Par
Laurène Fertin
Publié le
10 juil. 2025 à 17h56
« C’est une victoire » mais qui reste toute relative. Ce jeudi 10 juillet 2025, à Rennes, une solution d’hébergement a été trouvée pour six jeunes filles mineures non accompagnées, soutenues par l’association Utopia 56.
Depuis la veille, mercredi 9 juillet, celles-ci ont posé leur tente au square Joseph-Loth (non loin de l’avenue Jean-Janvier) alors que leur demande de campement au Palais Saint-Georges (rue Gambetta) a été refusée par la préfecture.
Nous vous en parlions dans cet article, organisé en collectif, une soixantaine de jeunes femmes et hommes ont organisé une conférence de presse afin d’alerter sur leurs conditions de vie, le 27 juin dernier, sur leur lieu de vie au parc de Maurepas. Non reconnus comme mineurs par le département d’Ille-et-Vilaine, toutes et tous sont en recours judiciaire pour faire valoir ce droit. Parmi eux, « de plus en plus de jeunes filles […] âgées de 14, 15 et 16 ans » qu’accompagne l’association rennaise.
« On s’est retrouvé dos au mur »
« Jusqu’à mercredi », rembobine Suzanne Mamet, coordinatrice et salariée d’Utopia 56, « on a réussi à trouver des solutions d’hébergement pour les jeunes filles mineures via notre réseau d’hébergeurs solidaires, mais cela est devenu de plus en plus compliqué. Les week-ends, on s’est retrouvé un peu dos au mur. »
Ces jeunes filles mineures souhaitent en effet être hébergées pendant le temps de leur recours judiciaire dans un foyer pour mineur sécurisé et non partagé avec des hommes adultes. « Il ne faut pas oublier que ces jeunes femmes ont des parcours migratoires traumatiques », souligne Suzanne Mamet.
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On a donc été contraint de leur proposer de dormir en tente dans le square Joseph-Loth en espérant qu’en mobilisant les institutions, face à cette situation d’urgence, le département et la préfecture nous répondent. Le campement que nous voulions installer au square Saint-Georges avait été cadenassé et fermé.
Suzanne Mamet
Coordinatrice de l’association Utopia 56
Des échanges
Mais « malgré ce changement de lieu, la police nationale est venue nous voir en nous sommant de partir », abonde Suzanne Mamet.
Après quelques échanges avec un élu de la Ville de Rennes, les mineures ont pu prolonger de quelques heures leur installation. « La police nous a toutefois demandé une autorisation écrite de la mairie pour que nous puissions rester ; dans le cas contraire, nous devions partir à 10h, ce jeudi, du square Joseph-Loth. » Sans attestation écrite, toutes et tous ont dû quitter les lieux.
Nous avons interpellé d’autres élus ainsi que la maire de Rennes, Nathalie Appéré. Nous avons également sollicité la préfecture et le département.
Suzanne Mamet
Coordinatrice de l’association Utopia 56
Vers midi, les mineures isolées ont reçu sur le lieu du campement le directeur de la DDTES (Direction départementale de l’emploi, du travail et des solidarités) – représentant la préfecture – ainsi que le directeur territorial de l’association Aurore, qui propose des hébergements sociaux pour des adultes et des familles en difficulté.
Une solution temporaire trouvée
Il a donc été proposé aux six jeunes mineures de s’installer dans un foyer de l’association, situé à Montgermont (Ille-et-Vilaine).
C’est quand même une victoire de savoir qu’elles ne dormiront plus dehors. Qu’elles pourront dormir en fermant leur porte à clef, en sécurité.
Suzanne Mamet
Coordinatrice de l’association Utopia 56
« Ce qui est problématique, toutefois, c’est qu’on ne sait pas pour combien de temps », nuance Suzanne Mamet. « Depuis le début, nous n’avons aucun retour du département, alors qu’il est responsable des mineures. C’est silence radio. »
Une jeune femme « perdue de vue »
Depuis décembre 2024, l’association Utopia 56 a rencontré 12 jeunes filles mineures. Huit sont actuellement accompagnées. Une jeune fille, « qui a eu très peur de se retrouver en campement, s’est retirée », ajoute Suzanne Mamet.
Une autre jeune fille, qui devait partir au foyer de Montgermont, n’a plus donné de nouvelles. « Nous l’avons perdue de vue malheureusement. Ce sont des choses qui arrivent, car ces jeunes femmes sont très isolées et vulnérables. »
Six, en tout, comme nous le disions plus haut, sont ainsi prises en charge au foyer de Montgermont depuis ce jeudi 10 juillet.
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