Le torchon brûle sur la place Saint-Vincent, à côté des halles municipales. Sur cette petite place historique de la ville, les murs sont proches… donc tout résonne beaucoup! « Et le son monte. Du mercredi au samedi soir, c’est devenu infernal. On appréhende l’été qui commence. Bruit, urine sur les murs et foule, ça suffit maintenant! »
Miriam, Christine, Errol et Alain sont tous locataires ou propriétaires d’appartements qui donnent sur la place. Et avec cette chaleur, impossible de survivre sans faire circuler l’air. Le son rentre donc dans les logements tous les soirs de fin de semaine.
» J’ai une terrasse en hauteur où le bruit et la musique m’empêchent d’y rester. C’est comme si j’étais à l’intérieur des bars tous les soirs! Le niveau sonore est le même. Et, au rez-de-chaussée, je ne peux même plus accéder à mon local car du monde s’entasse, dès 23h, devant les commerces. Ça ne peut plus durer », indique l’un d’eux. Son voisin abonde: « J’ai fait des travaux onéreux pour me protéger du bruit mais ça ne change rien. Dans mon logement, la température monte à 34,3°. Comment survivre comme ça tout l’été, je vous le demande! »
« Des efforts pour que tout se passe bien »
Mécontents, les habitants ont fait feu de tout bois: lettres à la mairie, au procureur, à la préfecture… « Cela n’a rien donné pour l’instant », déplorent-ils.
Les cafés et bars visés se défendent: » On finit de servir les gens à minuit car plus personne ne doit être en terrasse à 1h du matin. C’est la règle et on s’y conforme. Il me semble que ce sont des horaires raisonnables pour limiter les nuisances nocturnes, non? », interpelle James, barman au Jeanne, l’un des deux établissements phares de la place Saint-Vincent. « Quant aux concerts, on n’a droit qu’à deux prestations par mois. On ne peut pas dire que ce soit exagéré. On fait des efforts pour que tout le monde se sente bien dans ce quartier si sympa. »
Même sentiment du côté du café Pop, géré par Hélène et Michel: « Nous avons l’autorisation de 2h du matin mais, volontairement, on ferme dès 1h. Ici, c’est un nouveau lieu de vie mais on fait tout pour que le bruit ne sorte pas du café. Cet été, on peut organiser deux live par semaine mais tout doit être terminé à 22h30. On s’y tient. »
« Une vraie caisse de résonance »
Les occupants en colère, eux, sont aussi adhérents du CIL (comité d’intérêt local) centre historique qui a pris des initiatives. « Il est vrai que ce secteur est une vraie caisse de résonance. Chacun doit donc y mettre du sien. On ne veut pas rompre le dialogue », commente Jean-Louis Trouvé, le président.
Effectivement, les bars situés autour de la place Saint-Vincent semblent respecter les autorisations d’ouverture fixées par la mairie. Mais on sait aussi que, par cette chaleur, il est difficile de rester portes et fenêtres closes quand on accueille du public.
Et, en plus du bruit, s’ajoute forcément la foule car la place Saint-Vincent est devenue un endroit banché où sortir en fin de semaine. « Entre les fumeurs et ceux qui traînent la nuit après la fermeture, on ne peut même plus traverser la place tant il y a de monde! », déplorent les habitants. « Sans compter les murs couverts d’urine qu’il faut nettoyer le lendemain matin pour éviter les odeurs… »
« Qu’ils gèrent leurs clients! »
L’atmosphère est devenue si tendue qu’une habitante a préféré partir en Normandie passer quelques jours pour se reposer car, chez elle, elle n’arrivait plus à dormir. Une autre se rend dans sa famille hors de la ville tous les soirs de fin de semaine pour trouver le repos. » On demande seulement que les commerces respectent le voisinage et qu’ils gèrent leurs clients pour abaisser les niveaux sonores et les éclats de voix », résument-ils.
« Il se produit là ce qui s’est produit aux débuts de la place de l’Équerre », observe Christophe Moreno, adjoint à la dynamisation commerciale de la mairie.
» Le café Jeanne et la Scélérate ont l’autorisation de rester ouverts jusqu’à 1h du matin. Le café Pop et le Bouillotte ont l’accord pour fermer à 2h du matin. Mais la police municipale fait des patrouilles et reste vigilante concernant les niveaux de bruit. Jusqu’à présent, aucun débordement n’a été constaté. Ceci dit, on comprend l’exaspération des habitants mais toute activité génère du bruit dans cette configuration de places étroites comme celle de Saint-Vincent ou Raspail. Sans activité, on nous dit, la place est morte. Et, dès que ça bouge, on nous dit: cela fait trop de bruit. Il faut trouver un équilibre qui contente tout le monde. »