Au lendemain d’une réunion avec les autres formations potentiellement partenaires d’une union mardi qualifiée de « dernière chance » mais « passée », la décision de présenter une liste menée par un représentant LFI – tout restant ouverte à l’intégration d’alliés – est acquise, déclare le parti. Ce qui confirme la teneur d’un communiqué publié lundi dernier. Les discussions ne sont pas rompues et c’est normal que cela prenne du temps, rétorquent de leur côté EELV et le PS. Pendant ce temps, l’association Sainté Populaire a tenu une assemblée se terminant par une consultation de ses membres sur l’attitude à suivre en cas de désunion…
Nicolas Preux et Valentine Mercier, co chefs de file de LFI lors de leur présentation en mai à Saint-Etienne. ©If Saint-Etienne / Xavier Alix
Ça fissure déjà à droite pendant qu’à gauche, le ciment n’a toujours pas pris. Dans le premier cas, Eric Le Jaouën, pour Horizons, semble déjà se désolidariser de l’union de sept partis de droite et du centre censée être actée il y a un mois et demi, à coup de communiqués isolés et de désaccord exprimé quant à la sollicitation de Maurice Vincent et les socio-démocrates à les rejoindre (pourtant clairement annoncée en sa présence en mai ; l’ex maire a refusé). Dans le second cas, les discussions d’union – croisant à la fois éléments de programme mais davantage et de plus en plus la désignation de la tête de liste commune ainsi que sa composition – entre PC, PS, EELV, l’association Sainté Populaire et LFI « patinent ». Et n’ont donc que trop patiné, estiment les représentants du dernier parti cité.
« Il y a plusieurs semaines déjà, le PS annonçait son candidat tête de liste dans la presse avant même de l’évoquer dans le cadre unitaire, pointait LFI dans un communiqué publié lundi. Or, cette organisation s’étant gravement discréditée auprès des électeurs-ices par ses choix politiques, nous refusons qu’elle incarne la tête d’une liste d’union, sans pour autant l’exclure de toute négociation. Dans ces conditions, leur représentante a alors déclaré quitter la table unitaire. Les Écologistes, quant à eux, manifestent de l’inconstance au gré des discussions, retardant toute avancée concrète. Cependant, aucune organisation présente ne s’oppose à une tête de liste LFI. C’est une excellente nouvelle puisque les forces de gauche à Saint-Étienne ont la lourde responsabilité de faire advenir en mars 2026 un nouvel exécutif d’union populaire qui réponde à l’urgence sociale, démocratique et environnementale. »
« Aucune chance pour que cela bouge »
Pour les Insoumis stéphanois, « cela exige de lutter contre l’abstention, de mobiliser la jeunesse, d’impliquer les classes populaires et de construire une liste représentative de toute la population stéphanoise (…). C’est un travail de longue haleine et c’est pourquoi nous lancerons notre campagne officielle dès septembre. D’ici là, la ou le candidat-e soutenu-e par notre mouvement pour la fonction de maire aura été désigné-e. » Contactée mercredi, deux jours après ce communiqué, au lendemain d’une nouvelle réunion entre les cinq potentiels partenaires, Valentine Mercier, co cheffe de file des Insoumis pour les Municipales à Saint-Etienne, estimait que les discussions avaient assez duré et que ce qui était une « dernière chance », la veille de s’entendre, était passée malgré la tenue d’une dernière réunion estivale d’ici la fin du mois. « Encore des heures hier pour ne pas aborder franchement le sujet, tourner autour du pot et trancher… La campagne doit démarrer en septembre et pas plus tard afin d’aller chercher cet électorat favorable qui ne se mobilise pas habituellement. »
La « Ligne rouge » est inamovible : pas de tête de liste PS. « Nos récents résultats électoraux sur Saint-Etienne parlent pour nous, alors nous n’attendrons pas décembre comme veut faire EELV dont le discours a eu tendance à s’aligner sur celui du PS. » Catégorique donc – « aucune chance pour que cela bouge » – même si la porte reste encore ouverte à l’intégration d’alliés. « Nous comprenons cette impatience et elle est normale d’autant que le contexte est celui d’une très grande partie de la population qui veut changer de maire, tempère Julie Tokhi d’EELV Saint-Etienne, contactée par If. Mais ce n’est pas indépassable et pour nous. Il reste du temps. Nous avons échangé dernièrement entre nous tous pour déterminer des critères les plus objectifs possibles pour désigner une tête de liste. C’est une démarche plus constructive, nous pensons, que de désigner une ligne rouge absolue et n’avons pas changé de discours puisque nous le disons depuis le début. Alors poursuivons. Nous n’avons pas parlé de décembre pour démarrer car une campagne commune peut très bien démarrer à la rentrée sans tête de liste. »
« Ce n’est pas notre état d’esprit »
Côté socialiste, Isabelle Dumestre déclare à IF que « LFI doit veiller à ne pas se tromper d’adversaire : la droite qui ne peut que profiter de cet affichage. Non, je n’ai jamais quitté la table des négociations, et non, Régis Juanico, en tant que « premier des socialistes » n’est pas à considérer comme imposé aux autres en tant que tête de liste sans conditions de notre part. Ce n’est pas notre état d’esprit. Un jeu de pression ? Il semble que ce communiqué en début de semaine est là pour accélérer le fait d’acter une désunion. Mais, collectivement, c’est très loin d’être le cas. L’argument du poids électoral, nous pouvons l’avancer aussi. L’élection de Pierrick Courbon aux législatives montre bien que le PS stéphanois n’est pas un épouvantail. Nous avons d’ailleurs continué à discuter malgré le refus de primaires de la part de nos partenaires qui dans leurs arguments nous disaient « non, parce que vous allez les gagner » ! Quant au fait que ce ne va pas assez vite… Si c’est le souci, pourquoi LFI attend septembre pour Saint-Chamond où l’union est déjà faite entre l’ensemble des autres formations ? »
Du côté du PC, il semble que l’enjeu de la tête de liste ne soit pas une problématique à condition d’exister dans cette union et avec la même ligne tenue depuis le début : qu’aucun parti n’écrase, ne domine sans partage cette alliance. Reste, enfin, l’association Sainté Populaire qui compte d’ailleurs – mais entre autres – des militants, sinon sympathisants des quatre partis. Au lendemain de la dernière ICE (Instance consultative extérieure) en date entre les quatre formations mardi, elle tenait une assemblée populaire. Son objet n’était pas uniquement les négociations avec les partis sur une tête de liste et sa composition, tient à préciser une de ses porte-paroles Fanny Vincent : « Les trois quarts de l’assemblée étaient à nouveau consacrés au programme, à affiner nos priorités, le type d’élus que nous souhaitons et leur capacité à promouvoir une réelle démocratie locale. » Il y a cependant eu un vote sur quatre questions en fin de séance autour des négociations actuellement menées.
Sainté Populaire « plutôt » favorable à LFI mais…
73 voix exprimées sur quatre questions indiquant, déjà, pour la première, la volonté claire de continuer à exister fermement hors des appareils politiques. Mais volonté plus partagée sur l’idée d’une « liste autonome » « en cas d’éclatement du NFP » : 36 voix plutôt ou tout à fait pour, contre 29 à l’opposée (8 indécis). Plus net : 66 voix favorables contre 3 (4 indécis) pour s’associer, toujours en cas de désunion actée, avec au moins un des partis en question. Enfin, via un système de 4 points par votant à repartir entre ces quatre derniers, une quatrième question demandait avec qui s’associer en cas de présence de plusieurs listes de gauche. LFI en sort largement vainqueur avec 134 points, 62 pour les écologistes, 46 pour le PC, 16 pour le PS. Déduction exprimée par Fanny Vincent : « Le PS suscite donc une certaine défiance déjà perçue depuis le début de nos débats mais là, du coup officialisée par vote. »
En revanche, « malgré l’avance de LFI, EELV et le PC ne font pas pour autant l’objet d’un rejet, loin de là. Quoi qu’il en soit, notre démarche restera pleine et indépendante de tout parti, LFI ou autres. Cet enlisement, nous le constatons aussi autour de la détermination d’une tête liste dans le cadre de l’ICE. Nous sommes plutôt d’accord pour dire qu’il faut démarrer la campagne à la rentrée. Ce que nous allons proposer d’ici là aux partis du coup, c’est de désigner une tête de liste non encartée. Ce qui ne veut pas dire forcément membre de Sainté Populaire mais « citoyenne ». Nous entendons par là, non encartée qui n’est pas « professionnelle » de la politique avec le parcours type d’attaché puis enchaînant les mandats. » Et après ? Si cette proposition n’aboutit pas non plus ? « Nous ne pouvons rien annoncer en avance parce que ce n’est pas déterminé à l’avance. Il y aura, comme toujours, une consultation vis-à-vis de la situation constatée à la rentrée, voilà tout. »