Le Royaume-Uni est plus multilingue que jamais, mais son gouvernement semble l’ignorer. Dans The Guardian, la journaliste Laura Spinney, qui est notamment l’autrice d’un livre sur l’histoire des langues, rappelle que, si l’anglais reste la langue dominante, il cohabite avec des centaines d’autres idiomes, parlés par une partie croissante de la population. Pourtant, cette richesse linguistique est non seulement sous-exploitée, mais parfois même niée par les autorités.
En 2014, un groupe parlementaire estimait que les compétences linguistiques inexploitées du pays représentaient une valeur de 48 milliards de livres sterling, soit plus de 57 milliards d’euros. Depuis, cette manne potentielle n’a fait que croître, alors que le Brexit a redirigé l’économie britannique vers des marchés non européens :
“Si vous achetez, l’anglais suffit, mais si vous vendez, mieux vaut parler la langue du client.”
Malgré cela, la politique linguistique britannique repose sur un aveuglement persistant. Le recensement de 2021, par exemple, n’a posé qu’une seule question sur les langues parlées, qui consistait à demander aux répondants d’indiquer leur “langue principale”, excluant par conséquent toute réponse nuancée. “C’est comme demander à un parent de plusieurs enfants : ‘Quel est votre enfant principal ?’” critique Thomas Bak, neuroscientifique à l’université d’Édimbourg. Des chercheurs réclament une révision de cette question pour refléter la réalité du multilinguisme, mais leur demande reste lettre morte.
Les écoles britanniques témoignent pourtant de cette diversité croissante : un élève sur cinq a une langue maternelle autre que l’anglais. Mais le système éducatif ne valorise guère ces compétences. Dans un monde où la demande en traducteurs et enseignants explose, le gouvernement pourrait mieux intégrer ces bilingues à la société et à l’économie. “Rendre nos langues visibles” et diversifier l’enseignement au-delà des classiques allemand et espagnol serait un premier pas, plaide Spinney. Car contrairement à une idée reçue, le monolinguisme est loin d’être la norme historique. Il fut, rappelle-t-elle, “une invention de l’État-nation, une aspiration plus qu’une réalité”.
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