Par
Julien Ducouret
Publié le
10 juil. 2025 à 6h22
Un serpent de mer dont les origines remontent à quinze ans, à l’époque où Nicolas Sarkozy, président de la République, avait donné son feu vert au projet.
Quinze ans d’attente et un sacré coup d’arrêt il y a quelques semaines. En effet, la validation par le Conseil d’État du schéma directeur environnemental de la région Île-de-France avait mis un nouveau coup de frein à un projet ferroviaire redouté dans les Yvelines.
Les Normands, tous unis
« Au risque de prendre encore plus de retard, l’État doit prendre aujourd’hui définitivement ses responsabilités. Au sortir de ce comité de pilotage, une chose est très positive : les élus normands sont unis, quelle que soit leur sensibilité politique. »
François Ouzilleau, maire (DVD) de Vernon et conseiller régional d’opposition
Une vision totalement partagée avec Alexandre Rassaërt (président du Département de l’Eure) et Frédéric Duché (président de Seine Normandie Agglomération) : « Pour l’avenir de la Normandie, la Ligne Nouvelle Paris Normandie est incontournable ».
Et d’enchaîner : « Nous réaffirmons notre soutien unanime et indéfectible à ce projet structurant. La LNPN n’est pas une simple ligne ferroviaire de plus : elle est la clé de voûte de l’attractivité normande et un atout essentiel pour le développement national ».
Pour ses élus de l’Eure, la Normandie roule encore sur des infrastructures du XIXe siècle. La LNPN représente une modernisation indispensable qui améliorera considérablement la mobilité de nos concitoyens, réduira les temps de trajet, améliorera la fiabilité du service et renforcera l’attractivité économique de l’ensemble de l’Axe Seine.
Vidéos : en ce moment sur ActuUn projet d’intérêt national
« C’est un projet d’intérêt national qui répond à des besoins objectifs de fluidité des échanges et de désenclavement. Cependant, nous ne pouvons que déplorer les signaux ambivalents envoyés par l’État, et après 15 années de discussions, sa position doit être sans ambiguïté. »
François Ouzilleau, maire de Vernon
Dans un contexte, longtemps à couteaux tirés entre la Normandie et la présidente de la Région Île-de-France, Valérie Pécresse, l’air de Giverny a apparemment atténué quelques tensions.
Les élus normands ont même tendu la main à la patronne de la Région Capitale, ces derniers affirmant qu’ils sont « prêts à travailler ensemble », mais que cette collaboration doit s’inscrire dans une dynamique « concrète et rapide ». « Nous refusons tout nouveau calendrier étendu qui repousserait encore la réalisation d’un projet dont l’urgence n’est plus à démontrer. »
Les trois élus normands en appellent aussi à l’État afin de « clarifier sans délai sa position et de s’engager de manière ferme et sans équivoque en faveur de la LNPN. La Normandie mérite des infrastructures à la hauteur de ses ambitions et de ses besoins ».
Quinze ans d’attente
Initiée en 2009, la LNPN a franchi plusieurs étapes pour permettre de valider son ambition et affiner progressivement ses contours.
À la suite du débat public mené du 3 octobre 2011 au 3 février 2012, la LNPN a vu son opportunité validée par la décision du maître d’ouvrage en 2012.
Une première étape d’études, menée de 2014 à 2017 dans un processus de concertation sous l’égide de la CNDP, a permis l’identification de zones de passage préférentiel pour la future ligne sur les trois tronçons entre Nanterre et Mantes-la-Jolie, entre Mantes-la-Jolie et Évreux ainsi qu’entre Rouen et Yvetot.
En 2020, l’État a non seulement réaffirmé son caractère prioritaire, mais également fixé une feuille de route pour la poursuite des études.
Les aménagements entre Nanterre et Mantes-la-Jolie ainsi qu’entre Rouen et Barentin, comprenant la réalisation de la future gare à Rouen en rive gauche sur le site de Saint-Sever, ont été déclarés prioritaires.
En 2023 et 2024, les études de tracés pour ces premières sections ont fait l’objet d’échanges avec les élus locaux, les services techniques des collectivités territoriales, les opérateurs publics et privés, les aménageurs et les autres gestionnaires d’infrastructures.
En mai 2024, SNCF Réseau a engagé une phase de concertation publique portant sur les sections de ligne nouvelle « Rouen – Barentin » et « Nanterre – Mantes-la-Jolie » afin de recueillir l’avis du public sur les différents tracés possibles, leurs conditions d’insertion dans le territoire ainsi que les orientations générales pour la future gare de Rouen Saint-Sever. Plusieurs scénarios de tracés ont été alors proposés lors des réunions publiques et ateliers en mai et juin 2024 en Normandie.
A l’entrée de la période de réserve électorale liée aux élections législatives en juin 2024, la concertation a été mise en pause. De fait, la présentation des scénarios de tracés possibles en Ile-de-France initialement prévue courant juin 2024, a dû être reportée.
Présent lors du comité de pilotage (Copil) à Giverny, Jean-Baptiste Gastinne, vice-président de la Région chargé des transports, réaffirme que la LNPN « est et doit rester un projet d’intérêt national voire européen ».
Projet d’intérêt national
« Il faut rappeler l’intérêt que représente la LNPN pour le développement d’un axe Seine irrigué par ses ports d’intérêt national : la cohérence avec la stratégie fret national. »
Selon, le vice-président de la Région Normandie, les collectivités ont besoin d’une « position claire et d’un engagement fort de l’État sur ce projet », ainsi que des efforts pour tenir un calendrier serré. « À ce titre, on peut regretter que l’empêchement du Ministre de se rendre au Copil n’ait pas permis d’entendre une parole plus forte du gouvernement. »
Pour Jean-Baptiste Gastinne, le succès du projet passe par une remise à plat pour que le dialogue territorial s’engage à nouveau « autour d’une nouvelle démarche avec l’ensemble des parties, l’Etat, l’Île-de-France et la Normandie ».
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