Il s’agit des premières attaques menées depuis plusieurs mois par les Houthis contre des bateaux qu’ils estiment liés à Israël. Les rebelles yéménites, soutenus par l’Iran, ont revendiqué mercredi 9 juillet au soir une attaque contre un navire marchand en mer Rouge, la deuxième en 24 heures contre un bateau dans cette voie maritime essentielle pour le commerce mondial.
«La force navale a visé le navire Eternity C», a déclaré le porte-parole militaire des rebelles, Yahya Saree, parlant d’un acte de solidarité avec les Palestiniens de Gaza, en proie à la guerre entre Israël et le Hamas. Selon lui, le navire se dirigeait vers le port d’Eilat, dans le sud d’Israël. L’attaque a été menée par des missiles et des embarcations, selon lui. Les Houthis ont publié une vidéo de l’attaque du bateau.
La mission européenne Aspides déployée dans la zone a fait savoir que trois membres de l’équipage du vraquier avaient été tués et au moins deux autres blessés, alors que six ont été secourus. Les recherches se poursuivent, selon elle, pour retrouver 19 autres personnes qui étaient à bord de ce navire battant pavillon libérien qui a fini par couler, au large du port yéménite de Hodeida (ouest du Yémen), contrôlé par les Houthis.
Avant cette attaque, les rebelles yéménites en avaient revendiqué une autre dimanche contre le Magic Seas, qui a coulé et dont l’équipage a pu être secouru. Les Houthis avaient diffusé mardi des images vidéo montrant des hommes masqués et armés prendre d’assaut le navire dimanche, sur fond de bruits d’explosions puis ce qui semble être le naufrage du navire.
Le porte-parole militaire des rebelles a mis en garde «les entreprises traitant avec les ports» d’Israël, affirmant que «leurs navires et équipages seront pris pour cible» afin de «contraindre l’ennemi sioniste à lever le blocus contre nos frères à Gaza et à mettre fin à son agression».
«Nous assistons désormais, avec une profonde inquiétude, à une escalade en mer Rouge», a regretté dans un communiqué Hans Grundberg, l’envoyé spécial de l’ONU pour le Yémen. Il a déploré des «pertes civiles, des blessés, ainsi qu’un risque potentiel de dommages environnementaux».
Mardi, les Etats-Unis, alliés d’Israël, ont accusé les Houthis de «porter atteinte à la liberté de navigation en mer Rouge», malgré un accord de cessez-le-feu en mai avec Washington qui a mis fin des semaines de bombardements américains des cibles rebelles au Yémen.
Depuis fin 2023, les Houthis ont principalement attaqué des navires considérés comme liés à Israël, affirmant agir par solidarité avec les Palestiniens de Gaza. Les deux bateaux ont probablement été attaqués «en raison de précédents passages dans des ports israéliens ou de liens entre leurs propriétaires ou gestionnaires et d’autres navires ayant fréquenté Israël», selon le Centre conjoint d’information maritime, géré par une coalition navale occidentale.
Les attaques des rebelles ont contraint de nombreux armateurs à éviter la mer Rouge où transite 12 % du commerce mondial, d’après la Chambre internationale de la marine marchande (ICS).
En mai, les rebelles, qui contrôlent la capitale Sanaa et de larges pans du Yémen en guerre depuis 2014, avaient averti qu’ils continueraient à cibler les navires israéliens ou liés à Israël, malgré la trêve avec les Etats-Unis. L’armée israélienne a dit lundi avoir bombardé des infrastructures des Houthis au Yémen qui ont riposté par des tirs de missiles.