Chaque semaine, Midi Olympique vous propose de plonger dans les coulisses d’un transfert qui aura marqué l’histoire du Top 14. Cette semaine, retour sur l’arrivée de Fabien Galthié au Stade français Paris à l’été 2001. Alors capitaine de l’équipe de France, le demi de mêlée se lançait un dernier défi après avoir fait toute sa carrière à Colomiers.

L’information est révélée le 24 juin 2001. Fabien Galthié, demi de mêlée emblématique de Colomiers, s’est engagé avec le Stade français Paris pour la saison suivante. C’est un coup de tonnerre car l’actuel sélectionneur du XV de France n’avait connu qu’un seul club (mis à part un passage de quelques mois à la Western Province en Afrique du Sud pour disputer la Currie Cup à l’été 1995), depuis l’école de rugby jusqu’à l’équipe professionnelle, où il avait notamment disputé une finale de Coupe d’Europe en 1999 avant de voir son équipe atteindre la finale du championnat de France la saison suivante. Malheureusement, Fabien Galthié, blessé, ne peut pas y participer, assistant depuis les tribunes à la défaite de Colomiers face… au Stade français. « La finale la plus difficile que l’on ait eue à jouer », se souvient Max Guazzini, alors président du club parisien : « On gagne sur une dernière mêlée. Fabien, blessé, pleurait dans les tribunes. »

Cet événement est certainement le point de départ de la suite entre deux hommes qui se connaissent depuis des années. « Je connaissais Fabien avant même de devenir dirigeant d’un club de rugby. À l’époque où j’étais dirigeant de la radio NRJ, j’avais eu l’idée de créer des modules rugby tous les lundis dans les villes où il y avait des clubs importants. Un joueur de chaque équipe faisait alors un compte rendu du week-end. C’était donc Fabien Galthié pour Colomiers, mais nous avions Philippe Saint-André à Clermont, Fabrice Landreau à Grenoble, Patrice Lagisquet à Bayonne, etc. Notre amitié est née dès ce moment-là. En 1993, je suis élu président du Stade français sans vraiment m’y attendre. Deux personnes m’ont alors aidé à recruter : Fabien Galthié et Fabrice Landreau. Nous étions en Fédérale 2, soit la quatrième division, et je ne pouvais pas imaginer un jour qu’il jouerait chez nous. » C’était sans compter sur la folle ascension du club parisien, vainqueur du Bouclier de Brennus dès son retour en première division en 1998, porté par son président appelé à devenir un personnage central du rugby français tant il a bousculé les us et coutumes d’un sport qui avait besoin de renouveau pour embrasser véritablement le professionnalisme.

Je comprends que c’est très difficile pour lui de quitter Colomiers

Quelques mois après la finale remportée par le Stade Français face à Colomiers, Max Guazzini, en quête d’un nouveau demi de mêlée, va sonder Fabien Galthié alors capitaine de l’équipe de France. « Je vais le voir dans sa chambre de l’hôtel Concorde Saint-Lazare où séjournaient alors les Bleus quand ils étaient sur Paris. Fabien n’arrêtait pas de boire de l’eau et d’aller aux toilettes. C’était incroyable : une véritable fontaine (rires). Je comprends que c’est très difficile pour lui de quitter Colomiers. Il était vraiment columérin, c’était ancré en lui, mais je lui ai demandé de nous rejoindre. Il fallait oser car si on ne le fait pas, rien ne se passe dans la vie. Surtout, Fabien, c’est quelqu’un qui veut gagner. Il avait eu un parcours magnifique à Colomiers mais il venait de perdre une finale de Coupe d’Europe et il sentait certainement qu’il venait de rater le coche pour le Brennus. Il a senti qu’il avait une opportunité d’être champion de France avant de prendre sa retraite, puisque nous avions remporté deux titres en 1998 et 2000. Il ne s’est pas trompé. »

Le contrat est signé alors que Fabien Galthié se trouve en Afrique du Sud avec l’équipe de France. Le capitaine des Bleus confirme l’information de sa signature au Stade français le 25 juin lors d’une escale à Singapour, puisque le XV de France se rend en Nouvelle-Zélande après deux tests face aux Springboks. « Nous n’avons pas parlé d’argent avec Fabien. Il n’avait même pas d’agent. C’est Pascal Forni (agent de joueur) qui est allé en Afrique du Sud pour le faire signer mais il n’a jamais touché un centime sur le contrat de Fabien. Il y est allé pour me rendre service. Malgré les mauvaises langues de l’époque, nous n’avions pas des tarifs élevés au Stade français. Mais les joueurs étaient enthousiastes par l’idée de rejoindre ce club avec cette histoire, cette folie mais aussi cette discipline. D’ailleurs, une fois je me retrouve dans les locaux de la section omnisports avec Fabien. Il me dit : « Tu as confiance en moi, je suis sûr que tu ne me prolongerais pas tout de suite ». Je l’ai prolongé tout de suite au même prix sans l’augmenter. À l’époque, il n’y avait pas des salaires monstrueux au Stade français. Il faut être lucide. Deux clubs ne faisaient jamais de surenchère : Toulouse et le Stade français. On faisait une proposition et si ça n’allait pas tant pis. C’était comme ça. »

Ainsi, Fabien Galthié débarque à l’été 2001 dans la capitale avec un contrat de deux ans, après « des négociations serrées entre Max Guazzini et Michel Bendichou (président de Colomiers) », relate Midi Olympique. Un versement de 400 000 francs est alors demandé pour libérer le capitaine de l’équipe de France. « Afin d’éviter toute polémique inutile, le joueur décide de payer lui-même cette somme pour acheter sa liberté », peut-on lire alors dans Midi Olympique. Soulever le Bouclier de Brennus en 2003 pour le dernier match de sa carrière en club en tant que joueur n’avait pas de prix pour l’actuel sélectionneur du XV de France.