Le Royaume-Uni et la France ont convenu jeudi d’un plan pilote visant à renvoyer en France certains migrants ayant traversé la Manche à bord de petites embarcations, alors que le gouvernement britannique peine à calmer les critiques selon lesquelles il aurait perdu le contrôle des frontières du pays.
Le premier ministre britannique, Keir Starmer, et le président français, Emmanuel Macron, ont annoncé l’accord jeudi matin à Londres. Bien que le programme initial ne concerne que 50 personnes par semaine, les responsables britanniques estiment qu’il s’agit d’une avancée majeure, car il crée un précédent permettant aux migrants arrivés illégalement au Royaume-Uni d’être renvoyés vers la France.
En vertu de cet accord, le Royaume-Uni renverra en France une partie de ceux qui traversent la Manche à bord de petites embarcations, tout en acceptant un nombre égal de migrants jugés légitimes pour demander l’asile au Royaume-Uni.
M. Starmer avait fait pression en faveur de cet accord dans l’espoir de décourager les gens d’entreprendre cette traversée périlleuse.
«Nous partageons la même volonté de lutter contre les réseaux d’immigration clandestine grâce à une coordination étroite avec les autres pays européens», a indiqué le président Macron.
Les traversées en petites embarcations sont devenues un enjeu politique majeur au Royaume-Uni, alimenté par les images de passeurs entassant des migrants dans des canots pneumatiques surpeuplés et percés d’eau sur les côtes françaises.
Depuis le début de l’année, plus de 21 000 personnes sont arrivées au Royaume-Uni à bord de petites embarcations, soit une augmentation de 56 % par rapport à la même période l’an dernier.
La mesure annoncée jeudi s’inscrit dans le cadre d’efforts plus larges visant à renforcer la coopération avec la France, ainsi qu’avec les pays situés plus en amont sur les routes migratoires en provenance d’Afrique et du Moyen-Orient.
Les responsables britanniques ont fait pression pour que la police française intervienne plus vigoureusement pour arrêter les bateaux une fois qu’ils ont quitté le rivage, et se sont réjouis d’avoir vu des agents lacérer des canots pneumatiques à coups de couteau ces derniers jours.
Emmanuel Macron avait avancé plus tôt cette semaine que lui et M. Starmer viseraient des «résultats tangibles» sur un sujet qui «est un fardeau pour nos deux pays».
Dès 2001, les deux pays discutaient des moyens de stopper le flux de migrants, mais à l’époque, ils se concentraient sur les personnes se cachant dans les trains et les camions entrant au Royaume-Uni par le tunnel sous la Manche.
Au cours des années suivantes, les autorités françaises ont évacué des camps près de Calais où des milliers de migrants se rassemblaient avant de tenter de rejoindre le Royaume-Uni. Le renforcement de la sécurité a fortement réduit le nombre de passagers clandestins de véhicules, mais à partir de 2018 environ, les passeurs ont commencé à proposer aux migrants une nouvelle voie maritime.
La coopération pour arrêter les bateaux a été interrompue après la séparation acrimonieuse du Royaume-Uni de l’Union européenne en 2020, mais ces dernières années, les deux pays ont conclu plusieurs accords prévoyant que le Royaume-Uni finance la France pour renforcer les patrouilles policières et les drones le long des côtes.
Le précédent gouvernement conservateur britannique a présenté en 2022 un plan controversé visant à expulser les demandeurs d’asile arrivant par bateau vers le Rwanda. Les critiques l’ont qualifié d’impraticable et contraire à l’éthique, et M. Starmer l’a abandonné peu après son entrée en fonction en juillet 2024.