Par

Adrien Tisserand

Publié le

10 juil. 2025 à 20h40

Du 1er octobre 2024 au 21 mai 2025, 85 victimes se sont vues dérober des accessoires automobiles, près de Rouen. Parmi les objets volés, on retrouve principalement des jantes, mais aussi des crics, des roues de secours, etc. Les vols sont commis avec des dégradations sur les véhicules (custodes brisées, antivols cassés, parfois des rayures ou des vitres brisées). Les suspects de ces vols étaient jugés au tribunal de Rouen ce mercredi 9 juillet 2025.

Un préjudice matériel important

À l’audience, les victimes présentes réclament chacune plusieurs centaines d’euros de préjudice moral et matériel. Leur véhicule a dû être immobilisé parfois plusieurs semaines, avec des conséquences sur leur vie professionnelle et personnelle. Le préjudice total est estimé à 200 000 euros. 

Les prévenus sont au nombre de quatre et se connaissent : trois d’entre eux, des jeunes hommes, sont accusés de vols avec dégradation et en réunion avec le cousin de l’un d’eux, mineur. Deux sont en détention provisoire, Youssef* et Rayane*.

L’autre, Nathan*, est sous contrôle judiciaire. Il est accusé d’avoir participé aux vols d’octobre à décembre 2024. Il dit « être un simple exécutant » et reconnait le faire « pour gagner un peu d’argent ». Ensemble, ils ont monté un trafic de revente de jantes, organisé via l’application Snapchat. Youssef affirme qu’il pouvait toucher jusqu’à « 200 euros » par jante. 

Toujours le même mode opératoire

Le mode opératoire utilisé par les trois hommes est répété et « professionnel » : ils se rejoignent au milieu de la nuit (généralement entre 1 heure et 7 heures du matin) devant le domicile de Youssef, puis ciblent des zones résidentielles calmes dans l’agglomération de Rouen. Des communes telles que Montville, Franqueville Saint-Pierre, Boos ou encore Barentin ont été visées.

Une fois sur place, ils démontent des pièces de certains modèles de voitures : surtout des Peugeot 2008, 3008 ou des Mercedes. « Ça se revend mieux », reconnait Youssef. Ils peuvent commettre jusqu’à 10 vols par nuit puis rentrent au petit matin avec leur butin.

Des prévenus désinvoltes à l’audience 

La quatrième prévenue, Selma*, est la compagne de Rayane. Elle est accusée de conduite sans permis et de recel de biens volés. À l’audience, elle change de version par rapport à sa garde à vue et affirme cette fois « avoir assisté aux transactions, mais ne pas participer ». Les roues volées étaient pourtant entreposées à son domicile, où elle vivait avec Rayane.

À la barre, les explications des autres prévenus sont balbutiantes : Rayane ne cesse de répéter qu’il « maintient les déclarations faites aux enquêteurs ». Il affirme ne pas connaitre Youssef et Nathan et ne pas avoir été là au moment des faits. Pourtant, son téléphone borne à chaque fois sur les lieux, son ADN est aussi retrouvé sur une boite à gants, par exemple. Les caméras de surveillance ont aussi permis de les identifier à plusieurs reprises. 

« Ce n’est pas un jeu »

Le ministère public rappelle que « le nombre de faits est conséquent et impose la culpabilité ». Il souligne que « les prévenus sont incapables de s’expliquer » et que leurs justifications sont minimes ou partielles : « Dire que son téléphone a été volé, ne borne pas ou que les vols n’ont pas été commis, ce n’est pas possible ». 

La défense de Rayane plaide une « peine ferme mais bienveillante », bien que son client ait déjà été incarcéré pendant un an et demi pour une affaire similaire. La défense de Youssef demande à « ne pas juger au poids, malgré le nombre de faits reprochés ». Il déclare : « trois ans de prison pour du vol de jantes, c’est beaucoup. Il faut une échelle des peines« . 

Le ministère public requiert six mois d’emprisonnement assorti d’un sursis de deux ans pour Selma, six mois d’emprisonnement avec un aménagement de la peine pour Nathan, deux ans d’emprisonnement pour Rayane, et dix-huit mois d’emprisonnement avec une révocation du sursis probatoire pour Youssef. Le délibéré sera rendu le 21 juillet prochain. 

*Les prénoms ont été modifiés

**Tout justiciable demeure présumé innocent tant que toutes les voies de recours n’ont pas été épuisées

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