaux. La Plouzanéenne a alors entre ses pieds le sort de toute une saison. « Si je la mettais, c’était bon, et si je ne la mettais pas, on était reléguées. Il y avait une belle pression quand même, rembobine l’arrière. Dès que je la frappe, je sais qu’elle va passer, je lève la tête pour être sûre. »
Sans trembler malgré les cris attenants au stade, la jeune femme de 22 ans passe la pénalité, maintien son équipe (Villeneuve-d’Ascq) et condamne le Stade Rennais à évoluer à l’échelon inférieur. « Il y a des filles qui viennent me voir, hyper heureuses, mais j’étais aussi dégoûtée pour les filles de Rennes. Je connais presque toutes celles qui étaient sur le terrain, donc j’étais dégoûtée pour elles, pour le club. »
Lucile Contal après la pénalité du maintien dans les ultimes secondes. (Photo Clémentine Chartier/Clémentine Chartier.)« J’avais déjà pensé à ce scénario-là »
Tout le paradoxe est là. La Finistérienne, qui a débuté le rugby dans le club de Plouzané, est ensuite partie au Pôle espoirs de Rennes. Elle a également évolué durant cinq ans avec le Stade Rennais en parallèle.
Lucile Contal a ainsi envoyé ses anciennes partenaires en enfer. « En fait, c’était bizarre parce que j’avais déjà pensé à ce scénario-là, confie-t-elle. Parce que forcément, ça faisait une semaine qu’on savait que c’était le match du maintien à Rennes. Et je me suis fait tous les scénarios possibles dans la tête. »
Alors, elle n’a pas réellement eu d’effusion de joie au coup de sifflet final. « C’est toujours difficile de voir ton club, où tu as commencé, descendre en Élite 2, alors que ça fait 20 ans – je crois – que Rennes était en Élite 1. » C’était d’ailleurs là-bas qu’elle avait cultivé son attrait pour le but. D’abord « pas très bonne » dans ses jeunes années en Finistère, elle passe des heures et des heures à taper pour perfectionner son geste.
En seniors, elle commence à buter dans la préfecture d’Ille et Vilaine, après avoir marché dans les pas de Caroline Drouin, aujourd’hui au Lou (Lyon). « Pour moi, c’était important de maîtriser cet outil technique, confie Lucile Contal. En fait, vu que je le travaille de plus en plus, j’aime travailler cette partie technique. »
Encore deux ans sur Lille
Un vrai atout dans l’élite du rugby féminin français. Après deux ans dans le Nord, l’étudiante en Staps a pris ses quartiers à Villeneuve-d’Ascq jusqu’à en devenir l’une des « leaders qui prend les décisions sur le terrain ». Là-bas, la jeune femme était sous contrat, « un CDD sportif de 10 mois », jusqu’en juin dernier. Villeneuve-d’Ascq est d’ailleurs « le premier club » à avoir lancé l’initiative. Toujours à Lille à la rentrée prochaine et encore pour deux ans, du fait de son inscription en Master, elle se projette au moins pour autant de temps au club. Pour essayer de se maintenir avant un match aux allures d’ultimatum. Et continuer de martyriser ses adversaires au pied.