Premier à effectuer une journée d’immersion, le lieutenant de police Loïc Doublier se souvient s’être brûlé la peau sur les rampes de pompiers : « J’avais passé la première barre avec prudence, et la seconde avec moins de retenue, et ça ne pardonne pas. » Une péripétie évocatrice des spécificités de la fonction. Ce jeudi, c’est au tour du major Pierrat de découvrir l’envers du décor des soldats du feu. Trois interventions, dont une montée sur la grande échelle, ont rythmé cette matinée ‘’tranquille’’ selon les maîtres de stages accompagnateurs, le caporal-chef Garet et le sapeur Raboteau.
Pas d’état d’ivresse publique pour émailler cette première demi-journée : « Dans ces cas, la prise en charge est très souvent partagée. Logiquement, si la personne tient debout, c’est pour la police. Sinon, elle est pour les pompiers mais il y a aussi la question des disponibilités. Est-ce que toutes les équipes sont déjà de sortie ? » rappelait le major Pierrat. Ces cas particuliers se classent parmi les « patates chaudes » pour les deux services.
Qu’ils soient de secours ou du maintien de l’ordre, ces agents de l’Etat agissent donc en étroite collaboration. Cette immersion d’une journée est l’occasion, en plus de créer des souvenirs, de nouer des liens entre les deux services : « Comme partout, le quiproquo existe dans les bureaux, en réunion. Forcément, il peut exister sur le terrain. Plutôt qu’une parole descendante, on a préféré mettre en place des journées d’immersion. Ce n’est peut-être qu’une goutte d’eau mais on mise sur le bouche à oreille, après cette expérience, pour renforcer les échanges et la compréhension mutuelle », expliquait le directeur interdépartemental de la Police nationale, Frédéric Laiss y, sous le regard approbateur du responsable du Service départemental d’incendie et de secours, Jean-Philippe Gueugneau.
Priorité à police secours et aux chefs d’agrès
Tous deux viennent de signer une convention sur ces échanges pour une durée de deux à trois ans. Tous les jeudis, un élément sera ainsi échangé pour la journée entre la caserne de pompiers des Deux-Rives et l’hôtel de police du boulevard Lobau. Une journée d’immersion, dans un premier temps destinée aux chefs d’agrès (conducteurs) des 80 pompiers rattachés à la caserne et aux 130 agents du département police secours : « Dans le temps, on peut envisager que d’autres casernes intègrent la convention ou que les opérateurs du ‘’18’’ et ‘’17’’ échangent aussi à leur tour », prévoit Jean-Philippe Gueugnau.
Les retours d’expérience des premiers stagiaires étaient semblables : sous l’habit de pompier, le sauveur, sous celui de la police, la répression. À mi-journée, Paul, chef ambulance au SDIS, pointait d’autres distinctions : « Nos rapports d’intervention durent trente minutes, se font en digital, sur tablette. En police, c’est beaucoup plus lourd avec un retour au poste pour un PV, une main courante, le protocole de garde à vue. » L’envers du décor.