Alors que les pilotes de Formule 1 jugent les pneus pluie inutiles s’ils ne sont utilisés que derrière la voiture de sécurité, Pirelli continue d’améliorer sa gomme pour la saison prochaine. Le fabricant italien souhaite rapprocher ses performances de celles des pneus intermédiaires. 

Pirelli a récemment réalisé des tests de pneus 2026 sur le circuit Ferrari de Fiorano, en conditions humides. Le fabricant italien a essayé en particulier un pneu pluie qui pourrait être réellement utilisé la saison prochaine, le sortant ainsi des étagères. Charles Leclerc et Zhou Guanyu étaient de la partie. Les pilotes français et chinois  ont tous deux utilisé un « mulet » pour simuler les charges que les voitures de nouvelle génération pourraient exercer.

Trop d’eau évacuée par les pneus pluie 

Avec ces tests, Pirelli souhaite rapprocher les performances des pneus pluie de celles des roues intermédiaires. Ses pneus pluie à flancs bleus peuvent actuellement évacuer jusqu’à 85 litres d’eau par seconde. Une telle quantité d’eau sortant des quatre roues d’une F1 génère d’énormes projections (le fameux « spray »), qui ralentissent les monoplaces. Celles-ci sont ainsi empêchées d’exprimer tout leur potentiel, alors qu’elles ont été conçues pour rouler à pleine vitesse.

De telles situations sont arrivées fréquemment ces dernières années, notamment lors des Grands Prix de Belgique en 2021 et de São Paulo en 2024. Fort des inconvénients, certains pilotes ont choisi de ne pas sacrifier leur position dans le peloton en s’arrêtant pour chausser des pneus pluie. Ils ont préféré rouler au ralenti avec des pneus intermédiaires et attendre l’inévitable interruption plutôt.

Les pneus pluie « inutiles » derrière la voiture de sécurité 

En plus de la vitesse, les pneus pluie posent également un problème de visibilité. L’idée serait donc de s’en servir sous le régime de la voiture de sécurité. Mais des pilotes comme George Russell estiment que ces gommes sont « inutiles » si elles ne sont utilisées que derrière la voiture de sécurité. Pour lever ces préoccupations, la FIA et les écuries travaillent sur des dispositifs qui peuvent réduire les projections d’eau provenant des pneus et du diffuseur. Cependant, les pneus pluie souffrent en outre de la surchauffe et d’une usure en raison du retrait des couvertures chauffantes comme le veut la nouvelle réglementation, pour des besoins écologiques.

Un plan pour réduire le mouvement de la bande de roulement et la surchauffe

Là aussi, Pirelli dit plancher sur un système permettant de réduire le mouvement de la bande de roulement ainsi que la surchauffe. Mais il n’y a pas que les pneus pluie qui sont travaillés. Mario Isola, directeur de Pirelli Motorsport, a annoncé un programme parallèle pour les pneus intermédiaires, qui consiste à utiliser de nouveaux composés. « Notre objectif est de retirer les couvertures pour les intermédiaires, comme nous l’avons fait pour les pneus pluie », a dit le responsable. Selon lui, Pirelli est aussi dans « une situation plutôt favorable » pour « valider une nouvelle solution pour le pneu pluie extrême. ».

Rendre les pneus pluie utilisables dans une situation de course normale

Le constructeur transalpin essaierait notamment de positionner le point de transition [entre les pneus pluie et intermédiaires] à un niveau différent de l’actuel. L’objectif est de rendre les pneus pour conditions extrêmes plus utilisables, pas seulement derrière la voiture de sécurité, mais aussi dans une situation de course normale.

En pratique, il s’agit d’atteindre le « point de transition » idéal, c’est-à-dire le moment où un pneu devient plus performant qu’un autre dans des conditions changeantes. Pirelli n’oublie d’ailleurs pas que le moment où la piste est suffisamment mouillée pour passer des pneus slicks aux pneus intermédiaires correspond à un ralentissement des temps au tour à 112% du rythme sur piste sèche.

Pirelli veut développer un composé « super intermédiaire » ou « intermédiaire plus »

Or la génération précédente de pneus pluie Pirelli ne devenait pour sa part utilisable qu’à partir de 120%. Le nouveau pneu vise un seuil de transition entre les roues intermédiaires et les pneus pluie situé autour de 118% du temps au tour sur piste sèche. C’est proche de l’objectif de 116% fixé par Pirelli mais encore loin de la norme.

« Nous aimerions descendre à 116% ou 115%, quelque chose comme ça », a indiqué Isola. En raison des limitations, le directeur de Pirelli Motorsport avait proposé le développement d’un composé « super intermédiaire » ou « intermédiaire plus ». Ce serait un compromis entre les conditions où la visibilité est trop réduite et une piste sèche.