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Cédric Nithard

Publié le

10 juil. 2025 à 17h39

Les municipales se préparent à Montpellier non sans déjà provoquer quelques secousses. À gauche, La France Insoumise et les Écologistes ont acté, de part et d’autre, leur stratégie en visant le maire socialiste Michaël Delafosse et sa majorité comptant encore quelques écologistes. Après le ralliement des militants de l’APRÈS 34 à la mobilisation lancé justement par les Écologistes, le secrétaire fédéral du Parti Socialiste de l’Hérault Julien Pradel fustige « la division de la gauche » et défend le bilan de l’équipe municipale. La présidente de la région Occitanie Carole Delga et d’autres socialistes sont également monté au créneau. En attendant le Premier secrétaire Olivier Faure…

Défense du bilan

Au second tour en 2020, Michaël Delafosse l’avait emporté en réunissant au-delà du PS, le PC et le PRG, eux présents dès le début, puis les Écologistes dont certains, comme d’autres de La France Insoumise, avaient commis une alliance de circonstance avec Mohed Altrad. Cinq ans plus tard, à quelques mois de remettre le couvert, les clivages sont toujours aussi marqués, voire se sont accentués du côté des écologistes dont ceux encore dans la majorité semblent désormais isolés au sein du groupe local. Les militants ont donné les pouvoirs à la motion mixte conduite par Jean-Louis Roumégas pour mener une stratégie anti-Delafosse et les discussions pour, d’une part, agréger d’autres forces autour des écologistes et, d’autre part, peser dans celle à venir avec La France Insoumise qui a un plan et des objectifs identiques. À ce jeu, les Écologistes ont enregistré le soutien de l’APRÈS, mouvement né après les exclusions de LFI des députés Clémentine Autain et Alexis Corbières.

Un état des lieux qui ne convient pas à Julien Pradel qui la fait savoir dans un communiqué. « Le Parti socialiste de l’Hérault constate avec regrets les ferments de la division de la gauche à Montpellier, dans les remous des ambitions personnelles de quelques personnalités du passé » observe le secrétaire fédéral en visant plus particulièrement : « Une partie des écologistes, emmenés par Jean-Louis Roumégas, sont donc prêts à toutes les vérités alternatives, en compagnie des purgés de la meute (ndlr : en référence au récent livre sur LFI), pour tenter d’assombrir le bilan de la majorité d’union de la gauche de Montpellier ». Venant en soutien à Michaël Delafosse, il défend : « Une majorité qui a mis en place la gratuité des transports, le soutien scolaire gratuit, public et laïque, l’encadrement des loyers, la mutuelle communale, qui a défendu la laïcité, la culture pour tous, la sécurité et en particulier celle des femmes, l’adaptation climatique et la rénovation des quartiers populaires ».

Le rassemblement de la gauche…

Et si plusieurs dirigeants de la gauche (Clémentine Autain (APRÈS), Olivier Faure (PS), Benjamin Lucas (Génération.s), François Ruffin (Debout !) et Marine Tondelier (Les Verts) accompagnés de Lucie Castets) ont récemment lancé le Front populaire 2027 avec l’idée d’une candidature commune à la présidentielle, le secrétaire fédéral regrette une situation différente à Montpellier. « Ainsi donc, les mêmes qui défendent l’unité pour les échéances de 2027, s’organisent minutieusement pour affaiblir les exécutifs de gauche dans les villes, au bilan connu et reconnu. Ils n’y parviendront pas » prévient-il.

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Et de conclure offensif : « Les socialistes de la métropole de Montpellier, comme ceux du département, ne laisseront pas salir un bilan dans lequel nombre d’électeurs de gauche, progressistes, simples citoyens se reconnaissent contre une radicalité de façade, sans lendemain. Ils continueront à œuvrer en compagnie d’écologistes de la première heure, d’hommes et de femmes de conviction, acteurs d’une gauche plurielle et républicaine ». Comme pour ne pas oublier, parmi les affirmations des Insoumis et des Écologistes, que les Socialistes revendiquent aussi le rassemblement de la gauche.

Un soutien pas très Faure

À la suite, les réactions se sont enchaînés sur les réseaux sociaux. La président de la région Occitanie Carole Delga a fustigé l’alliance Écologistes/APRÉS34 : « Rien d’autre à faire que d’attaquer un maire de gauche, qui est en train de transformer sa ville, la 7e de France, en conciliant social et écologie ? Michaël Delafosse redonne à Montpellier le dynamisme et le rang qu’elle mérite. Il sera en tête et gagnera. La gauche responsable ».

Jean-Louis Roumégas réagit

Jean-Louis Roumégas a semble-t-il peu goûté les attaques de la présidente de la région Occitanie. « Carole Delga s’inquiète pour Mikael Delafosse à l’annonce du lancement du Rassemblement écologiste, social et citoyen présenté par les Écologistes et l’Apres. On est d’abord heureux d’être la cause d’une solidarité retrouvée entre socialistes quand on se rappelle qu’en 2020 Madame Delga a hésité à soutenir Mikael Delafosse lui préférant un temps Mohed Altrad. Mais il est vrai que Madame Delga est experte en union de la gauche elle qui en 2022 a présenté des dissidents face à la NUPES provoquant la défaite de candidats de gauche comme en Ariège » ironise l’Écologiste en spécialiste des alliances avec le Parti Socialiste…

Le député poursuit par ailleurs : « Delga et Delafosse réclament l’union mais ne respectent pas le programme du NFP quand ils soutiennent l’A69 et le COM alors que le NFP s’est prononcé pour un moratoire sur les projets autoroutiers. Menant la stratégie des écologistes anti-Delafosse, Jean-Louis Roumégas juge « En tout cas à Montpellier, qui a accordé 2/3 des suffrages à la gauche, le risque RN ou même de droite n’existe pas » et d’affirmer : « Et notre ambition est justement de construire une nouvelle majorité vraiment de gauche et vraiment écologiste ! ».

Parmi les autres élus de toute la France, le député socialiste de l’Eure Philippe Brun apporte son « soutien plein et entier à Michaël Delafosse qui a fait de Montpellier la plus grande métropole d’Europe assurant la gratuité des transports publics ». Le maire de Rouen, porteur de la motion majoritairement soutenu en Occitanie qui échoua à prendre la tête du PS, Nicolas Mayer-Rossignol souligne : « À Montpellier, Michaël Delafosse est un maire extraordinaire, qui mène des politiques exemplaires sur les transports, la sécurité, la culture, le social… Quand on est de gauche et qu’on a la chance d’avoir un maire de gauche de cette trempe, on ne mégote pas, on le soutient à fond ! ».

Dans la perspective du Front populaire 2027, quelques-uns ne manquent pas également de s’interroger, face à l’alliance entre les Écologistes et l’APRÈS 34, qui eux ont expliqué placer les municipales hors de la démarche d’une union de la gauche pour les présidentielles, quant au silence de Clémentine Autain, Marine Tondellier et bien sûr Olivier Faure. Un Premier secrétaire du Parti Socialiste qui a rarement apporté son soutien à Michaël Delafosse. Face à la situation, partagée à peu de choses près dans d’autres villes, il serait tout de même étonnant que ces responsables politiques détournent les yeux de Montpellier.

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