Par
Amandine Mehl
Publié le
11 juil. 2025 à 17h34
À trois reprises cette année, la préfecture de Meurthe-et-Moselle ainsi que la Ville de Nancy ont rencontré les représentants des commerçants au sujet de la sécurité et de la délinquance en centre-ville.
À l’issue de ces échanges, plusieurs mesures visant à lutter contre les nuisances qui pourrissent la vie des habitants comme des commerçants ont été prises et présentées à la presse.
Accélérer les fermetures administratives d’établissements à Nancy
Au sein du plan d’action départemental de restauration de la sécurité au quotidien, nouvelle arme pour lutter contre la criminalité pour la préfecture, « tout un chapitre est dédié à la restauration de la sécurité en centre-ville », a entamé la préfète, Françoise Souliman.
J’ai demandé à ce que l’on fasse des fermetures administratives d’établissements. La police municipale et la police nationale font remonter les contrôles et lorsque des infractions sont commises, je n’hésite pas à fermer ces établissements. Cela va aussi s’accélérer, car j’ai demandé à ce qu’il y ait une accélération de ces fermetures. On compte 5 fermetures administratives à l’échelle de Nancy.
Françoise Souliman
Préfète de Meurthe-et-Moselle
En ce sens, décision a été prise d’augmenter le nombre de patrouilles effectuées par la police nationale, les contrôles, les amendes forfaitaires délictuelles et de quadriller les secteurs les plus sensibles. Bilan provisoire : « Un chiffre plutôt positif, même si, encore une fois, c’est le début du travail, puisque l’on observe une légère baisse des faits de 1,82 % par rapport aux cinq premiers mois de l’année 2024 », note Mme Souliman.
Rappel à l’ordre pour les parents et mesures pour les livreurs à vélo
« Autour des vacances de février, nous avons été témoins de regroupements successifs de jeunes, très souvent des mineurs âgés de 12 à 16 ans, qui avaient pris pour habitude de se lancer dans des courses-poursuites au sein du centre commercial Saint Sébastien et de semer le bazar dans les fast-foods autour de la place Charles III », a quant à lui rappelé Mathieu Klein.
Vidéos : en ce moment sur Actu
Face à ces incivilités, le maire de Nancy a pris la décision en mars dernier de convoquer les parents des concernés pour un rappel à l’ordre. Depuis la mise en place de cette mesure, 32 adolescents ont été reçus avec leur famille. « Dans l’écrasante majorité, il s’agit de jeunes inconnus de la police, qui ont pris de mauvaises habitudes ou se sont trouvés là au mauvais endroit et au mauvais moment », a affirmé le premier magistrat de la cité ducale avant d’ajouter que la mesure allait être pérennisée.
Toujours place Charles III, pour limiter les attroupements de livreurs à vélo, « qui faisaient aussi partie de la problématique », leur stationnement a été interdit. Les bancs installés dans le cadre du budget participatif ont par ailleurs été déplacés. « Cette batterie de mesures a porté ses fruits. Tout n’est pas réglé, mais la question du regroupement des jeunes s’est améliorée », a assuré Mathieu Klein.
Les arceaux destinés aux vélos et les assises retirés rue du Docteur-Schmitt
Autre préoccupation pour la Ville et la préfecture : les trafics en tous genres, notamment rues du Docteur-Schmitt et Saint-Nicolas. Outre un renforcement significatif des contrôles effectués par les polices nationale et municipale, la mairie a décidé de retirer les arceaux destinés aux vélos ainsi que les dernières assises rue du Docteur-Schmitt pour limiter les regroupements. « Là encore, on a des résultats positifs puisque les regroupements ne s’opèrent plus à cet endroit », s’est réjoui l’élu.
Pourtant, un simple passage dans le secteur, à l’issue de la conférence de presse, a permis de constater qu’il y a toujours des regroupements, mais que les concernés restent maintenant debout.
Des travaux pour sécuriser l’accès du parking Saint-Dizier
Dans une logique similaire, la Ville a sollicité Indigo pour effectuer des travaux pour sécuriser l’accès du parking Saint-Dizier. Des échanges sont également en cours concernant un parking privé, insuffisamment sécurisé, afin que des modifications soient opérées et qu’il cesse d’être un lieu de regroupement.
J’ai parfaitement conscience que pour les commerçants comme les riverains, les trafics pourrissent la vie du quotidien. Cela génère un sentiment de frustration, de colère et d’exaspération qui n’est pas propre, ni à ce quartier, ni à Nancy, mais qui appelle à des réponses fermes et graduées. L’objectif étant qu’ils vivent tranquillement.
Mathieu Klein
Maire de Nancy
En lien avec la préfecture cette fois, la surveillance a été renforcée grâce à l’ajout d’un nouveau bras à la caméra située dans le secteur. Mathieu Klein a aussi mentionné une rencontre prochaine avec un collectif de riverains qui l’a interpellé au sujet « de la persistance des trafics à ciel ouvert et pas seulement de stupéfiants ».
Une halte alcool avant une halte soins addictions
La question de l’errance a aussi été abordée. « C’est un sujet important en termes de troubles à l’ordre public, que ce soit en matière d’accès à certains commerces et immeubles, de consommations diverses et de comportements inadaptés », a souligné le maire.
S’il est convaincu qu’il faut une réponse sécuritaire et pénale pour traiter ce sujet, il a martelé l’importance de la réponse sociale. Comme cela avait été annoncé, un dossier d’agrément en vue de la création d’une halte soins addictions a été déposé à l’Agence régionale de santé Grand Est. Toutefois, en guide de « préambule », une halte alcool, avec une permanence médicale destinée aux personnes sujettes à l’alcool, va être mise en place au 32 rue Sainte-Anne.
Acheter de l’alcool après 17h devient impossible dans le secteur de la place des Vosges
Les problématiques en lien avec la consommation excessive d’alcool ont d’ailleurs refait surface dernièrement avec des regroupements, place des Vosges, de personnes en situation d’errance et alcoolisées. En raison des nuisances générées, les nouveaux bancs installés sur le site ont été retirés, la police municipale effectue des patrouilles quotidiennes entre 18h et 21h, créneau qui semble être le plus critique, et des médiateurs ont été déployés.
En parallèle, des arrêtés préfectoraux et municipaux ont été pris. Acheter de l’alcool après 17h est désormais impossible dans le secteur. Tout comme il est interdit de boire de l’alcool sur le domaine public, et ce, peu importe l’heure.
Une expérimentation pour limiter la vente de bières fortes à l’unité
Plus largement, des commerçants volontaires, une quinzaine au total, ont participé à un groupe de travail avec la Ville en vue d’une expérimentation de six mois qui débutera le 15 juillet. Ils s’engagent en effet à ne plus vendre de bières à l’unité de 6 degrés et plus, affichées à 3 euros et moins et délivrées dans des contenants de 25 à 50 cl.
Si le maire avoue préférer cette méthode constructive, il se veut aussi très clair et n’hésitera pas à aller plus loin si des épisodes comme ceux survenus place des Vosges venaient à se reproduire.
Je ne peux pas obliger les commerçants qui ne le souhaitent pas à retirer ces produits. Toutefois, si dans certains quartiers, nous constatons qu’il n’y a pas de commerçants volontaires, et que la situation le nécessite, nous avons convenu avec la préfète de prendre des arrêtés du type de celui de la place des Vosges pour une efficacité plus importante. En sachant que la démarche volontaire, c’est un type de produit, l’arrêté, par contre, concernera tout l’alcool.
Mathieu Klein
Maire de Nancy
Extension de l’amende forfaitaire délictuelle aux vols à l’étalage
S’agissant des délits du quotidien qui touchent les commerçants, Mathieu Klein a sollicité le procureur de la République de Nancy pour étendre l’amende forfaitaire délictuelle aux vols à l’étalage. Ainsi, depuis le mois de mars, ce procédé « pratique et rapide et qui évite une réponse pénale souvent en décalage avec le fait délictueux qui est constaté » est en place.
S’il « a déjà rencontré un grand succès », d’après les propos du procureur rapportés par le maire, il reste limité. « L’amende est de 300 euros maximum. Le procès-verbal ne peut pas être dressé s’il s’agit d’un vol de denrées périssables, si l’individu est mineur ou n’est pas en capacité de comprendre ce qu’on lui dit », rapporte Maurice Alibert, directeur interdépartemental adjoint de la police nationale. La question de la nationalité du mis en cause rentre également en jeu. De plus, la personne doit donner son accord pour restituer la marchandise volée.
Suivez toute l’actualité de vos villes et médias favoris en vous inscrivant à Mon Actu.