Et si on pouvait faire du sport de haut niveau… sans prendre l’avion ? C’est le pari un peu fou de Sacha Klein, 26 ans, joueur de beach-volley au Ré Beach Club, qui repense sa carrière à l’aune de l’urgence climatique.
Formé à l’INSA Toulouse, Sacha est ingénieur en climat-énergie. Dans sa vie professionnelle, il accompagne les entreprises dans la réduction de leur empreinte carbone. Un engagement qui entre rapidement en contradiction avec sa pratique sportive. « J’ai commencé le volley à 6 ans. Puis je suis passé au beach, et j’ai intégré le Pôle France à Toulouse », raconte-t-il.
Mais à force d’enchaîner les compétitions à travers l’Europe, de la Turquie au Portugal, en passant par la Pologne, parfois pour un seul match, le décalage devient trop pesant. « Prendre l’avion, polluer autant pour rester si peu… ça n’avait plus de sens. J’ai ralenti, je ne voulais plus faire ça. »
Une alternative à l’avion
Avec son coéquipier Melvin Delanghe, qui partage les mêmes convictions, ils décident de concilier exigence sportive et conscience écologique. Ensemble, ils adoptent la mobilité douce, ou « voyage bas carbone » : un mode de déplacement volontairement lent et sobre. « On a pris le bus, le train, le ferry. Et parfois, on est même rentrés en stop, pour le côté humain. » Leur périple vers une compétition à Tenerife leur a pris deux jours, mais leur a permis de diviser par trois leurs émissions de CO2. « Et surtout, c’est une autre façon de voyager. On ralentit, on voit les paysages défiler, on revient à la vraie définition du mot voyage. »
« Je ne veux pas donner de leçon, juste prouver qu’il existe des alternatives »
Ce choix implique des contraintes, mais elles restent maîtrisables : « Il suffit de s’organiser. On a une compétition mardi à Grenade, alors on prévoit d’arriver dimanche. Il faut prévoir une journée de marge, mais ce n’est pas un frein. » D’autres tournois, en revanche, sont volontairement écartés : « Il y a des compétitions qui seraient à mon niveau, mais auxquelles je ne vais pas parce que trop loin », explique-t-il, en évoquant une étape aux Philippines.
Conscient que sa démarche individuelle ne suffira pas à changer la donne, Sacha a rejoint Les Climatosportifs, un collectif d’athlètes engagés pour une transition écologique par le sport. Il a aussi participé au Climate Sport Camp, un événement réunissant une trentaine de sportifs de haut niveau déjà mobilisés. « On a eu la visite de Marie Barsacq, ministre des Sports, avec qui on a pu faire un plaidoyer pour remettre l’écologie au cœur des politiques sportives. »
Sensibiliser au défi climatique
Sacha mise aussi sur la sensibilisation. Il partage ses trajets, ses réflexions et ses choix sur Instagram (@sacha_klnn) et souhaite intervenir dans les collèges et lycées. « Je ne veux pas donner de leçon, juste prouver qu’il existe des alternatives à l’avion, même pour un sportif de haut niveau. »
Un discours qui commence à faire son chemin. « Certains sponsors nous suivent justement pour ce message de sobriété. » Il en espère d’autres, prêts à soutenir un sport en transition. Pour continuer à jouer haut, sans faire grimper le thermomètre.