Les ministres de l’Environnement et du climat de l’UE ont été invités à faire tester leur sang pour détecter la présence de PFAS, aussi appelés « polluants éternels ». Il s’agit de substances chimiques nocives, qui peuvent causer des cancers et d’autres maladies graves.

Cette initiative, menée par le ministère danois de l’Environnement et de l’Égalité des genres en partenariat avec le Bureau européen de l’environnement (BEE) et l’organisation à but non lucratif ChemSec, vise à sensibiliser à la crise croissante de la pollution par les PFAS qui affecte les citoyens et l’environnement dans toute l’Europe.

Les ministres qui ont accepté de participer à l’opération verront leurs échantillons de sang analysés pour détecter la présence de 13 substances PFAS, connues pour leur persistance dans l’environnement et leur accumulation dans le corps humain.

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Des mesures impactantes contre la pollution par les PFAS

Magnus Heunicke, ministre danois de l’Environnement, a lancé l’initiative et invité les 32 ministres de l’Environnement et du climat de l’UE, ainsi que les ministres des pays de l’Association européenne de libre-échange (AELE) et de l’Ukraine, à se soumettre à l’analyse sanguine des PFAS.

Magnus Heunicke s’est déjà soumis au test aux côtés de Jessika Roswall, commissaire européenne chargée de l’Environnement, de la résilience de l’eau et d’une économie circulaire compétitive.

« Les PFAS s’accumulent à la fois dans l’environnement et chez l’homme, et une fois qu’ils sont présents, il est très difficile de s’en débarrasser », explique Magnus Heunicke.

« Chez l’homme, nous savons que les PFAS peuvent, entre autres, provoquer des cancers et qu’ils peuvent également affecter les environnements aquatiques et les animaux. »

« C’est pourquoi des mesures doivent être prises dans l’ensemble de l’UE pour prévenir, contenir et nettoyer les PFAS. »

Comment l’UE compte-t-elle s’attaquer à la pollution par les PFAS ?

Le Danemark, ainsi que l’Allemagne, les Pays-Bas, la Norvège et la Suède, ont soumis à la Commission européenne une proposition commune visant à interdire la production, la vente et l’utilisation de la quasi-totalité des PFAS dans le cadre du règlement REACH de l’UE. Cette législation porte sur la production et l’utilisation de substances chimiques et sur leurs effets potentiels sur la santé et l’environnement.

Les comités scientifiques de l’Agence européenne des produits chimiques (ECHA) évaluent actuellement les incidences sanitaires, environnementales et socio-économiques de la proposition, ainsi que la disponibilité d’alternatives plus sûres.

« Personne n’est à l’abri de la pollution chimique, ni les personnes, ni l’environnement. Les producteurs de PFAS connaissent depuis longtemps les risques pour la santé – cancer, problèmes de fertilité, maladies thyroïdiennes et affaiblissement du système immunitaire – et ils continuent de privilégier le profit au détriment des personnes », déclare Patrick ten Brink, secrétaire général du Bureau européen de l’environnement (BEE).

Que sont exactement les PFAS ?

Les PFAS sont un groupe de plus de 10 000 substances chimiques artificielles largement utilisées dans un grand nombre de processus industriels et de produits de tous les jours, tels que les ustensiles de cuisine antiadhésifs, les tissus hydrofuges, les emballages alimentaires et les mousses anti-incendie.

Connus pour leur extrême persistance dans l’environnement et le corps humain, ils sont souvent qualifiés de « produits chimiques éternels ».

Liées au cancer, à l’infertilité, aux maladies thyroïdiennes et à la suppression du système immunitaire, les PFAS sont présents aujourd’hui dans le sang de presque tous les Européens, y compris les enfants, les femmes enceintes et les adolescents.

Les experts estiment que la pollution par les PFAS constitue l’une des plus graves menaces pour la santé publique aujourd’hui.

Le coût caché de l’inaction face à la pollution par les PFAS

Selon le BEE, la dépollution des PFAS pourrait coûter à l’Union européenne jusqu’à 2 000 milliards d’euros au cours des 20 prochaines années. La seule dépollution de l’environnement est estimée à 100 milliards d’euros par an, sans compter les 52 à 84 milliards d’euros de coûts annuels supplémentaires liés à la santé.

À l’instar des industries du tabac et des combustibles fossiles, les principaux producteurs de PFAS connaissent depuis longtemps les graves risques sanitaires et environnementaux associés à leurs produits chimiques, mais ils ont choisi de dissimuler les preuves, affirme le BEE.

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Bien qu’ils contribuent à des coûts sociétaux estimés à 16 000 milliards d’euros par an pour l’assainissement de l’environnement et les soins de santé, les producteurs continuent à faire des bénéfices en ne rendant que très peu de comptes.

« Ces entreprises continuent de faire pression contre la réglementation, d’obscurcir les données scientifiques et d’induire les décideurs en erreur, alors que les communautés européennes sont exposées à des produits chimiques toxiques », explique Patrick ten Brink.

« Le coût de l’inaction est déjà stupéfiant, et il augmente de jour en jour. Nous devons de toute urgence tenir les pollueurs pour responsables et mettre fin à ce cercle vicieux. »

Un porte-parole du BEE a confirmé que les ministres étaient en train d’être testés aujourd’hui.