L’accès aux urgences bientôt soumis à une régulation ? La mesure a été confirmée ce mercredi 9 juillet, à Ajaccio par l’agence régionale de santé (ARS), à l’occasion de la présentation de son plan estival 2025.

Parmi les mesures annoncées, une évolution marquante à Bastia : à compter du 15 juillet, l’accès au service des urgences sera conditionné à un appel préalable au 15, sauf en cas d’urgence vitale.

Une régulation qui vise à mieux orienter les patients et à préserver les capacités hospitalières durant la période estivale. « Nous n’avons pas pu forcément armer l’hôpital de Bastia à la hauteur de ce que nous souhaitions », regrette Marie-Hélène Lecenne, directrice générale de l’ARS Corse. À l’occasion de son point presse annuel, elle annonce prendre « une décision nouvelle pour la Corse ».

Prioriser les patients selon la gravité de leur état

Si la régulation ne vise, pour l’heure, que le centre hospitalier de Bastia, elle s’inscrit dans un contexte plus large de tension sur le système de santé insulaire.

Face à des ressources médicales limitées, chaque passage non justifié aux urgences risque d’allonger les délais pour les vraies situations critiques. « Un accès régulé au service des urgences permettra de mieux prioriser les patients en fonction de la gravité de leur état », précise l’ARS.

Objectif affiché : soulager les équipes soignantes et assurer un accueil sécurisé des patients, dans un contexte où les renforts se raréfient et les plannings restent partiellement couverts à Bastia. Une conférence de presse est prévue ce jeudi 10 juillet, à Bastia, pour en préciser les modalités.

Cette réorganisation s’accompagne du développement de solutions de proximité, destinées à éviter les passages inutiles à l’hôpital. Sur le terrain, l’offre s’est étoffée : une trentaine de pharmacies corses participent désormais au dispositif Osys (orientation dans le système de soins), lancé en janvier 2024.

Elles peuvent traiter certaines pathologies bénignes, effectuer des tests rapides et délivrer, si nécessaire, des antibiotiques sans consultation médicale. « Ce dispositif expérimental élargit le périmètre des réponses des pharmaciens », indique l’ARS, précisant que la cartographie est d’ores et déjà disponible au grand public.

Un parcours d’orientation en trois étapes

Par-delà l’annonce de la régulation bastiaise, l’ARS propose un parcours d’orientation structuré. D’abord, contacter son médecin traitant, qui reste l’interlocuteur privilégié. « La plupart des praticiens insulaires restent mobilisés durant l’été », rappelle Marie-Hélène Lecenne, laquelle appelle à se tourner dans un deuxième temps vers le site santé.fr.

Le patient peut ainsi consulter les lieux de soins disponibles à proximité, y compris les cabinets ouverts sans rendez-vous.

Enfin, en cas de doute ou à défaut de solution, il s’agit de décrocher son téléphone. « Avec le service d’accès aux soins, un simple appel au 15 permet de trouver la réponse adaptée à son besoin », souligne l’ARS. Au médecin régulateur d’évaluer la situation et d’orienter vers la prise en charge la plus adaptée : consultation, maison médicale de garde, pharmacie ou urgences, le cas échéant.

Vers un désengorgement des hôpitaux ?

Enfin, pour soulager l’hôpital, l’ARS préfère miser sur un maillage resserré des soins : hospitalisation à domicile, appui du secteur privé ou encore mobilisation des Ehpad et des services de suite. Mais à Bastia comme ailleurs, l’objectif reste le même : fluidifier les parcours et garantir une réponse adaptée, sans alourdir les services hospitaliers.