« Des décors pour enfants, en 1933, qui plus est avec des Mickey dessus, c’est tout à fait exceptionnel » s’enthousiasme Étienne de Kergariou. Ce docteur en histoire de l’art sait particulièrement de quoi il parle puisqu’en plus d’être un fin connaisseur, il est aussi le petit-neveu de l’artiste peintre Charles de Kergariou, né à la toute fin du XIXe siècle à Saint-Martin-des-Champs, plus connu sous le nom de Kerga.

Des œuvres sauvées de justesse

Ces décors auraient pu disparaître à tout jamais sans l’intervention de Régis Le Minoux. Grand bien en a pris à cet ancien galeriste parisien d’aller jeter un coup d’œil à l’intérieur de l’ancienne clinique Kerléna à Roscoff, promise à la destruction. « Régis Le Minoux m’a appelé en me demandant de venir immédiatement sur les lieux », se souvient Étienne de Kergariou. Face aux fresques, dont certaines parties sont endommagées après des dizaines d’années passées sous des couches de plâtre, Régis Le Minoux devine immédiatement qu’il s’agit de peintures de Kerga.

Des décors pour enfants, en 1933, qui plus est avec des Mickey dessus, c’est tout à fait exceptionnel

Des Mickey qui interrogent

Une fois sur place, Étienne de Kergariou reconnaît la patte de son aïeul, mais s’étonne de la présence de Mickey sur les toiles. « Ces Mickey apparaissaient bien loin de l’univers de Kerga, mais j’ai rapidement compris qu’il s’agissait bien d’une volonté de sa part », précise son petit-neveu. « Je ne connaissais rien sur Mickey, et il a vite fallu que je me renseigne », ajoute le docteur en histoire de l’art, qui s’aperçoit rapidement qu’il n’existe pas beaucoup de représentations de la petite souris de Disney à cette période-là. Mickey est né en 1928 et apparaît pour la première fois à New York. Ce n’est qu’au début des années 30 qu’il arrive en France. « Je ne serais pas étonné que ce soit Kerga qui ait proposé ce thème au commanditaire Victor Lefranc, le fondateur de la clinique. De ce que je connais de mon grand-oncle, il a toujours eu la réputation d’être un grand enfant ».

Il n’existe pas beaucoup de représentations de la petite souris de Disney dans les années 30.Il n’existe pas beaucoup de représentations de la petite souris de Disney dans les années 30. (Régis Le Minoux)Un appel aux dons pour les restaurer

Actuellement à l’abri dans un atelier à Rennes, les fresques ont déjà bénéficié d’une première phase de restauration. Montant de l’opération : 19 000 €. Reste maintenant à collecter les 66 000 € qui permettront leur rénovation totale. Pour cela, l’association Kerga doit signer une convention avec la fondation du patrimoine ce vendredi 11 juillet à Roscoff. Une fois restaurées, les deux fresques rejoindront les collections du musée des Jacobins à Morlaix.

Si Mickey appartient désormais au domaine public depuis 2024, au grand dam de Disney, Étienne de Kergariou, lui, se réjouit que les Bretons puissent, à travers cette collecte, découvrir et s’approprier l’œuvre de son grand-oncle… ce grand-oncle véritablement découvert il y a seulement sept ans et qui s’apprête à propulser son petit-neveu dans une toute nouvelle vie professionnelle. Étienne de Kergariou quittera bientôt son poste d’officier de la marine marchande pour se consacrer pleinement à la promotion de l’œuvre de Kerga.

À noter

Pour participer à la collecte : www.fondation-patrimoine.org