Il n’y avait pas de tomates mais des fraises de Plougastel pour accueillir les officiels et les invités. Si on vous parle des petites sucreries servies ce vendredi matin pour la pose de la première pierre de l’usine Safran près de Rennes, c’est parce que l’accueil n’a pas toujours été aussi cordial. Le 14 avril, alors qu’il était entendu par une commission d’enquête parlementaire, Olivier Andriès directeur général du groupe industriel, avait ainsi indiqué avoir été accueilli « par des jets de tomates » par les élus écologistes rennais début 2024 alors que les négociations avec la maire socialiste Nathalie Appéré « s’étaient très bien passées » selon lui.

Très remonté, le patron du CAC40 avait ajouté qu’il n’était plus question pour son groupe aujourd’hui « d’investir en France dans une ville qui est détenue par une majorité écologiste. » Mais de jets de tomates, il n’y avait point eu, les élus écologistes, fâchés avec l’avion, étant seulement verts de voir un géant de l’aéronautique s’installer sur un site dédié aux mobilités décarbonées.

Une fonderie et une usine de réparation

Trois mois plus tard, la polémique semble close et tout le monde ravi d’accueillir Safran. « C’est un moment qui fera date dans l’histoire économique rennaise », estime Nathalie Appéré, rappelant qu’il s’agit là de « la plus grosse implantation industrielle depuis vingt-cinq ans dans la métropole. » Alors que l’usine doit commencer à produire en 2027, 500 emplois sont prévus à terme sur le site Stellantis de La Janais, en pleine reconversion industrielle.

Deuxième équipementier aéronautique mondial, Safran, via sa filiale Safran Aircraft Engines, y implantera une fonderie pour produire les aubes de turbines pour les moteurs d’avions civils et militaires. « Le site historique de Gennevilliers est saturé et il nous faut monter en cadence pour renforcer les chaînes d’approvisionnement du moteur Leap et du moteur militaire M88 qui équipe notamment le Mirage et le Rafale », souligne Stéphane Cueille, PDG de Safran Aircraft Engines.

« On doit croire en notre industrie »

Une usine de réparation pour l’aéronautique civile se greffera ensuite sur le site qui devrait tourner à pleine capacité à horizon 2023-2032. « Il n’y avait que la partie production au départ dans le projet donc cela prouve bien notre confiance dans ce territoire », ajoute Stéphane Cueille, ne souhaitant pas remettre une pièce dans la machine. Comme tous les élus d’ailleurs, chacun y allant de sa déclaration d’amour pour ce fleuron industriel français.

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« On doit croire en notre industrie car c’est la condition de notre liberté et de notre démocratie », assure le président de région Loïg Chesnais-Girard, avant de souhaiter « la bienvenue aux amis de Safran. » Nathalie Appéré voit dans cette implantation « une marque de confiance et de reconnaissance pour le dynamisme économique rennais. » Mais plus encore, « Safran a fait le choix de notre qualité de vie, de notre capacité d’innovation et de l’excellence de notre recherche et de notre formation. » N’en déplaise aux écologistes, l’histoire d’amour entre Safran et Rennes semble bien démarrer.