Arrivée en France en 2019 pour étudier à l’Université de Toulon, où elle a achevé, en 2024, un master Discours, politique et médias, après une licence de Lettres, Nadia Jali a tout de l’étudiante modèle. Résiliente, travailleuse et déterminée, elle n’a pas lésiné sur les efforts pour réussir. « Je ne fais pas ça que pour moi, mais aussi pour mes parents. J’ai fait un emprunt de 8 000 euros, car pour le visa, il faut un garant ou un minimum de 615 euros par mois. J’ai travaillé en restauration rapide, 20h par semaine. Je n’avais pas le temps de rentrer chez moi après les cours, je devais même parfois partir avant la fin », ressasse-t-elle.

Elle n’est pourtant pas sûre de rester dans l’Hexagone. Son titre de séjour “recherche d’emploi et création d’entreprises” court jusqu’à octobre. Pour obtenir une carte de séjour, elle doit créer son entreprise ou trouver un emploi dont la rémunération brute est supérieure à 2 702,70 euros, ou bien trouver un emploi dans un métier en tension. Mais, pour l’instant, rien à l’horizon : « J’ai envoyé de nombreuses candidatures en communication. Je n’ai jamais de réponse. Je suis venue avec plein d’espoirs, de rêves, et je me retrouve dans cette situation », déplore-t-elle.

« Je ne suis pas venue en vacances »

Travailler dans un métier en tension ne l’intéresse pas : elle veut profiter du fruit de son labeur : « Le français n’est pas ma langue maternelle, j’ai dû faire beaucoup d’efforts. J’ai été concentrée sur les études et mon travail étudiant. Je peux compter le nombre de fois où je suis sortie depuis que je suis là. Je trouve ça injuste. » Elle réfléchit donc à créer son entreprise : « Des associations n’ont pas le budget pour un service communication. Ça m’a donné une idée. »

Un ultime recours pour lequel elle est prête à suivre une formation de six mois, afin de se former à l’entrepreneuriat. Une solution imparfaite pour celle qui travaille chez Lidl depuis la fin de son master, pour vivre, mais aussi aider sa famille, et qui devrait encore cumuler les obligations. « J’ai demandé des solutions à la préfecture, ils ne peuvent rien faire. C’est dommage de ne pas pouvoir aider les gens qui font tout pour s’insérer dans la société », regrette Keny Pyneandee, du syndicat Unsa Lidl.

« Je mérite une opportunité, car j’ai tout donné. Je ne suis pas venue en vacances ou avoir des aides, j’ai un objectif clair. Dès que j’ai posé le pied sur le territoire, je me suis dit que j’allais tout faire pour l’atteindre », conclut Nadia Jali, qui n’a pas dit son dernier mot.