Après plusieurs mois de tension, l’Europe et la Chine pourraient bientôt reprendre leurs négociations autour des frais de douane sur l’importation de voitures électriques avec, potentiellement, de nouvelles conditions.

EN BREF

  • En 2024, l’Union européenne a augmenté les droits de douane jusqu’à 45,3 % sur certains véhicules chinois.

  • Bruxelles et Pékin discutent d’un prix minimum pour les voitures électriques chinoises en Europe, mais un accord contraignant est nécessaire pour remplacer les tarifs actuels.

  • Les tensions commerciales n’ont pas freiné les exportations chinoises, mais les ventes de voitures électriques ont chuté, tandis que les hybrides rechargeables prospèrent.

Droits de douane encore et toujours. Après avoir été au centre des débats entre les États-Unis et l’Europe sous l’impulsion de Donald Trump, c’est désormais l’Union européenne qui se retrouve au cœur d’un bras de fer commercial avec la Chine. Cette fois, l »enjeu porte sur les voitures électriques produites en Chine et exportées vers l’Europe.

Ces derniers jours, Bruxelles a repris contact avec Pékin pour discuter d’une alternative aux droits de douane actuellement en vigueur. L’option envisagée : l’introduction d’un prix minimum pour les véhicules électriques chinois vendus sur le marché européen. Un projet déjà évoqué à l’automne dernier, mais resté lettre morte faute d’accord.

Vers un abaissement des tensions entre l’UE et la Chine ?

Selon un porte-parole de la Commission européenne, à l’issue d’un entretien entre le commissaire européen Maros Sefcovic et le ministre chinois du Commerce Wang Wentao, les deux parties seraient désormais prêtes à entamer rapidement des négociations concrètes.

Maros Sefcovic a toutefois précisé que tout accord devra être aussi contraignant et efficace que les mesures tarifaires actuellement en place. Jusqu’à présent, l’UE n’avait appliqué ce type d’engagements de prix que sur des produits standardisés, jamais sur des biens aussi complexes que les automobiles. La Commission reste néanmoins prudente : un prix plancher ne suffirait peut-être pas à compenser l’avantage concurrentiel que confèrent aux constructeurs chinois les subventions étatiques massives.

Depuis 2024, l’Union européenne a relevé les droits de douane jusqu’à 45,3 % pour certains constructeurs chinois, s’ajoutant au droit de douane standard de 10 %. Cette mesure protectionniste a jeté un froid sur les relations commerciales entre l’UE et la Chine, provoquant des mesures de rétorsion, notamment sur des produits comme le cognac français, touchant des marques telles que Hennessy ou Pernod Ricard.

Les marques chinoises ont su rapidement s’adapter

Les constructeurs allemands, fortement dépendants du marché chinois, ont exprimé leur vive opposition à ces mesures. L’association de l’industrie automobile allemande VDA les a qualifiées « d’erreur », plaidant pour une solution par le dialogue afin d’éviter une escalade commerciale dommageable pour tous.

Malgré les tensions, les exportations chinoises vers l’Europe ne ralentissent pas : en février, les ventes de véhicules chinois ont bondi de 64 %. Toutefois, les voitures 100 % électriques — visées par les nouvelles taxes — ont vu leurs ventes reculer. En revanche, les hybrides rechargeables, pour l’instant épargnés par les droits de douane, enregistrent une forte progression.