Chaque année en Alsace Moselle, un peu avant le 14 juillet, une prière pour la République résonne solennellement dans les synagogues consistoriales, la cathédrale de Strasbourg et une église de l’Union des Églises protestantes. Qui l’eut cru ? Cette tradition est un reliquat du… Concordat signé entre Napoléon Bonaparte et le pape Pie VII en 1801. Devenue obsolète après la loi de 1905 sur la séparation des Églises et de l’État, elle a persisté dans les synagogues françaises (où elle est dite à chaque shabbat tout au long de l’année) et les trois départements de l’Est, où le droit local des cultes est toujours en vigueur.

Une première en Alsace Moselle

Oui, mais… L’islam hexagonal, quasi inexistant au temps de Bonaparte, n’a pas été inclus dans le droit local. La « prière pour la République française » initiée officiellement ce vendredi matin à la Grande mosquée de Strasbourg, en présence du préfet, de la maire et autres VIP, est donc inédite en Alsace Moselle.

« Face aux tentatives de division qui menacent notre cohésion nationale, cette prière est une affirmation de plus que l’islam que nous vivons s’inscrit pleinement dans les principes républicains. La laïcité, loin d’être une contrainte, offre un cadre propice à une pratique libre et apaisée, dans le respect de l’ordre public, de l’histoire et des valeurs de la France », écrit la Grande Mosquée de Strasbourg dans son communiqué.

« Cette idée était à l’étude depuis quelques années », rappelle Saïd Aalla, le président de la Grande mosquée. « Avec l’appui des autres cultes et des pouvoirs publics, on s’est dit que c’était le moment de le faire. » Rappelons qu’au niveau national, des associations musulmanes ont appelé à prier pour la France après les attentats djihadistes de janvier 2015. Depuis cette année, la grande mosquée de Paris a institué cette prière à la fin de ses prêches du vendredi.