Par

Inès Cussac

Publié le

11 juil. 2025 à 6h56

Il n’y a pas que les touristes qui s’offrent des croisières sur la Seine. Les entreprises aussi larguent les amarres pour faire voyager leurs marchandises jusqu’à Paris. Si le transport fluvial connaît une légère baisse depuis une dizaine d’années, sa faible empreinte carbone devrait encourager les réticents à se jeter à l’eau. Sur les bords de la Seine d’Île-de-France, des entrepôts à étages et des espaces logistiques urbains sont à l’étude. Objectif : « Verdir le transport de marchandises » et « optimiser le foncier portuaire ».

Agrandir et rapprocher

Véhicules, matériaux de construction, colis… Comme les camions sur la route, les embarcations sur l’eau acheminent toutes sortes de cargaisons. À une différence près : l’empreinte carbone. Les 18 millions de tonnes de marchandises transportées sur la Seine en 2023 équivalent à quelque 724 000 camions. Elles ont évité l’émission de 221 000 tonnes de CO2, selon l’Atelier parisien d’urbanisme (Apur) dans un rapport publié en avril 2025.

Pour décarboner, il faut donc naviguer. C’est précisément ce que prône Haropa Port depuis 2021. L’établissement public gérant l’ensemble portuaire de Paris, ainsi que du Havre et de Rouen, met tout en œuvre pour que les entreprises comme Franprix ou Ikea puissent acheminer leurs marchandises par la Seine. « Notre objectif est de massifier le transport fluvial des marchandises », enfonce Antoine Berbain, directeur général délégué d’Haropa Port Paris. Si le recours à la voie d’eau est en baisse depuis 2013, Haropa Port prépare le terrain pour accueillir les 30 millions de tonnes de marchandises ambitionnées par Voies Navigables de France (VNF). Et cela passe par la logistique.

Afin d’optimiser les espaces de stockage et de distribution des marchandises, Haropa Port veut augmenter la taille de ses entrepôts et les rapprocher de la capitale. « Les espaces logistiques se sont éloignés au fil des ans », fait remarquer Antoine Berbain qui ambitionne dorénavant de « réinternaliser la logistique » dans les villes.

Levée de boucliers

Les projets XS ou XXL sont donc sur la table. Comme à Gennevilliers (Hauts-de-Seine), avec le giga entrepôt Green Dock qui pourrait sortir de terre à condition que le permis de construire soit accordé d’ici le mois de septembre. Le bâtiment de 647 mètres de long et de 34 mètres de haut devrait accueillir deux étages dédiés au stockage et deux autres pour la distribution. La réalisation du site à 5 km de paris a été confiée à l’investisseur et promoteur Goodman. « Les entrepôts des années 1950 ne répondent plus du tout aux enjeux actuels. On ne se posait pas vraiment la question des espaces verts. Grâce à la verticalité, Greendock rend 1,2 ha de pleine terre », assure Philippe Arfi, directeur général de Goodman France.

Le dessein se heurte toutefois à des oppositions. La hauteur du bâtiment inquiète notamment la mission régionale d’autorité environnementale (MRAE) d’Île-de-France. Dans un avis rendu en avril dernier, elle demande une réduction de la taille de l’édifice, installé juste en face d’un site classé Natura 2000.

Dans un autre genre, en plein cœur de Paris cette fois, Sogaris a été chargé de transformer l’ancien bâtiment des Magasins Généraux. Construit en 1907 et ayant récemment abrité le tiers-lieu Les Amarres, il doit devenir un « hôtel logistique ». Un tiers de la surface du site servira la réception et à la distribution des marchandises. Celles-ci passeront alors du bateau aux vélos cargos. C’est en tout cas ce qu’assure Sogaris qui veut soigner le bilan carbone du transport de marchandises en amont comme en aval.

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