Lors de son dîner lundi avec le président américain, le premier ministre israélien a souhaité le remercier «pour les grosses et belles bombes de Midnight Hammer».

Un signe de protection divine à l’apparence d’une défense bien humaine. Lundi 7 juillet, au premier jour de sa visite à Washington, juste avant leur dîner, le premier ministre israélien Benyamin Netanyahou a offert au président américain Donald Trump un cadeau aussi religieux que martial. Le premier a tendu au second une mezouza en forme de bombardier américain furtif B-2 fabriqué à partir de restes d’un missile israélien, raconte ce vendredi la presse israélienne, qui a diffusé des images filmées de la scène, néanmoins muettes, partagées par le cabinet du chef du gouvernement israélien.

L’on y voit le locataire de la Maison-Blanche se pencher sur l’aéronef argenté similaire dans son dessin à ceux qui ont permis aux États-Unis de bombarder dans la nuit du 21 au 22 juin deux sites nucléaires iraniens – Fordo et Natanz -, Washington s’étant ainsi associé aux frappes israéliennes de la «guerre de douze jours». À l’issue de cette démonstration symbolique de la doctrine de «paix par la force» vantée par Donald Trump, les armes se sont tues entre Téhéran et Tel-Aviv.


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«En remerciement pour les grosses et belles bombes»

Dans la religion juive, une mezouza est un objet de culte fixé au chambranle des portes d’une habitation, notamment de la porte d’entrée d’une demeure. Symbole de la protection de Dieu, elle contient un parchemin figurant les mots du Shema, une prière juive traditionnelle, protégé dans un étui décoratif.

La mezouza offerte à la Maison-Blanche est accompagnée d’une petite plaque métallique sur laquelle il est possible de lire : «Au président Donald J. Trump, en remerciement pour les grosses et belles bombes de Midnight Hammer». Plusieurs références s’y glissent : «Midnight Hammer» (marteau de minuit, NDLR) est le nom de l’opération de bombardement américaine ; les bombes sont les GBU-57, des armes anti-bunker massives de 14 tonnes ; les adjectifs renvoient quant à eux à la nouvelle loi budgétaire de Donald Trump qu’il qualifie de «grande et belle».

L’œuvre a été réalisée par l’artiste israélien Yaron Bob, dont les œuvres sont conçues à partir de roquettes et d’éclats d’obus abattus. Sur les réseaux sociaux, le forgeron a laissé entendre que la mezouza a été créée à partir de débris de missiles iraniens abattus. Dans une interview au journal Maariv, l’artiste explique en revanche que l’idée du B-2 vient du cabinet de Netanyahou lui-même. Le rouleau de la mezouza «est situé exactement à l’endroit où se trouve l’armement du B2, qui est la partie puissante à la fois de l’avion et de la mezouza… Je suis heureux du privilège que j’ai eu de le faire», a-t-il salué.

Le premier ministre israélien n’en est pas à son coup d’essai. En février, lors de sa précédente visite à la Maison-Blanche, Benyamin Netanyahou avait offert à Donald Trump un téléavertisseur doré, référence à l’opération clandestine des «bipeurs » piégés qui avait décimé le Hezbollah au Liban. Le locataire de la Maison-Blanche avait trouvé le cadeau dérangeant, selon le New York Times. Sera-t-il plus sensible au B-2 ?