Le Beausset frôle la crise de nerfs. Hystérie au pays de Manon des sources où le prix de l’eau et les factures en forte hausse que doivent acquitter les Beaussetans étaient au cœur d’une réunion publique sous très haute tension, mercredi soir Espace Azur.

Un dialogue de sourds qui a davantage attisé les braises que convaincu, qu’a tenté d’engager, dans la plus grande cacophonie malheureusement, la communauté d’agglomération Sud Sainte Baume (à qui la compétence eau et assainissement a été transférée en 2019) et la commune du Beausset avec le renfort de représentants de Veolia, nouveau titulaire de la délégation de service publique, sur le gril.

« Qu’est-ce qu’on fait? On ferme les portes et on organise une deuxième réunion? » A 19h, alors que la salle Azur était archi-comble, remplie de Beaussetans et d’usagers venus même d’autres communes, comme de Signes, Édouard Friedler, le maire, est allé à la rencontre de la centaine de personnes massée à l’extérieur pour leur demander de patienter jusqu’à la tenue d’une seconde réunion qui, a-t-il confirmé, sera organisée jeudi 17 juillet à 19h, Espace Azur. Ambiance.

Huées et interruptions

À l’intérieur, sur une estrade, face à une foule remontée, sous les huées et les interruptions virulentes, à la limite de l’insulte, Patrick Gabet, chef de mission promotion du territoire à l’agglo Sud Sainte Baume (CASSB), Édouard Friedler, Jean-Paul Joseph, maire de Bandol et président de la CASSB à la tête de laquelle il a succédé début 2025 à Blandine Monier, maire d’Évenos, présente à ses côtés, et trois délégués de Veolia (1) ont tenté jusqu’au bout de rassurer et d’apaiser en déroulant leurs arguments avec la projection d’un diaporama en support.

En vain. Sans réussir à convaincre. Sous une salve d’interruptions. « Soyez honnête! Arrêtez de nous mentir! Vous pouvez expliquer ce que vous voulez mais vous doublez le prix de l’eau! On sait compter! Je subis une augmentation de 285%! Pourquoi la gestion n’est-elle plus communale? Vous êtes de mauvais gestionnaires! » Tandis que dans force éclats de voix, l’affaire tournait même au règlement de comptes politique entre Édouard Friedler et son opposant Claude Alimi, à l’extérieur, un intervenant s’adressait à la foule en argumentant en faveur de la création d’un collectif de défense des usagers.

Leur facture d’eau à la main, plusieurs Beaussetans se présentaient devant l’estrade où ils interpellaient directement élus et délégué de Veolia qui, à 21h, répondaient individuellement aux questions alors que la salle se vidait.

1. Les représentants de Veolia: Yannick Bailblé, président du développement territoire Var Provence Méditerranée, Laurent Jeanselme, directeur consommateurs, et Sonia Domergue, manager opérationnelle.

« Lissée sur 2025, l’augmentation sera légère »

Les prochaines factures d’eau, en décembre 2025, seront scrutées à la loupe. Hier les intervenants ont tenté d’expliquer pourquoi la dernière, une facture de démarrage, était aussi élevée et de rassurer les usagers sur les suivantes.

« On demande aux gens de payer l’équivalent de quatre factures d’un coup », désamorce Patrick Gabet, chef de mission promotion du territoire à l’agglo Sud Sainte Baume (CASSB). Avec des difficultés à se faire entendre, Jean-Paul Joseph, président de la CASSB, est d’abord revenu sur l’historique, justifiant le choix d’une délégation de service public, expliquant en substance que l’agglo, à qui est revenu l’exercice de la compétence, n’était pas en capacité de gérer l’eau et l’assainissement sur son territoire. Un domaine souffrant « d’un retard d’investissements depuis plusieurs décennies et dans lequel 17 millions d’euros de travaux vont être engagés sur sept ans ».

Le prix du m3 d’eau a baissé

Dans les faits, la première facture de Veolia regroupe le paiement de la part de l’abonnement dû à l’agglo et à Veolia. Des abonnements désormais regroupés qui courent de novembre 2024 à mai 2025. Mais aussi le paiement, en avance, de l’abonnement qui court du 1er juin au 31 décembre 2025. A cela s’ajoute, le rattrapage de consommation de novembre 2024 à mai de cette année, avec même, une baisse du prix du mêtre cube d’eau. Enfin, les parts eau potable et assainissement sont maintenant regroupées sur une même facture alors qu’auparavant il y a avait deux mois de décalage entre elles.

« Lissée sur l’année, l’augmentation globale sera légère », promet Jean-Paul Joseph. De l’ordre de plus 2,45 euros HT par mois pour une famille qui vit dans 120 m2. Par ailleurs des reports de l’échéance de paiement pourront être accordés, avec possibilité de paiement échelonné, de même que les pénalités de retard seront supprimées. Un fonds de solidarité eau a enfin été activé au niveau des CCAS.